La FAO au Tchad

Dissémination des résultats de l’année 1 de la recherche formative du projet intitulé “Gestion intégrée du bétail pour la nutrition des enfants de moins de cinq ans au Tchad" au Kanem et BeG

FAO Tchad-EM
31/08/2023

La FAO, le Gouvernement Tchadien, le Bureau des Affaires Humanitaires de l’USAID, l’Université de Tufts aux Etats-Unis organisent une mission de terrain au Kanem et dans le Barh-el-Gazal (BeG). L’objectif de la mission est d’organiser les ateliers de dissémination des résultats de l’année 1 de la recherche formative du projet intitulé “Gestion intégrée du bétail pour la nutrition des enfants de moins de cinq ans au Tchad"au Kanem et BeG, puis recueillir des impressions des acteurs pour finaliser les analyses. Ces ateliers sont couplés avec les visites communautaires dans les villages cibles dudit projet.

Il faut noter qu’au Tchad, la prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) dépasse le seuil d'urgence qui est de 15%. Il en découle une situation nutritionnelle critique et préoccupante, particulièrement dans les provinces sahéliennes et sahariennes, où bon nombre d’entre elles dépassent le seuil inquiétant de 15% de MAG défini par l’OMS.

De récentes recherches menées par la FAO et ses partenaires scientifiques au Tchad, au Kenya, au Soudan et au Soudan du Sud montrent que le niveau de la malnutrition aiguë est plus élevé en fin de saison sèche et en début de saison des pluies, avec un pic secondaire plus petit avant la récolte lorsque l'insécurité alimentaire est à son plus haut niveau.

La majorité des interventions en cours au Tchad se concentrent à réduire le second pic de malnutrition aiguë observée juste avant les récoltes. 

Ce premier pic de malnutrition aiguë correspond à une période critique de l'année (fin de la saison sèche/début de la saison des pluies) lorsque l'accès aux ressources naturelles – pâturages et eau – est fortement limité, les animaux sont regroupés autour des sources d'eau (puits pastoraux principalement), et que le fourrage vient à manquer. C'est alors à la fin de la saison sèche que les animaux perdent du poids, sont le plus vulnérables aux maladies et que les abords des points d'eau deviennent de plus en plus saturés et contaminés. Ainsi, la santé du bétail et la production animale deviennent préoccupantes et de nature inquiétante à la fin de la saison sèche.

L’étude de recherche (intitulée Projet de “Gestion intégrée du bétail pour la nutrition des enfants de moins de cinq ans au Tchad"), s’insère dans ce contexte et se propose de contribuer à une meilleure compréhension des facteurs et déterminants régissant le premier pic saisonnier de la malnutrition aigüe dans l’optique de l’éradiquer. Il bénéficie du soutien du Gouvernement américain au travers son Bureau des Affaires Humanitaires (BHA) par des fonds alloués pour trois ans (2023-2025).

A titre de rappel, ce projet de recherche est inspiré de l’étude ‘’Livestock for Health (L4H)’’ conduite par la FAO au Kenya, qui a montré que la fourniture de fourrage/alimentation complémentaire pour le bétail pendant la période sèche augmente la production de lait et réduit significativement la malnutrition infantile. C’est ainsi que le Tchad fut sélectionné comme pays d'intérêt pour une étude de même nature.

Par ailleurs une étude menée au Kanem et au BEG a montré que la malnutrition aiguë se concentre plus spécifiquement dans les communautés possédant un plus grand nombre de bétail. Une autre étude conduite à N’Djamena a révélé que les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) qui portaient le Cryptosporidium parvum (un agent pathogène zoonotique trouvé chez le bétail) dans leurs selles présentaient un risque de décès de 72% plus élevé par rapport aux enfants non porteurs de l’agent pathogène. Ces résultats au Tchad sont conformes aux recherches plus globales qui soulignent la nécessité de mieux traiter la contamination possible de l'eau, du lait et du sol par les matières fécales animales pour lutter contre la malnutrition infantile.

Après le lancement officiel le 16 mars 2023 à N’Djamena, puis le 21 et 27 mars 2023 respectivement à Mao et Moussoro, plusieurs activités de la recherche formative ont été réalisées sur le terrain. Il s’agit notamment de (1) l’étude sur la contamination des différentes sources d’eau consommée par les populations, (2) l’étude sur le degré de tolérance du chlore par les communautés, (3) l’étude qualitative sur la gestion de l’eau et du bétail, les pratiques d’alimentation, d’hygiène, et l’allaitement des enfants, (4) l’étude sur l’utilisation de l’eau par les femmes qui pratiquent la migration saisonnière à l’aide de trackers, (5) l’étude sur la contamination des matières fécales enfants et animaux et de lait animal par des agents pathogènes zoonotiques, et (6) l’étude sur le système des marchés d’aliments bétail au Kanem et Barh-el-Gazal.

A Mao, l’atelier de dissémination a eu lieu le lundi 28 août 2023 au CLAC avec la participation des partenaires et des acteurs multisectoriels.

L’équipe de la mission a effectué aussi des visites aux autorités de la Province et des communautaires dans 3 villages Guéréré (Sous-Préfecture de Ntiona), Roumbou (Sous-Préfecture de Mao rural) et à Logoum (Sous-Préfecture de Kekidina) pour présenter les résultats aux communautés, puis recueillir leurs impressions afin de finaliser les analyses et préparer les interventions de la deuxième année.

Dans son allocution, le Représentant a.i de la FAO au Tchad, Marc Mankoussou a indiqué : « Comme vous le savez l’objectif du projet « Gestion intégrée du bétail pour la nutrition des enfants de moins de cinq ans au Tchad » est d’évaluer l'efficacité d'une intervention de gestion du bétail, en considérant la sécurité alimentaire et la santé des animaux, la contamination de l'eau par ces derniers et le conseil en nutrition, à l’effet de réduire le risque de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans au Tchad. Après une première rencontre en mars 2023 pour lancer le projet, ensemble nous avions posé les problématiques de la malnutrition des enfants et la mobilisation des acteurs que vous êtes pour la recherche de solutions à ce problème. Ces études réalisées dans deux provinces du Tchad :  Kanem et Barh-el-Ghazal portent sur :

  • L’analyse des sources d’eaux de boisson pour évaluer leur niveau de contamination ;
  • Analyse de la teneur en chlore tolérable par la population pour la consommation d’eau ;
  • Analyse des pratiques socioculturelles en lien avec la gestion de l’eau et du bétail, l’alimentation, d’hygiène, et l’allaitement des enfants ;
  • Le suivi des mouvements à l’aide de trackers pour analyser l’utilisation de l’eau par les femmes qui pratiquent la migration saisonnière ;
  • Analyse de matières fécales et de lait animal pour tester la présence d’agents pathogènes zoonotiques ;
  • Analyse des systèmes de marchés d’aliments bétail au Kanem et Barh-el-Gazal.

Pour son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province du Kanem, Issaka Hassan Joggoî : « Je demeure convaincu que les objectifs du projet cadrent parfaitement avec la politique du Président du Conseil Militaire de Transition, le Général Mahamat Idriss DEBY ITNO, qui se veut pour un Tchad nouveau et épanoui. C’est pourquoi je puis vous rappeler Mesdames et Messieurs, que le Gouvernement tchadien attend beaucoup de ce projet afin de l’orienter dans sa stratégie de lutte contre la malnutrition des enfants. A cet effet, j’invite le personnel de toutes les structures techniques de la province et à tous les niveaux, à poursuivre la collaboration avec la FAO pour l’atteinte des nobles objectifs de ce projet. » Au-delà de cet atelier, je tiens à féliciter la FAO pour avoir voulu organiser cet atelier qui permet aux différents acteurs d’apporter leurs contributions à l’atteinte des objectifs fixés, a-t-il ajouté.

A Moussoro, l’atelier de dissémination a eu lieu le jeudi 31 août 2023 dans la salle de réunion de l’ONG AIDER avec la participation des partenaires et des acteurs multisectoriels.

En prélude de l’atelier de dissémination, l’équipe de la mission a effectué des visites aux autorités de la Province et des communautés dans 2 villages notamment à Toumya dans la Sous-prefecture de Dourgoulanga et à Waga dans la sous prefecture de Mossoro pour présenter les résultats aux communautés, puis recueillir leurs impressions afin de finaliser les analyses et préparer les interventions de la deuxième année.

Dans son mot de bienvenu, le Chef d’Antenne de la FAO, Bonaventure Djemba, a rappelé que ce projet dont la vocation est de contribuer à l’améliorer de la nutrition - donc la santé des enfants, pourra être un créneau d’identification d’autres pistes de recherche en la matière pour des étudiants et chercheurs qui en exprimeraient le besoin. Les résultats qui seront présentés susciteront des interrogations pour les chercheurs afin d’investiguer davantage les causes systémiques de la malnutrition des enfants. C’est aussi cela l’intérêt des universités, des instituts universitaires, des centres et laboratoires de recherche tchadiens qui sont les partenaires de ce projet. Ce que nous attendons de cet atelier n’est pas seulement une simple réunion de sensibilisation et de communication, mais plutôt un cadre de discussions autour des résultats qui vous seront présentés, afin de dégager des recommandations pertinentes permettant la mise en œuvre des interventions prévues pour l’année 2 du projet.

Dans son discours d’ouverture, Son Excellence Monsieur Loum Hinassou Laîna, Gouverneur de la Province du Bar-El-Gazel : ‘ l’objectif de cet atelier, faut-il le rappeler, est non seulement de partager les résultats de ces études que l’équipe du projet a réalisée depuis son lancement, mais aussi de discuter ces résultats, afin d’aboutir à des conclusions vaidees qui vont servir à préparer les interventions prévues pour la deuxième année. Ainsi, les conclusions des travaux du présent atelier permettront à l’équipe du projet de finaliser les études, et préparer les interventions qui seront réalisées la deuxième année. La finalité est d’aboutir à des évidences solides qui vont éclairer le Gouvernement et ses partenaires sur les actions appropriées à prendre en faveur des enfants tchadiens dans le besoin. »

Toujours selon le Gouverneur de la province, la malnutrition sévit de manière critique au BEG, surtout chez les enfants  dont les mamans sont jeunes. Ce projet est donc vital et les résultats permettront de déceler les causes de la malnutrition et de chercher à y remédier.

Durant ces ateliers, les experts de la FAO et les chercheurs de l’Université de Tufts ont présenté la démarche méthodologique adoptée pour réaliser les différentes études et les résultats préliminaires auxquels l’équipe de recherche est parvenue.

Il faut rappeler que ce projet est financé par le bureau des affaires humanitaires de l’USAID.