FAO au Sénégal

Une initiative de réhabilitation des mangroves redonne espoir aux populations du delta du Saloum au Sénégal

(c) FAO/Yacine Cissé
04/05/2021

Renforcer le développement durable dans des zones riches en ressources halieutiques

Au Sénégal, le programme Initiative Pêche Côtière (IPC) Afrique de l’Ouest vise à protéger les communautés tributaires de la pêche dans le delta du Sine Saloum et ses environs. Sur un objectif de 350 hectares d’ici la fin du projet en 2021, 175 hectares d'écosystèmes de mangrove ont été gérés de manière durable en 2020 par les techniques de plantation, de régénération naturelle assistée et de mise en défens. 

Le programme IPC, à travers le projet «Offrir des avantages environnementaux, sociaux et économiques durables en Afrique de l'Ouest, grâce à une bonne gouvernance, des incitations correctes et l’innovation» mis en œuvre au Cabo Verde, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, a investi, dans le cadre de la gestion écosystémique, dans la plantation de mangroves dégradées. L’objectif visé est qu’elles redeviennent productives et soient de nouveau capables de jouer leurs fonctions de gîtes, de zones de frayeur, etc. pour les chaînes de valeur des pêcheries, mais aussi celles en rapport avec l’économie ou la reconstitution de la nappe, l'érosion côtière et la protection des moyens de subsistance des populations du delta du Saloum. 

Les ostréicultrices du delta font partie de ces populations bénéficiaires: «Mon travail consiste à récolter des huîtres et des arches. Nous allons chercher les huîtres dans les mangroves pour les transformer. Une partie est consommée, une autre est commercialisée et c'est comme ça que je gagne ma vie», informe la présidente du groupe des femmes transformatrices de Diamniadio, Fatou Sarr. 

Les entrepreneurs comme Fatou Sarr participent activement à la protection des habitats naturels qui sont le lieu de reproduction des espèces de poissons dont dépendent les communautés locales. 

«Si je travaille pendant deux ou trois jours, je peux gagner de l'argent pour couvrir mes dépenses pendant quelques jours. Nous trouvons un grand nombre de variétés de poissons dans les mangroves. La communauté Niominka (communauté locale de pêcheurs) connaît l'importance des mangroves, c'est pourquoi nous ne les détruisons pas», assure Fatou. 

L'IPC est un effort conjoint qui réunit des organismes internationaux de conservation ainsi que des organisations des Nations Unies telles que le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), sur financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), en vue de promouvoir des activités respectueuses de l’environnement, de la biodiversité et des ressources naturelles, tout en renforçant les chaînes de valeur de la pêche. 

Importance des mangroves 

Les sols des mangroves ont de multiples fonctions. Ils agissent comme des puits de carbone efficaces, en séquestrant de grandes quantités de carbone et les empêchant de pénétrer dans l'atmosphère. La destruction des écosystèmes de mangroves remobilise ces carbones qui sont de nouveau rejetés dans l’atmosphère contribuant ainsi aux effets de serre. Le coordinateur de projet de la Convention d’Abidjan/PNUE, Yacoub Issola, en est persuadé: «L'une des fonctions des mangroves est de servir de zone de frayeur et de gîte pour la pêcherie, stabiliser le sol, contribuer à la réduction des effets du changement climatique entre autre». 

«Si nous ne reboisons pas les mangroves aujourd'hui, les pluies et les différentes activités vont éroder les bases du sol. Or, une fois que ses bases auront disparues, le sol deviendra stérile, et rien ne pourra y pousser. Et de plus, tout le carbone piégé par les mangroves sera remobilisé et relâché dans l'atmosphère», explique Issola. 

La magie des mangroves ne s'arrête pas là: elles servent aussi de zones de reproduction pour les poissons, de barrières contre les tempêtes et de sources de bois pour la construction et la cuisine. 

L'action du projet IPC sur la mangrove se fait à travers la réhabilitation des espaces dégradés, la protection des existants, la sensibilisation des populations locales à l'importance de protéger et d’entretenir un paysage propice à la biodiversité et à la sécurité alimentaire des communautés. 

Promouvoir une économie marine solide 

Le département de Foundiougne est un pôle aquatique important du fleuve Sine Saloum dans la région de Fatick, plus au sud dans le Delta. 

Birama Diouf y vit et y travaille: «je pêche la crevette la nuit et d'autres espèces de poissons le jour. La pêche de crevettes est très rentable, surtout en cette période de l'année où il y en a beaucoup», explique-t-il. 

«Les poissons trouvent toujours un abri dans les mangroves. Les crevettes s'y réfugient également et s’y nourrissent», ajoute-t-il. 

Les pêcheurs comme Diouf ne sont pas les seuls à défendre la pêche durable dans cette zone. Fatou Ndong Sarr préside la Fédération locale des groupements d'intérêt économique qui aide ses adhérents à récolter les poissons dans la zone de mangrove, à prévoir les stocks pour l’autoconsommation et à valoriser les sous-produits. De même, elles participent aux activités de protection de l’écosystème. 

«Nous disposons d'une unité de transformation des produits conchylicoles. Nous gérons ici l'ensemble du processus de production, à savoir la réception des matières premières, la transformation et le conditionnement. Une vingtaine de femmes travaillent dans l’unité», renseigne Fatou. 

La Fédération, qui a son siège à Niodior – une île du delta du Saloum -, investit pour que les femmes soient en mesure de gagner durablement leur vie grâce aux mangroves et aux ressources présentes dans leurs écosystèmes. 

«Le Sénégal est un pays de pêche, mais des difficultés se posent en termes de gestion et de planification. Les prochaines étapes du projet consistent essentiellement à aider les acteurs de la pêche à tirer le meilleur parti de leur potentiel de commercialisation et à garantir la durabilité des activités à travers la protection des écosystèmes gîtes de reproduction et de développement», a déclaré le coordinateur national de l'IPC au Sénégal, Mamadou Sèye, basé au ministère de la Pêche et de l’Économie maritime. 

Alors que la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) se met en place, l'IPC et ses partenaires avancent à grands pas pour améliorer la santé des écosystèmes des mangroves et leurs capacités de production.

 

Plus d’informations: 

Site web: Initiative Pêche côtière

Site web: Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030)

Site web: La FAO et le Fonds mondial pour l’environnement (FEM)

 

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