Centre d'investissement de la FAO

Des résultats rapides dans la lutte contre la crise climatique

L’assistance technique apportée par la FAO en faveur des investissements aide à améliorer les moyens d’existence et la nutrition tout en luttant contre les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’élevage.
14/11/2022

Les médias sociaux et les ondes sont peut-être envahis de prévisions et de polémiques sur le climat, mais attardons-nous un instant sur un domaine permettant d’obtenir des résultats relativement rapides et directs dans la lutte contre le changement climatique, à savoir la baisse des émissions provenant des milliards d’animaux d’élevage de la planète. Bien que certains estiment, en particulier dans les pays à revenu élevé, que nous devrions complètement arrêter d’élever ces animaux, ceux-ci sont une source essentielle d’aliments nutritifs et de revenus pour certaines des communautés les plus pauvres du monde, et parfois la seule. En investissant dans de meilleures techniques d’alimentation et de gestion du bétail, nous pouvons préserver les moyens d’existence et fournir une meilleure alimentation aux populations tout en limitant les effets néfastes du méthane et d’autres gaz émis par la filière de l’élevage.

C’est dans cet esprit que la FAO s’emploie à fournir un appui et des compétences techniques aux gouvernements et aux prêteurs multilatéraux, comme la Banque mondiale, dans le cadre de projets bénéficiant à des millions d’éleveurs. La FAO veille à ce que davantage de pratiques d’élevage tenant compte du changement climatique soient incorporées dans ces investissements et projets.

Nous partageons la planète avec environ 1,5 milliard de têtes de bétail et 2 milliards de petits ruminants, entre autres animaux d’élevage, et le méthane émis lors de leur digestion est plus puissant que le dioxyde de carbone. Bien qu’il reste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère, le méthane piège 27 fois plus de chaleur sur une période de 100 ans.

Cependant, lorsqu’il s’agit de réduire ces émissions, les activités menées par la FAO avec ses partenaires, dont la Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole (FIDA), dans une dizaine de pays ont produit des résultats encourageants. Ces initiatives visent à mieux prendre en compte les objectifs climatiques relatifs au développement de l’élevage, en formant les parties prenantes pour les aider à calculer les émissions de gaz à effet de serre et à comprendre les effets bénéfiques que l’amélioration de l’élevage permettrait d’obtenir sur le plan climatique. Il s’agit notamment d’améliorer la gestion de la santé et de la reproduction animales, la gestion des pâturages et leur restauration, les aliments pour animaux et les mélanges de fourrage, ainsi que le stockage et l’utilisation d’effluents d’élevage.

Des investissements en faveur des éleveurs et de l’environnement

Au Kirghizistan, par exemple, la FAO a calculé les effets climatiques d’un investissement de grande ampleur du FIDA dans les exploitations laitières. D’après les résultats, cet investissement a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 pour cent tout en augmentant la production de lait et de viande de 4 pour cent. La FAO et le FIDA ont ensuite travaillé avec le Gouvernement pour tenir compte des résultats de cette évaluation dans les contributions déterminées au niveau national, à savoir les engagements du pays en faveur de la réduction des émissions et de la concrétisation des objectifs climatiques mondiaux, comme convenu dans l’Accord de Paris de 2015.

Pour les éleveurs pastoraux ou les petits agriculteurs vivant dans les steppes herbeuses d’Asie centrale ou sur les terrains de parcours d’Afrique subsaharienne, le message est clair: «Vous pouvez tirer le meilleur parti de votre troupeau, améliorer votre alimentation et, en même temps, contribuer à la protection de l’environnement qui vous entoure. Si cet environnement est sain, il sera productif et avantageux pour tout le monde. Tout le monde y gagne», explique M. Thanawat Tiensin, Directeur de la Division de la production et de la santé animales de la FAO.

Ces résultats sont d’autant plus importants au vu des débats sur le changement climatique et des critiques indifférenciées ciblant le secteur de l’élevage. «Sans les activités menées par la FAO, certains prêteurs multilatéraux pourraient éviter complètement d’investir dans des projets de développement de l’élevage, abandonnant des millions de personnes dans une situation très difficile», ajoute M. Tiensin.

Renforcer les capacités nationales

Ces dernières années, on s’accorde de plus en plus à reconnaître que la communauté internationale doit s’allier pour relever les défis de la sécurité alimentaire, de la nutrition et du changement climatique, sans suivre un programme d’action pour le climat faisant abstraction du sort des milliards de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire et à la faim. Le secteur de l’élevage occupe une place centrale dans les débats internationaux, comme lors d’une décision prise à la vingt-troisième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP23) en 2017, appelée l’Action commune de Koronivia pour l’agriculture, qui reconnaît le potentiel unique de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique.

Cependant, il y a eu peu de progrès concrets et seulement un pays sur cinq environ a pris des engagements climatiques relatifs à l’élevage dans le cadre des contributions déterminées au niveau national en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, la plupart de ces engagements sont conditionnels et dépendent, premièrement, des financements disponibles et, deuxièmement, de l’apport d’un appui technique.

C’est pourquoi la FAO joue un rôle particulièrement important pour ce qui est d’aider à débloquer des fonds multilatéraux pour le secteur de l’élevage, en veillant à ce que les projets prévoient des pratiques d’élevage qui tiennent compte du changement climatique et en fournissant la formation et le savoir-faire nécessaires aux gouvernements et aux prêteurs pour qu’ils puissent calculer les émissions de gaz à effet de serre à l’aide d’outils tels que la plateforme interactive GLEAM-i du Modèle pour l’évaluation environnementale de l’élevage mondial, accessible en ligne gratuitement.  

À l’heure où les dirigeants mondiaux se réunissent pour la COP27, en ce mois de novembre 2022, tandis que le monde s’inquiète de plus en plus de savoir où la crise climatique va nous mener, ces mesures de réduction des émissions provenant de l’élevage constituent à n’en pas douter un moyen relativement rapide d’obtenir de bons résultats moyennant un coût raisonnable, parallèlement aux activités qui doivent permettre de relever les nombreux défis auxquels sont confrontés les autres secteurs agricoles et industriels.

Photo credit FAO / Vyacheslav Oseledko