Alimentation et agriculture durables

Améliorer la biodiversité au service de l’alimentation et de la nutrition au Brésil, au Kenya, au Sri Lanka et en Turquie

25 June 2020

Un potentiel inexploité

Le Brésil, le Kenya, le Sri Lanka et la Turquie abritent une grande variété d’espèces et d’écosystèmes, et cette diversité agrobiologique a donné le jour à un vaste patrimoine de connaissances écologiques locales, à la fois traditionnelles et autochtones. Dans ces pays et au-delà, les chaînes d’approvisionnement alimentaire reposent sur ce savoir exceptionnel et ce rapport privilégié avec les ressources locales et les services écosystémiques.

Toutefois, s’il est vrai que ces pays jouissent de ressources naturelles variées et abondantes, les communautés locales ne profitent pas encore pleinement des bénéfices que ces ressources pourraient leur apporter en termes de nutrition et de moyens d’existence. Cette situation s’explique en partie par le potentiel inexploité des ressources génétiques autochtones, principalement végétales, qui restent peu connues, qui sont encore rarement appréciées à leur juste valeur ou qui demeurent peu protégées.

Le projet

Afin de remédier à cette situation, on a mis en place un projet destiné à favoriser la prise en compte de la conservation et de l’utilisation durable de la biodiversité pour le renforcement de la nutrition et du bien-être humains. L’objectif était de promouvoir l’importance de la biodiversité pour garantir la disponibilité d’aliments nutritifs et de qualité.

Co-financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), et exécuté par Bioversity International, avec l’appui de la FAO, par le biais de sa Division de la nutrition et des systèmes alimentaires, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ainsi que de partenaires issus de ministères, d’universités, d’ONG, du secteur privé et des communautés, le projet visait à renforcer les connaissances et les capacités de plusieurs parties prenantes à l’échelle nationale afin d’améliorer le bien-être, les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des petits exploitants et des communautés vulnérables.

Favoriser les progrès

Entre 2013 et 2019, le projet a permis d’obtenir divers résultats favorables, ce qui a entraîné des changements positifs dans l’ensemble des quatre pays concernés.

Mettre en évidence le lien entre agrobiodiversité et nutrition

Dans le cadre du projet, un réseau de 50 universités et agences a été mis sur pied pour collecter des données à travers le Brésil, le Kenya, le Sri Lanka et la Turquie. Ce réseau a rassemblé des informations sur les denrées comestibles locales issues de la biodiversité ainsi que sur les savoirs traditionnels connexes. Il a ainsi été possible de produire de nouvelles données sur la composition des aliments et de mettre à jour les tables et bases de données nationales sur la composition des aliments, toutes ces informations étant indispensables à l’élaboration de politiques et de plans d’action efficaces et éclairés dans les pays concernés.

Intégrer les approches durables dans les plans d’action nationaux

Grâce au projet, les approches agricoles durables ont été systématiquement prises en compte au niveau national, dans les quatre pays, ce qui a conduit à la formulation de politiques et de stratégies favorables à la conservation de la biodiversité au service de l’alimentation et de la nutrition.

Au Brésil, par exemple, on a inclus la «conservation de la biodiversité au service de l’alimentation et de la nutrition» comme indicateur de la santé de la biodiversité dans le programme Stratégie et plan d’action nationaux pour la diversité biologique. Dans le même temps, le Gouvernement fédéral brésilien a légiféré en faveur de l’instauration de mesures visant à promouvoir la production et la vente d’espèces autochtones «négligées et sous-utilisées» présentant une grande valeur nutritionnelle.

De même, au Kenya, au Sri Lanka et en Turquie, les initiatives menées dans le cadre du projet ont étayé les politiques et plans d’action menés à l’échelon national.

Partager les connaissances

De multiples produits axés sur les connaissances ainsi que des articles et des publications soumis à un examen collégial ont été créés, et des événements ont été organisés afin de promouvoir la biodiversité au service de l’alimentation et de la nutrition.

Le projet a conduit à l’établissement d’un recueil de pratiques et méthodes exemplaires toujours en cours de recensement aux niveaux national et mondial. Les pays s’attachent actuellement à élaborer des manuels de formation et des directives sur la collecte et l’utilisation durable de ressources ciblées de la biodiversité et à répertorier des recettes culinaires et des informations issues des savoirs traditionnels.

L’ensemble de ces connaissances sont mises à disposition sur un site web spécial, également créé dans le cadre du projet, dans le but de partager et mettre en valeur les informations et les résultats obtenus: http://www.b4fn.org.

Renforcer le pouvoir d’action des communautés

Un objectif clé du projet était de renforcer les connaissances et la résilience à l’échelon local. Ce défi a pu être relevé grâce à diverses initiatives menées aux quatre coins des pays bénéficiaires du projet, dont voici quelques exemples:

  • Quatre communautés au Kenya, 121 villages en Turquie, des communautés Quilombola du centre-ouest du Brésil, ainsi que des communautés de trois sites pilotes du Sri Lanka, ont participé au projet en aidant à recenser les connaissances et les pratiques traditionnelles écologiques.
  • Huit groupes d’agriculteurs kényans ont remporté 14 appels d’offre lancés sur des marchés institutionnels pour l’approvisionnement d’écoles en légumes-feuilles africains. Un réseau d’approvisionnement «de la ferme à l’école» a été établi afin de garantir les moyens d’existence des agriculteurs tout en fournissant à 5 500 élèves des repas sains et nutritifs.
  • Au Sri Lanka, des campagnes de sensibilisation ont été réalisées dans les écoles et des initiatives ont été menées dans l’ensemble du pays pour promouvoir les aliments traditionnels.
  • Au Brésil, au Kenya et en Turquie, des foires gastronomiques et des festivals de la diversité ont été organisés pour célébrer la biodiversité locale au service de l’alimentation et de la nutrition. 

Perspectives

Le projet a été présenté lors de nombreuses manifestations et réunions internationales, notamment la session ordinaire 2019 de la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Il a également été mis en avant dans des publications, comme L’État de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde, ainsi que dans divers livres et journaux. Actuellement, le projet est utilisé comme étude de cas aux fins de la refonte de certaines sections du nouveau Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.

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