Proposer des services d’agri-location adaptés aux petits agriculteurs d’Afrique sub-saharienne
De nombreux agriculteurs d’Afrique sub-saharienne ne disposent pas du capital requis pour acquérir leurs propres machines et équipements et doivent trouver des solutions innovantes.
Susceptible d’augmenter l’accès à une énergie durable sur les exploitations et de dynamiser la productivité des petits agriculteurs, la prestation de services de location constitue un modèle particulièrement bien adapté, dans lequel les technologies numériques jouent un rôle croissant.
À l’occasion d’une séance spéciale du 8e Congrès mondial sur l’agriculture de conservation, la FAO a annoncé la publication d’un nouvel ouvrage comparant cinq modèles économiques d'agri-location applicables au secteur privé.
Cette publication, Agri-location en Afrique sub-saharienne :Modèles économiques pour investir dans la mécanisation durable, a été produite par une équipe conjointe du Centre d’investissement et de la division de la Production végétale et de la protection des plantes de la FAO. Elle puise dans l’expérience de prestataires de services partagée lors d'ateliers régionaux tenus en Côte d'Ivoire et en Ouganda et organisés par le Réseau africain de conservation du sol.
Destinée aux décideurs, aux praticiens en investissement et aux partenaires financiers, elle examine les facteurs de succès de ces modèles et identifie les points d’entrée de l’investissement.
Mme Alberta Mascaretti, chef du Centre d’investissement de la FAO, a souligné l’importance du recours à des technologies de mécanisation durable adaptées, facilement accessibles et financièrement abordables, allant des outils manuels quotidiens aux équipements motorisés complexes et aux technologies numériques.
« Les investissements doivent s’attaquer aux goulets d’étranglement qui empêchent les gens, notamment les femmes ainsi que les jeunes agriculteurs et chefs d’entreprise, à accéder à des services de location de matériel agricole » a-t-elle déclaré.
« Cela requiert de réfléchir en termes non seulement de renforcement des capacités, de sensibilisation et d’augmentation du volume de connaissances factuelles sur ce qui fonctionne et pourquoi, mais aussi de développement de l’infrastructure adéquate et de création d'opportunités pour les femmes et les jeunes à se lancer dans la prestation de services » a-t-elle ajouté.
Comparaison des modèles économiques
Les cinq modèles économiques analysés s’appliquent au secteur privé (agriculteurs, coopératives et PME).
Le groupement d’agriculteurs prestataire de services constitue l’un d’entre eux. Les agriculteurs mettent en commun leurs ressources afin d’accroître leur accès au matériel agricole à toutes les étapes du processus, depuis la préparation des champs jusqu’à la transformation et au transport de leur production.
À l'instar de l’Union Nationale des Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole du Bénin, forte de 82 coopératives de production et 64 coopératives de transformation, auxquelles participent 1 465 agriculteurs, dont plus de deux tiers de femmes, la motivation de ce type de groupements est de répondre équitablement aux besoins de leurs membres.
Un autre modèle connu pour impliquer les femmes et les jeunes offre divers services non limités à la mécanisation, mais incluant également, par exemple, l’accès aux engrais et aux semences.
Un troisième concerne les chefs d’entreprise jouant le rôle d’intermédiaires entre les propriétaires des machines et les agriculteurs. TROTRO Tractor, une plateforme à la demande présente au Ghana et au Zimbabwe qui met en relation les agriculteurs et les propriétaires de tracteurs situés à proximité, en constitue un bon exemple. Avec un téléphone portable et un GPS, les agriculteurs peuvent demander, planifier et prépayer des services de tracteur pour préparer leurs champs.
L’équipe de la FAO a utilisé l’outil Business Model Canvas pour comparer les cinq modèles.
De l’avis de Karim Houmy, expert en mécanisation agricole de la FAO et co-auteur de la publication, cet outil « nous a permis de mieux comprendre le fonctionnement des prestataires de services de mécanisation, les modalités de leurs interactions avec les clients, la façon dont ils couvrent leurs coûts et réalisent des bénéfices, ainsi que les domaines présentant une marge d’innovation et d’amélioration ».
« Normalement, ces outils Canvas sont développés pour les grandes entreprises, mais cette analyse montre qu’ils conviennent également aux petites », a-t-il ajouté.
Trouver ce qui fonctionne
Selon l’analyse, les compétences du personnel et des dirigeants, la diversité des services de mécanisation et la participation d’organisations d’agriculteurs constituent quelques-uns des facteurs de réussite de chaque modèle économique.
Joue également un rôle l’existence de fournisseurs de matériel agricole et de services de réparation, de chaînes de valeur agroalimentaires rentables, ainsi que d’un accès au financement et aux infrastructures, du réseau routier à l’énergie électrique.
Selon Josef Kienzle, ingénieur agronome à la FAO et responsable en chef de l’analyse, ces facteurs donnent une bonne idée du type de modèle économique susceptible de fonctionner et des raisons de son succès potentiel dans un contexte local donné.
« La mécanisation agricole durable a pour but d’augmenter l’accès des exploitations à différentes formes d’énergie grâce à des technologies durables sur les plans environnemental, économique et social, ainsi que d’adopter des pratiques agricoles résilientes face aux effets du changement climatique aptes également à promouvoir l'utilisation efficace des ressources », a-t-il affirmé.
Il a ajouté que la publication pourra guider l’élaboration de stratégies et de politiques de mécanisation incitant les agriculteurs à adopter des pratiques d’agriculture de conservation et à investir dans la mécanisation agricole durable. Cela contribuerait également à renforcer les contributions du secteur privé.
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L’ouvrage Agri-location en Afrique sub-saharienne :Modèles économiques pour investir dans la mécanisation durable est publié dans le cadre de la collection Orientation dans les investissements du programme Investment Knowledge for Investment (K4I) du Centre d’investissement de la FAO.