Vers la transformation numérique de l’agriculture africaine
Les technologies numériques changent les règles du jeu dans l’agriculture. Elles permettent une utilisation plus efficiente des intrants, un accès au marché plus large, la transparence, la banque mobile et une meilleure sécurité sanitaire des aliments grâce à la traçabilité. Pourtant, l’agriculture demeure l’un des secteurs de l’économie mondiale les moins numérisés.
La FAO et la BAD ont organisé une série de webinaires en quatre parties sur le thème Transformer l'agriculture africaine grâce à la numérisation. Des représentants d’organisations d’agriculteurs, des gouvernements, de la société civile, d’ONG et du secteur privé ont dirigé les conférences-débats. Les webinaires ont abordé les réponses numériques rapides aux perturbations causées par la COVID-19, mais aussi exploré ce que nécessitait la transformation numérique de l’agriculture sur le continent.
Plus de 900 personnes du monde entier se sont connectées au webinaire initial, consacré aux principaux acteurs de la transformation numérique de l’Afrique. Les autres webinaires ont été axés sur les solutions de conseil et de planification pilotées par les données, les marchés guidés par les données, l’utilisation de la technologie financière et les bouquets de services numériques à l’intention des agriculteurs.
L’inadéquation des infrastructures, le manque d’accès à une connectivité Internet fiable et d’un coût abordable, la détention croissante, mais limitée, de smartphones et les faibles niveaux de maîtrise du numérique chez les agriculteurs d’âge mûr ne constituent que quelques-uns des obstacles qui empêchent les agriculteurs africains d’adopter des technologies et des services numériques.
L’afflux de plateformes technologiques numériques peut également susciter lassitude et scepticisme. L’adhésion à long terme peut s’avérer difficile si les agriculteurs ne voient pas en quoi les technologies ou les services répondent à leurs besoins et entraînent un gain de rentabilité.
Un écosystème plus connecté de solutions numériques adaptées aux agriculteurs permettra aux producteurs africains d’améliorer leurs moyens d’existence et leur bien-être. Des efforts pour augmenter la maîtrise du numérique et l’accès à des solutions numériques sont indispensables pour ne laisser personne de côté. Des technologies simples telles que la réponse vocale interactive, les SMS et le service supplémentaire pour données non structurées (USSD), notamment avec la possibilité d'utiliser les langues locales, peuvent contribuer à une plus large adoption de la part des petits agriculteurs. La pénétration accrue des smartphones et le partage de connaissances entre pairs pourront aider également.
Les modalités de stockage et de partage des données entre les organisations et leur maintenance seront cruciales dans les années à venir. L’interopérabilité ouverte est essentielle pour bâtir de meilleurs modèles de risque, de crédit et d'assurance. Mais des cadres de protection complets couvrant la protection des consommateurs, la transparence, le partage de données et les questions de confidentialité, ainsi que la divulgation doivent être en place, de même que les moyens de les opérationnaliser et de les appliquer.
La multiplication des partenariats public-privé pour les solutions numériques et la diversification des modèles stratégiques afin de réduire le risque et d’augmenter les retours pourront jouer un rôle déterminant dans la réalisation de la transformation agricole numérique de l'Afrique.