FAO au Bénin

PROTECTION DES VEGETAUX : LA FAO ET SES PARTENAIRES VISITENT DES CHAMPS AU BENIN

Une quarantaine de chercheurs se sont rendus dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) installés à Toffo dans la commune d’Allada au Bénin, ce 06 juillet 2023. Engagés dans un véritable combat contre la chenille légionnaire d’automne, le jasside du cotonnier et autres ravageurs nuisibles aux productions agricoles, ces chercheurs sont allés faire le suivi de la mise à échelle des technologies IPM. C’était à la faveur d’un atelier international piloté par le bureau sous-régional de la FAO, basé à Dakar.
23/08/2023

L’atelier annuel de la taskforce régionale de la protection des végétaux de la zone géographique Afrique de l’Ouest s’est déroulé du 03 au 06 juillet 2023 à Cotonou. Il a été coorganisé par le bureau sous-régional de la FAO basé à Dakar, la Représentation de la FAO au Bénin, et le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP). Cette réunion internationale a favorisé des échanges d’expériences et de production de connaissances entre les quinze pays de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour apporter des réponses contre le jasside du cotonnier, la chenille légionnaire d’automne et les autres ravageurs émergents qui infestent les cultures dans la sous-région ouest-africaine. Ont répondu présents à ce rendez-vous, des experts de la CEDEAO, de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), du Comité Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), du Conseil Ouest et Centre Africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF), de l’Institut international d'agriculture tropicale (IITA), du Center for Agriculture and Biosciences International (CABI), du Centre international de physiologie et d'écologie des insectes (ICIPE), des Instituts nationaux de recherche agricoles, les interprofessions du Coton, le secteur privé et la FAO. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Directeur de Cabinet représentant le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP). Selon le discours de l’autorité étatique, « les rendements et la productivité agricole en Afrique de l’Ouest, parmi les plus faibles au monde, sont    sévèrement affectés ces dernières années, par les maladies émergentes et les espèces envahissantes qui se sont propagées de façon spectaculaire et constituent une sérieuse menace à la sécurité alimentaire. » Le Directeur de Cabinet Monsieur Dossa AGUEMON, a ajouté que « les cultures infestées par les insectes ravageurs ont un impact économique très perceptible et affectent beaucoup plus les populations marginalisées. »  Un point de vue entériné par le Représentant résident de la FAO pour le Bénin. Abondant dans le même sens, Monsieur Isaias Angue Obama a affirmé que « les maladies émergentes et les espèces envahissantes sont devenues les nuisibles transfrontaliers les plus redoutables en Afrique au Sud du Sahara, menaçant ainsi la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des petits producteurs qui ne dépendent que de leurs récoltes pour éviter la faim et la pauvreté. » Il a cité les récents cas de « la chenille légionnaire d’automne, la cochenille du papayer ou encore le jasside du cotonnier. »

En 2017, à la suite de l’introduction de la chenille légionnaire d’automne en Afrique de l’ouest, la FAO s’est positionnée en première ligne avec la conception et la mise en œuvre de l'initiative, «Action mondiale contre la chenille légionnaire d’automne. » L’un des objectifs phares de l’atelier de Cotonou est la visite des Champs Ecoles Paysans (CEP) mis en place au Bénin dans le cadre de l’initiative, afin d’évaluer les résultats de la mise à échelle des technologies IPM (Integrated Pest Management, sigle en anglais). Traduit en français comme « Gestion intégrée des nuisibles », cette approche consiste à recourir à toutes les techniques de lutte durable disponibles, et à intégrer ensuite des mesures appropriées qui réduisent le développement des populations de ravageurs. Elle combine des stratégies et des pratiques de gestion biologique, chimique, physique et culturale, en vue de produire des aliments sains tout en réduisant l’utilisation de pesticides ainsi que ses risques pour la santé humaine et ses impacts environnementaux.

Dans les Champs Ecoles Paysans (CEP) de Toffo

Dans une ferme de la petite ville de Toffo, située dans le sud du Bénin, Monsieur Valéry Ala est l’un des propriétaires des vingt CEP installés sur l’ensemble du territoire béninois. Il raconte son expérience : « les experts m’ont donné des semences et des technologies à appliquer pour lutter contre la chenille légionnaire. Selon l’expérimentation mise en place, une première partie de mon champ de maïs a été traitée au savon naturel Palmida, fabriqué à partir d’huile de palme et de la soude, une autre partie avec du compost et de l’engrais minéral, une autre encore est restée en l’état sans traitement pour servir de champ témoin. » Le producteur Valéry Ala poursuit son témoignage en faisant observer qu’au bout de l’expérimentation, « le champ témoin a été infesté par une horde de chenilles légionnaire d’automne, contrairement au champ traité au savon. Les ravageurs n’ont rien pu contre ce dernier. » Ce témoignage est confirmé par une autre productrice nommée Pauline qui décrit le processus de formulation de la solution à base du savon : « quinze pains de savons de cent vingt grammes chacun, sont découpés et trempés dans trois cents litres d’eau jusqu’à dissolution complète, la solution obtenue permet de pulvériser un hectare de surface agricole. » Le docteur Adin Bloukounon, chargé de l’agriculture au bureau sous-régional de la FAO, basé à Dakar, apporte une précision : « cette pulvérisation se fait dans le cœur du maïs, à partir d’une semaine après la levée, et non sur les feuilles. » L’expert a fait remarquer qu’à Toffo, « l’utilisation du savon naturel a favorisé l’émergence d’ennemis naturels. Il a montré un petit insecte noir dit Telenomus remus en train de parasiter les œufs de la chenille légionnaire d’automne sur une feuille de maïs. » Une observation dont le Chef Service de la protection des végétaux du MAEP s’est réjoui. Monsieur Éric Adossou a souligné que contrairement aux pesticides, la solution de savon développée par l’Université d’Abomey-Calavi et l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (l’INRAB), et expérimentée dans le cadre du présent programme, est sans impact négatif sur l’environnement et sur la santé humaine. La docteure Rachidatou Sikirou, chercheure à l’INRAB, a précisé au cours des échanges avec les producteurs, que pour son efficacité, la technologie du savon doit être appliquée une fois par semaine, sur un mois au maximum dans le champ cible.

L’autre technologie efficace dans les CEP, c’est l’utilisation de la fumure organo-minérale faite de compost (engrais organique) et d’engrais minéral. L’urée et le SSP sont les deux types d’engrais minéraux utilisés dans les CEP du Bénin selon Dr Adin Bloukounon. La fumure organo-minérale a également donné d’excellents résultats dans les champs de Toffo, selon les experts.

Les travaux de Cotonou, suivis de la visite à Toffo, ont permis de façon générale de faire un état des lieux de la situation phytosanitaire dans les pays cibles. Ils ont également permis de faire le suivi de la mise en œuvre de l’initiative action mondiale contre la chenille légionnaire d’automne. Enfin, les éléments pour l’élaboration d’un guide pratique de gestion du jasside du cotonnier (Amrasca Biguttula) ont été produits par les experts.