FAO au Sénégal

La FAO accompagne les agriculteurs de Tambacounda dans l’utilisation d’applications digitales pour accroître leur productivité

(c) FAO/Alioune NDIAYE
31/10/2017

Les prix des produits agricoles, le temps qu’il fera, la santé du bétail etc. constituent des données très importantes dans le vécu quotidien d’un agriculteur. Ce sont ces informations, souvent cruciales, que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) apporte aux agriculteurs de Tambacounda, à travers le projet «services agricoles et inclusion digitale en Afrique» mis en œuvre dans la région de Tambacounda, au Sud-Est du Sénégal. A travers quatre applications digitales, le projet propose aux paysans de la région un accès simplifié au monde du digital et à ses multiples promesses. Il leur fournit des informations sur la santé et la production animales, la nutrition, l’agro-météorologie et les marchés agricoles.

Lors d’un atelier de formation, qui s’est déroulé le 31 octobre 2017 à Tambacounda, une équipe d’experts  de la FAO, des partenaires techniques du gouvernement (Elevage, Agriculture, Météorologie, …) et de développeurs sénégalais a présenté les premiers prototypes d’applications, qui ont été développés durant cette année. L’objectif de l’atelier était de confronter les longs mois de «codage» à la réalité concrète du terrain. Ainsi,  les 25 agriculteurs et les 25 agricultrices sélectionnés pour participer à cette session de formation ont pu tester les solutions développées.

Une image vaut mille mots

Pour pallier le faible niveau d’alphabétisation des agriculteurs,  les développeurs ont privilégié l’utilisation des icônes pour montrer de façon concrète les concepts et les possibilités de l’application. Cela permet de briser la barrière linguistique, car les utilisateurs finaux parlent généralement les langues locales comme le peulh, le bambara ou le malinké. L’option audio sera également disponible pour permettre à l’utilisateur de recevoir et de poster des messages vocaux.

Jeune animatrice d’un club Dimitra à Koussanar, Assiétou Diallo, a apprécié  cette formationqui «montre qu’on peut avoir un autre usage du téléphone, outre que passer des appels. Si on explique à tous les paysans l’utilité des applications et qu’on leur montre comment les utiliser sur des smartphones, comme l’ont fait les formateurs, même s’ils n’en ont pas, ils feront tout pour en trouver, parce que c’est dans leur intérêt», a-t-elle estimé.

L’intérêt que les agriculteurs tirent du digital, c’est également ce que souligne Ousmane Cissokho, un des facilitateurs de l’atelier: «nous entrons dans une nouvelle ère grâce à ces outils que nous ne connaissions pas. Les possibilités sont immenses pour l’agriculture sénégalaise. Grâce à ces informations, nous autres agriculteurs saurons désormais quelle décision prendre. Nous pourrons doubler voire quadrupler notre production.»

Un projet novateur, dans un domaine porteur

Le projet «services agricoles et inclusion digitale en Afrique», qui est en phase pilote, se termine au mois de décembre 2017. Selon Elisabetta Demartis, une des expertes  du projet à la FAO Sénégal,  «cet atelier a permis d’avoir un premier retour des personnes qui travaillent sur le terrain. L’inclusion digitale dans l’agriculture est une thématique récente. Il faut beaucoup d’interaction et d’échanges avec les agriculteurs pour les faire entrer dans cette nouvelle dimension qui est différente des canaux traditionnels que les paysans connaissent.»

Henry Van Burgsteden, de l’équipe de Stratégie Digitale de la FAO à Rome, a, de son côté, relevé: «l’État [du Sénégal] détient beaucoup d’informations qui sont utiles aux exploitations familiales et nous pensons que les applications mobiles peuvent rapprocher les producteurs de cette information.»

L’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM),  le Conseil à la Sécurité Alimentaire (CSA), la Direction de l'Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles (DAPSA) et le Secrétariat Exécutif du Conseil national de Sécurité alimentaire (SECNSA) ont tous été représentés à cet atelier pour partager leurs pratiques et méthodologies pour la diffusion de l’information utile aux usagers.

Ces institutions gouvernementales ont un rôle clé à jouer pour la réussite du projet. Pour Elisabetta Demartis «le projet a besoin d’un suivi et son succès dépend de l’implication des institutions gouvernementales concernées. Si elles arrivent à intégrer les applications dans leur travail et à les utiliser de façon autonome, le projet pourra être pérennisé.»

Cette pérennisation pourrait permettre une duplication des applications à l’échelle nationale, voire continentale, car le projet est également mis en œuvre dans la  région de Rulindo au Rwanda.