FAO au Cameroun

Au Cameroun, des prix globalement en hausse menacent la sécurité alimentaire

26/05/2022

C’est l’une des informations rendues publiques par le Ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER) Gabriel Mbairobe le 18 mai 2022 à Yaoundé, au cours de la cérémonie de restitution des résultats de l’analyse Cadre harmonisé, session de mars 2022.

Sur la période allant de mars à mai 2022, la sécurité alimentaire au Cameroun a été impactée par plusieurs facteurs, notamment la crise de la COVID-19, les troubles climatiques, ainsi que les conflits en cours dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays. En effet, les résultats de l’analyse révèlent que ces facteurs continuent de perturber la campagne agricole 2021 sur l’ensemble du pays, conduisant à une hausse de prix des denrées de base et des intrants agricoles.

Les résultats de cette analyse révèlent qu’au Cameroun, 2 865 906 personnes représentant 11% de la population sont en phase d’insécurité alimentaire aigue. Cette tendance pourrait être aggravée dans les prochains mois par la crise russo-ukrainienne dont les effets se font de plus en plus ressentir sur le panier de la ménagère. Elle impacte considérablement certains produits de base dont la majeure partie est importée pour assurer la sécurité alimentaire.  Il s’agit particulièrement du riz, du blé et de l'huile végétale raffinée qui connaissent des pénuries impactant ainsi négativement la situation alimentaire des ménages.

Connaitre les causes afin de répondre efficacement à la situation de chaque région

Dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-ouest et du Sud-ouest, la situation de la sécurité alimentaire n’a pas été satisfaisante pour 58% des producteurs de céréales comparativement à l’année 2021 Coté production animale, la découverte d’un foyer de peste porcine africaine en juin 2021 et de grippe aviaire en février 2022 dans la région de l’Ouest a réellement perturbé ce secteur. Bien que maitrisée par la suite, cette situation a tout de même occasionné une baisse de 15% de la production du poulet de chair, à cause des difficultés d’accès aux poussins d’un jour et de la hausse des prix des aliments. La production porcine est également en baisse à cause des épidémies qui frappent les animaux et de la hausse des prix des compléments alimentaires. 

De mars à mai 2022, la situation alimentaire et nutritionnelle peut être qualifiée de bonne dans 11 départements classés en phase minimale et relativement acceptable dans 31 départements classés sous pression. Par contre, on observe une dégradation dans 16 départements qui sont en phase de crise principalement dans les régions du Nord-ouest, Sud-ouest et à l’Extrême-Nord ; soit 02 départements de plus par rapport à mars 2021. « Dans ces départements, les populations sont particulièrement affectées par les crises sociopolitiques, la mauvaise pluviométrie, la destruction des champs par les pachydermes et par les oiseaux granivores, les conflits inter ethniques, les attaques sporadiques de Boko Haram à l’Extrême-Nord ainsi qu'une forte présence des déplacés internes », indique le Ministre Mbairobe.

Pour la période de juin à août 2022, il est attendu que la situation alimentaire et nutritionnelle demeure satisfaisante dans 27 départements. Toutefois, 20 départements resteront sous pression avec une situation alimentaire relativement acceptable.  En effet, toutes les régions de la zone méridionales seront en période de récolte d’où la possibilité de disposer des stocks alimentaires au niveau des ménages. Cette période correspond à la phase de soudure dans les régions septentrionales. Par ailleurs, 11 départements vont rester en phase de crise si l’environnement sécuritaire ne permet pas aux populations de reprendre leurs activités agropastorales.

Une synergie d’actions pour lutter contre l’insécurité alimentaire 

Les données ainsi restituées par le Minader sont le fruit de l’action coordonnée de plusieurs organisations, en appui au gouvernement. L’atelier d’analyse tenu en mars 2022 a facilité la compilation des données recueillies sur le terrain à travers des travaux en groupe et en plénière. Par la suite, un groupe restreint constitué du Programme national de veille et de renforcement de la sécurité alimentaire du MINADER, de la FAO, du PAM, d’Action contre la faim (ACF), du Réseau de lutte contre la faim (RELUFA) et de FEWSNET a travaillé à la consolidation et la finalisation de l’analyse.

L’analyse cadre harmonisé vise l’identification des zones à risque et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun. Il s’agit d’un outil d’analyse et de diagnostic de la situation alimentaire et nutritionnelle dans un pays, avec pour objectif fondamental de cibler sans complaisance les populations les plus vulnérables et, proposer les réponses les mieux appropriées. Deux fois par an, le Cameroun avec le soutien et l’expertise de ses partenaires au développement, notamment la direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission Européenne (ECHO), procède à l’identification des zones à risque et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle.

En sa qualité d’agence onusienne ayant pour mandat de lutter contre l’insécurité alimentaire, la FAO grâce au soutien financier de ECHO, apporte ainsi son appui technique au gouvernement dans le suivi de l’état de la sécurité alimentaire, et ce afin d’anticiper sa dégradation et mettre sur pied des mesures de remédiation.