SAVE FOOD: Initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires

La feuille de route mondiale en cours de préparation pour réduire les pertes alimentaires après récolte après le succès du Congrès de Rome

02 Nov 2015

L’organisation du Premier Congrès international sur les pertes après récolte a été un véritable succès. L’évènement, organisé par l’Institut ADM sur la réduction des perte après récolte (Université de l’Illinois, Urbana Champaign) en collaboration avec la Fondation Rockefeller et Save FOOD, a réuni à Rome plus de 300 professionnels du secteur agricole, provenant de 62 pays du monde, pour débattre de la réduction des pertes après récolte. Au centre des discussions qui se sont déroulées du 4 au 7 Octobre, il y a eu l’importance de saisir le moment présent caractérisé par un grand enthousiasme et intérêt pour réduire au niveau mondial les pertes après récolte.

En soulignant le rôle joué par la réduction des pertes après récolte pour contribuer à combler le fossé entre la demande et l’offre, atténuer la pauvreté et réduire l’impact des changements climatiques, les participants ont fourni des solutions à des questions nationales, régionales et globales concernant les pertes après récolte et ils ont également partagé des études organisationnelles et des recherches académiques pendant plusieurs séances plénières et en groupe.

Bob Easter, Président émérite de l’Université de l’Illinois, Urbana Champaign, a mis l’accent sur l’importance d’intégrer dans l’agenda du Congrès une feuille de route visant à la réduction des pertes alimentaires, en l’appelant « chaînon manquant » des efforts globaux. Easter a affirmé que les travaux du Congrès vont préparer le terrain pour le développement d’une liste succincte de buts à atteindre, susceptible d’orienter les différents acteurs sur le chemin de la réduction des pertes après récolte au niveau mondial.

Les participants ont souligné qu’il convient de développer une chaîne du froid qui respecte l’environnement, notamment dans les pays en développement. Le chef de Dearman, Toby Peters, a plaidé pour la création d’une « chaîne du froid en mouvement », à savoir, il a affirmé le besoin de s’appuyer sur des véhicules de réfrigération à même de transporter les produits agricoles sur des longues distances, en toute sécurité. L’entreprise de M. Peters fournit des technologies d’énergie et de réfrigération « propres ».

Outre le manque de chaînes du froid performantes, les participants se sont penchés sur une autre question pendante, à savoir l’importance de développer une chaîne de séchage appropriée. Le Secrétaire permanent auprès du Ministère de l’Agriculture, Innocent Musabyimana, et d’autres collègues, ont affirmé que les technologies utilisées pour le séchage des aliments ne sont pas adéquates, et cela représente un problème aussi important que le développement de la chaîne du froid.  

Andrian van der Knaap, chef de la logistique et du transport du Programme alimentaire mondial, a emphatisé le besoin croissant d’augmenter les financements pour réduire les pertes après récolte dans les pays en développement. Il a mentionné une étude du PAM sur les mécanismes de financement pour réduire les pertes après récolte, selon laquelle seulement 5 pourcent des fonds consacrés à l’agriculture ont été utilisés pour la prévention des dommages après récolte dans les 30 dernières années, dont la vaste majorité (95 pourcent) ont été investis pour augmenter la production alimentaire. D’après le chef de la logistique et du transport, il convient d’accorder une importance prioritaire à l’amélioration des pratiques de gestion et stockage au niveau de l’exploitation. Il a soutenu qu’il faut reconsidérer l’importance du rôle des silos, qui, à son avis, devraient être une sorte de « comptes de dépôt » pour les petits exploitants.

En outre, van der Knaap a affirmé que les solutions de stockage étanches à l’air qui soient gérées au niveau local, présentent des grandes potentialités pour atténuer considérablement  la pauvreté et il a remarqué que, là où ces technologies existent, elles ne sont pas pour autant employées à grande échelle, ni optimisées dans leur utilisation au niveau local.

Plusieurs présentations par des spécialistes de l’Uruguay, Madagascar, Maurice et Tanzanie ont illustré les pertes après récolte dans le secteur de la pêche. Ces experts ont parlé des analyses et des interventions pour limiter les pertes dans ce secteur. M. Yahya Ibrahim Mgawe de NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement africain) a mis l’accent sur l’expansion très importante de l’aquaculture en Afrique, ainsi que sur les vastes pertes qui en découlent.

La présentation de M. Mgawe sur les évaluations à niveau quantitatif et exploratoire des pertes de poissons en Afrique a abouti à la conclusion selon laquelle les pertes, en termes de qualité, seraient 70% du total des pertes de poissons sur le continent, alors que les pertes physiques ne constitueraient que 5%, à savoir un chiffre relativement petit. Cela a fait ressortir l’importance de la formation des différents acteurs impliqués dans les chaînes de valeur de la pêche. Mgwae a dit que grâce au soutien de la FAO, son bureau a pu créer du matériel pédagogique concernant la prévention de pertes dans le secteur de la pêche.

Les participants ont mis également l’accent sur la marginalisation des légumes et d’autres aliments traditionnels et autochtones dans l’évaluation des pertes après récolte, et ils ont ainsi souligné l’importance d’évaluer les défis associés à des cultures spécifiques faisant partie de la production traditionnel d’un peuple, y compris leurs pertes et des possibles actions à prendre pour les éviter.

Tout en mettant l’accent sur les synergies entre la question du genre et la réduction des pertes alimentaires, Etharin Cousin, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, a souligné l’importance de l’autonomisation des femmes dans l’agriculture, ainsi que les bénéfices accrus qui découleraient de leur participation plus équitable. « Les marchés alimentaires ne fonctionnent pas bien lorsque les femmes et leurs besoins sont ignorés. Dans certains cas, les femmes représentent 80% de la main d’œuvre agricole » elle a affirmé. Ces mêmes sentiments ont également été partagés par Mme Judith Rodin, présidente de la Fondation Rockefeller. Rodin a en outre mis en lumière le rôle que la réduction des pertes après récolte pourrait jouer pour atténuer les changements climatiques et elle a réitéré l’engagement de la Fondation dans un programme soutenu visant à la réduction des pertes après récolte.

Pendant la dernière journée du Congrès, les participants ont été divisés en groupes représentant les différents domaines de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et ils ont été chargés de faire des remue-méninges concernant la réduction des pertes après récolte. L’on a assisté à un grand échange d’idées qui vont contribuer au développement d’une feuille de route pour la réduction des pertes après récolte, soutenue par l’Institut ADM, l’Initiative SAVE FOOD ainsi que la Fondation Rockefeller, entre autres. La date de publication de la Feuille de route globale pour la prévention des pertes après récolte va être bientôt décidée et annoncée au cours du mois de Décembre 2015.