FAO au Sénégal

De nouvelles ruches pour une apiculture adaptée

(c)FAO
15/08/2021

Vers une apiculture résiliente et productive au Sénégal

Avez-vous déjà goûté le miel de mangrove du Sénégal ? Enracinés dans l'eau salée, les palétuviers produisent paraît-il un miel au goût du caramel dont la popularité ne cesse d’augmenter sur les marchés internationaux.  

L'apiculture est largement pratiquée au Sénégal. 70 % de la production nationale de miel est réalisée en Casamance, une région située au sud du pays et au climat tropical de savane. Ces dernières années, les changements climatiques ont commencé à impacter négativement les rendements en miel.  

D'avril 2019 à août 2020, dans le cadre du projet dirigé par la FAO, « Sécurité alimentaire: une agriculture adaptée » (SAGA), Socodevi, une organisation de coopération internationale canadienne, a mis en œuvre une initiative visant à renforcer les capacités des agricultrices et agriculteurs à s'adapter aux changements climatiques et à maintenir leurs moyens de subsistance. 

S’unir pour construire des systèmes résilients 

Dans le village de Kamobeul, en Casamance, la diminution des précipitations, la désertification, la hausse des températures et les périodes de floraison inhabituelles de ces dernières années ont entraîné des conditions environnementales défavorables pour les abeilles. 

Les abeilles jouent un rôle essentiel dans la pollinisation, l'augmentation des rendements agricoles, l'amélioration de la qualité des récoltes et la résistance des plantes aux parasites.  

Dans le cadre du projet SAGA, la FAO a accompagné les apiculteurs de Kamobeul, regroupés depuis 2013 en un groupement d'intérêt économique (GIE) appelé Ahoumoula et connu pour la production du rare miel de palétuvier. Ce groupe et 10 autres de la région forment la Coopérative Agroalimentaire de la Casamance – Miel (CAC/Miel), une coopérative agricole prometteuse mise en place pour structurer la production et la commercialisation du miel de Casamance. 

« Au début les gens étaient réticents à rejoindre le groupe, mais maintenant tout le monde a compris que pour réussir, nous devons unir nos forces », explique Étienne Manga, président du GIE Ahoumoula. 

Comprendre l'impact du climat sur les abeilles 

Dans le cadre du projet coordonné par la FAO, Étienne et 146 autres apicultrices et apiculteurs de la CAC/Miel ont rejoint un Champ école paysan (CEP) pour être formé(e)s à chaque étape du processus de production afin de continuer à produire et à vendre leur miel malgré les changements de température. 

L’approche a permis de valoriser les pratiques traditionnelles, mais également d’apprendre aux apiculteurs à construire des ruches modernes, plus légères et plus résistantes aux feux de forêt et aux inondations. Ces ruches offrent un environnement plus frais aux abeilles et permettent ainsi une augmentation des rendements. En cas de températures élevées, les ruches traditionnelles deviennent rapidement trop chaudes et les abeilles désertent la colonie. 

Favoriser l’intégration des femmes 

Le Champ École Paysan a encouragé une participation équilibrée des femmes et des hommes en demandant aux participants de venir accompagnés d’un membre de leur famille du sexe opposé. 

Etienne a pu observer l'impact que ces activités ont eu sur l'égalité des sexes : « Avant, d'avantage de tâches étaient attribuées aux femmes. Aujourd'hui, on constate beaucoup de progrès au sein des couples ayant participé à la formation ensemble et d'autres couples du village font de même ». 

Une nouvelle saison prometteuse 

L'année dernière, malgré de bons rendements, la pandémie de COVID-19 a grandement pénalisé les GIE. En raison des restrictions de déplacement, le miel de Kamobeul n'a pu atteindre sa clientèle habituelle. Maintenant que les restrictions sont levées, les apicultrices et apiculteurs de Casamance préparent la nouvelle campagne apicole avec espoir. En ce début de saison, les ruches sont en bonne santé et les récoltes abondantes sont à portée de main. 

« Ce qui nous manquait, c'était la connaissance des bonnes pratiques. Je pense qu'aujourd'hui tout le monde l'a », s'enthousiasme Etienne. 

Pour Étienne, si les apicultrices et apiculteurs de la CAC/Miel voient leurs revenus augmenter grâce à la vente de miel, cela pourrait leur permettre de développer leurs activités et de fabriquer des savons, de l'alcool et des gâteaux à base de miel. Lancer un tel projet nécessite des investissements élevés, mais Étienne est confiant: « Tout le monde pense que c'est un rêve, mais je suis sûr que je peux le réaliser ». 

Ouvrir de nouvelles perspectives 

Au cours de sa première phase, l’initiative a contribué à former 75 femmes et 72 hommes aux pratiques apicoles résilientes. En 2021, 125 apiculteurs supplémentaires de Casamance rejoindront le projet. 

Grâce à un partenariat technique et financier avec le gouvernement du Québec, le projet SAGA facilite le dialogue politique, le renforcement des capacités de la société civile et la recherche sur l'adaptation agricole pour la sécurité alimentaire et la nutrition par une approche holistique dans deux pays francophones vulnérables aux impacts du changement climatique: le Sénégal et Haïti. 

 

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