Centre d'investissement de la FAO

Trouver la voie de la durabilité : l'agroforesterie cacaoyère camerounaise face aux réglementations européennes

20/05/2024

Le Cameroun, troisième plus grand producteur de cacao en Afrique et cinquième au monde, a une longue tradition de culture du cacao dans des systèmes agroforestiers complexes, dans lesquels les plants de cacao poussent à l'ombre d'autres arbres pour recevoir la quantité de lumière et d'humidité nécessaire. Ces systèmes rendent la production de cacao plus durable et plus résistante aux effets du changement climatique et contribuent à diversifier les revenus des petits exploitants, tout en encourageant la séquestration du carbone et à la protection de la biodiversité.

Le règlement de l'Union européenne sur la déforestation (RDUE), adopté en juin 2023 pour garantir que les produits consommés par les citoyens européens ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation des forêts dans le monde, aura des conséquences sur les systèmes de production de cacao et de café, entre autres, lorsqu'il entrera en vigueur en décembre 2024.

Comment les bénéfices environnementaux et socio-économiques des systèmes agroforestiers des petits producteurs de cacao peuvent-ils être mieux reconnus et encouragés ? Pour en discuter, le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) du Cameroun, le Centre d'investissement de la FAO et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), ont organisé un atelier de deux jours à Bruxelles (18 et 19 avril) dans le cadre du Programme cacao durable financé par l'Union européenne. Le thème de discussion était : « Systèmes agroforestiers au Cameroun et dans le monde : quelles définitions et quelles ambitions pour un cacao durable ? ». 

« L'agroforesterie est la seule solution envisageable au Cameroun, où la couverture forestière est encore importante, » a déclaré Régis Méritan, chef du secteur Croissance agricole de la DG INTPA de la Commission européenne, « mais nous devons identifier le système qui répond le mieux à la nécessité de durabilité. L'objectif est de trouver un équilibre entre la protection des forêts et les moyens de subsistance des agriculteurs qui diversifient leurs revenus grâce à d'autres produits forestiers ».

L'atelier a réuni les acteurs clés de la filière cacao, notamment des planteurs de cacao, des producteurs de chocolat, des représentants de gouvernements, de la Commission européenne et d'autres organisations internationales, ainsi que des chercheurs et des organisations non gouvernementales.

« Les petits producteurs de cacao sont extrêmement préoccupés par le fait qu'ils ne seront pas en mesure de se conformer aux nouvelles règles et qu'ils ne pourront pas vendre leur cacao », a déclaré Omer Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) du Cameroun.  

Guillaume Lescuyer, socio-économiste au CIRAD, a soutenu que si les systèmes agroforestiers camerounais complexes avaient de multiples avantages environnementaux et sociaux, il était nécessaire d’en établir une définition plus précise s'ils devaient être pris en compte dans les évolutions à venir des normes nationales et internationales, ainsi que par le RDUE. 

James Tefft et Simon Rietbergen du Centre d'investissement de la FAO ont souligné l'importance de renforcer les capacités des petits exploitants à se conformer aux nouvelles normes et de développer des outils techniques de pointe et rentables pour distinguer les forêts intactes des systèmes agroforestiers complexes - évitant ainsi d'imposer des coûts élevés de contrôle aux producteurs pauvres.

Les systèmes agroforestiers de production de cacao sont au cœur du programme Cacao durable (SCI) lancé par la Commission européenne en partenariat avec le Centre d'investissement de la FAO, l'Institut européen des forêts (EFI), l'Agence de coopération technique allemande (GIZ) et le Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne.