FAO au Sénégal

« Sols et Changements climatiques » : Pour une gestion durable des terres

(c) FAO/ Guilaine Thébault
20/01/2016

Le Sénégal célèbre l’Année Internationale des Sols.

Pour contribuer aux célébrations de l’Année internationale des Sols, la FAO Sénégal a appuyé l’organisation par l’Institut national de pédologie (INP) d’un atelier sur le thème « Sols et changements climatiques : Stratégies d’amélioration durable de la productivité agricole »  les 28 et 29 décembre 2015.

Pour la centaine de participants présents, représentant le Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le monde de la recherche, la société civile et les partenaires techniques et financiers, l’objectif était de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des sols dans les poli­tiques, stratégies, programmes et projets de développement agricole et rural du Sénégal. Pour les organisateurs, il s’agissait de placer la gestion durable des terres au centre des préoccupations des décideurs, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des producteurs, dans un contexte mondial marqué par le changement climatique, et de saisir l’opportunité de l’après-COP21.

Le directeur général de l’INP, Mamadou Amadou Sow, a ainsi tenu à rappeler en ouverture les menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables, « face à la réduction de la biodiversité, la baisse des pluies, la dégradation des ressources naturelles, en général, et pédologiques, en particulier, sans parler des cycles de sécheresse et d’inondation ».

«Il est plus que vital, de nos jours, de promouvoir la mise à l’échelle des techniques de gestion durable des terres et des eaux, de façon concertée en vue d’une généralisation des bonnes pratiques », a-t-il insisté.

Prendre en compte les enjeux fonciers

La dimension foncière a également été au cœur des débats. Au Sénégal, la population croit à un rythme relativement élevé, passant de 12 509 438 habitants en 2010 à 13 508 715 habitants en 2013 (ANSD, 2014), alors que les terres arables ne représentent que 19% du territoire, soit 3,8 millions d’hectares (UPA, 1996 in CSE, 2005).  Les mauvaises pratiques agricoles entrainent la dégradation des sols et des écosystèmes, mettant ainsi en danger la qualité de vie et la survie des populations vulnérables. Autant de problématiques, qu’il est nécessaire de prendre en considération si l’on veut parler des sols au Sénégal.

« Le sol est le substrat et l’élément nourricier de toutes les espèces végétales qui sont au début de la chaine alimentaire. Pour cette raison, sa dégradation constitue une menace de toute vie sur terre », a déclaré Reda Lebtahi, qui ouvrait les travaux, au nom du Représentant de la FAO au Sénégal.

Il a également rappelé que la qualité des sols est un enjeu au cœur de la réforme foncière. A ce titre, la FAO soutient le processus de réforme foncière, en appuyant la mise en œuvre des « Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicable aux terres, aux pêches et aux forêts dans un contexte de la sécurité alimentaire nationale ».

Au moment où l’on parle d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise, les sols méritent donc une attention toute particulière. En adoptant le Plan Sénégal Émergent (PSE) et le Cadre National d’Investissement Stratégique / Gestion Durable des Terres (CNIS /GDT) qui placent l’agriculture comme moteur du développement économique et social, l’Etat du Sénégal a donné un signal fort pour la promotion de la gestion durable des terres afin d’inverser la tendance de leur dégradation à l’horizon 2035.

Pendant trois jours, les travaux ont notamment mis en évidence la nécessité d’adapter les différentes pratiques, approches et technologies au contexte de la variabilité des changements climatiques en vue de faire face aux impacts négatifs sur les sols. Ils ont également souligné la nécessité de poursuivre les efforts de prise en compte des sols dans les politiques, programmes et projets de développement au niveau de l’Etat du Sénégal et d’accroitre le positionnement sur les plans juridique et institutionnel.

Une problématique mondiale

Selon la FAO, plus de 12 millions de km2 de terres sont dégradés du fait notamment de l’activité humaine depuis 50 ans. Si cette tendance persiste, 2,5 millions de km2 de terres cultivables deviendront stériles à l’horizon 2050 pour une population mondiale qui sera de 9 milliards d’Hommes, selon les prévisions. Du fait de cette croissance démographique il est même prévu, à l’horizon 2030, une mobilisation de 100 millions d’hectares supplémentaires de terres à des fins non agricoles. L’une des conséquences directes de cette situation serait une amplification de la pression exercée sur les terres, en général, et celles arables en particulier.

 

Plus d’informations : http://www.fao.org/soils-2015/fr/