Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Member profile

Mr. Félix Tékpon GBLOTCHAOU

Organization: Plateforme des Alliances Contre la Faim et la Malnutrition de l'Afrique de l'Ouest (PAAO)
Country: Benin
Field(s) of expertise:
I am working on:

Droit à l'alimentation, Sécurité alimentaire et nutritionnelle, Démocratie alimentaire, développement durable, Agriculture familiale et durable, Décentralisation, Jeunesse rurale, femme rurale, etc

Facilitator of

This member contributed to:

    • Consultation Forum FSN

      Thème : Un dialogue et une collaboration multipartites efficaces pour améliorer la conception, la mise en œuvre et l'impact des partenariats public-privé dans le secteur agricole africain

      Réponses aux questions

      Commentaire introductif :

      Un débat sur le PPP agricole en Afrique n’est pas inutile. Cela peut permettre de voir les forces et les faiblesses des expériences passées et en cours sur les autres continents (Amérique, Europe, Asie, Océanie). Tirer leçons de leurs approches sera utile.

      Ma première remarque est que les études de cas évoquées dans les documents de FAO et de l’Union africaine pour nourrir le débat sur ce forum ne nous éclairent pas sur les expériences concrètes des continents qui sont passés maîtres en matière de PPP. Combien de PPP agricoles réussis en Europe, en Amériques… ?

      Aussi voudrais-je faire remarquer que les deux fonctionnaires qui animent ce débat sur le PPP agricole en Afrique sont malheureusement tous des spécialistes de l’agro-industrie. Ce sont donc des champions et des carrés de l’agro-industrie. C’est dire que ceux-ci auront assez de difficultés à prendre en compte des arguments allant dans le sens d’une autre forme d’agriculture en Afrique.

      De même, les questions guide du débat sont pour la plupart tournées vers le Ghana. Là-dessus, je voudrais faire remarquer que les questions liées au Ghana sont certainement posées aux ghanéens ou aux fonctionnaires de FAO travaillant au siège Afrique. Beaucoup de personnes comme moi se sentiront exclus des ces questions. En tout cas moi je le suis.

      De toutes les façons, ces points de remarques peuvent biaiser le débat et la compréhension et même affaiblir l’engouement pour le débat.

      Question N°1 : Qu'entendez-vous par partenariat public-privé dans l'agro-industrie (PPP agricole) ?

      Réponse 1 : Le PPP est un instrument utilisé par la puissance publique pour assurer et rendre des services publics à ses citoyens. Il y a plusieurs types de PPP. Les plus courants sont les contrats de partenariat et la délégation de services publics.

      Le PPP fait intervenir deux parties : l’Etat et/ou ses collectivités décentralisées, puis le secteur privé.

      Le PPP fait recours à des montages qui amènent les acteurs en partenariat à définir les risques du projet et à identifier la personne à même de les supporter.

      Qui dit agriculture dit d’abord produits destinés à l’alimentation puis produits de rente. Dans le texte liminaire soumis à notre attention pour appuyer cette discussion, tantôt il question de « croissance dans le secteur agricole et alimentaire », tantôt c’est « l’agro-industrie » qui est à l’honneur. Or le droit à l’alimentation est l’un des droits fondamentaux de l’homme. De ce fait, quand on aborde l’agriculture pour l’alimentation, on se sent dans un domaine sensible assimilable à un service public que l’Etat doit rendre. C’est-à-dire fournir ou faciliter la fourniture et l’accès de l’aliment à tous.

      De tout ce qui précède, je comprends le PPP agricole sous deux angles.

      Premièrement, il y a le PPP qui promeut au profit des agriculteurs familiaux l’accès aux ressources diverses. C’est-à-dire que l’Etat signe des conventions de PPP avec des privés pour le financement d’infrastructures ou de matériels au profit des petites exploitations agricoles et garantit ces financements rien que pour assurer la sécurité et la démocratie alimentaire. Ici, les agro-industriels ne sont pas concernés, car eux, ils ont les surfaces financières et les garanties nécessaires pour capter des financements par eux-mêmes. Si le PPP est à la fois pour eux et pour les petites exploitations, il y a de bonnes raisons que les petites exploitations n’en tirent aucuns profits. Là l’Etat aura pris une convention de PPP au profit des agro-industriels. Je ne dis pas que les agro-industriels n’ont pas besoin du soutien de l’Etat. Mais un autre cadre pour leur appui doit être défini.

      Deuxièmement, il y a le PPP pour drainer le financement pour les produits de rente. Là aussi, les secteurs concernés doivent être organisés en chaine définissant le rôle de chaque acteur dans la filière. De ce fait l’Etat comprendra le segment de la chaine à appuyer pour faciliter la ruée du financement privé.

      Autrement, toute convention de PPP qui ne prend pas en compte cela est un PPP pour nourrir les grands groupes agro-industriels et appauvrir les plus faibles.

      Question N°2 : Quelle est l'utilité des PPP agricoles dans le contexte ghanéen? Veuillez donner des exemples. D'après votre expérience, quels sont les facteurs clés pour une mise en œuvre réussie des PPP agricoles ?

      Réponse 2 : Je me garde de répondre aux questions liées au Ghana car quoique j’ai lu des documents sur le pays, il est risqué d’opiner si je ne touche pas du doigt la réalité de terrain.

      Question N°3 : Comment pouvons-nous protéger les petits exploitants et partager équitablement les risques, tout en veillant à ce que le PPP agricole soit attrayant pour les investisseurs privés ?

      Réponse 3 : Il y a lieu de scruter parmi les formes de PPP surtout dans sa version délégation de service public (DSP) l’outil qui peut être à même d’assurer l’attrait des privés dans le financement des petits exploitants. Il faut alors cartographier ces exploitants et analyser leur capacité et leur solvabilité. Les résultats de ce travail permettront aux décideurs étatiques de proposer l’outil adapté à chaque catégorie. Par exemple nous rencontrons des infrastructures réalisées en PPP mais qui sont à péage virtuel qui au finish remboursé par l’Etat. Aucun risque en matière de PPP ne peut véritablement être équitablement partagés par les partenaires privés et publics. Il est analysé celui d’entre les deux qui peut supporter le plus gros risque. Aucun privé d’ailleurs ne peut supporter des risques dans un PPP s’il n’a pas son compte à tirer.

      Question N°4 : Quels changements/réformes politiques faut-il appliquer pour améliorer l'investissement privé dans l'agro-industrie au Ghana dans le cadre des PPP ?

      Réponse N°4 : Je ne suis pas au courant de toutes les politiques agricoles au Ghana pour pouvoir émettre de commentaires encore moins de propositions relatifs aux changements et réformes à induire.

      Question N°5 : Quels arrangements institutionnels sont nécessaires pour promouvoir les PPP agricoles au Ghana pour assurer un engagement et un investissement efficaces du secteur privé dans l'agro-industrie au Ghana ?

      Réponse N°5 : Je n’ai aucune information sérieuse à ma disposition pour aborder cette question.

      Question N°6 : Comment coordonner le soutien à un accroissement des investissements privés dans l'agro-industrie par le biais des PPP ?

      Réponse N°6 : L’Etat peut garantir ces agro-industriels auprès des banques de développement après avoir étudié leurs dossiers sur la base de critères et de textes de lois préalablement définis

      Question N°7 : Comment les progrès dans la mise en œuvre des PPP agricoles au Ghana devraient-ils être documentés et notifiés?

      Réponse N°7 : Il faut procéder en début de tous les projets à la mise en place d’unité de capitalisation. Ces unités de capitalisation devront assurer un suivi documenté des projets de PPP dans le domaine. Cette capitalisation permettra de lire le parcours de chaque projet et d’en tirer des leçons.

      Question N°8 : Qui sont les principales parties prenantes pour concevoir, mettre en œuvre et rendre compte efficacement des PPP agricoles au Ghana ?

      Réponse N°8 : Quoique je me suis déclaré très incompétent pour parler du Ghana, sur la présente question, je peux faire quelques propositions. Il y a lieu donc de prendre des textes de lois qui vont définir les acteurs et le rôle de chacun. Pour ma petite expérience en tant que spécialiste de la commande publique et particulièrement du PPP, il faut d’abord l’Etat à travers une structure d’expression des besoins en PPP agricole, puis une autre pour les évaluations préalables des projets en PPP agricole et une autre chargée de choisir le type de PPP à appliquer. Une structure de recherche de partenaires fiables et capable sera installée. Après la conclusion du contrat, une autre structure de suivi doit être prévue. Mais pour assurer le contrôle citoyen de des conventions, il faudra prévoir la place de la société civile spécialisée, à toutes les étapes du PPP.

      Contributions faites par :

      F. Tékpon GBLOTCHAOU

      Président de la Plateforme

      des Alliance contre

      la Faim et la Malnutrition en

      Afrique de l’Ouest (PAAO)

      03 BP 976 Cotonou Bénin

      Tél. : 90 94 28 77

      61 45 79 97

      Email : [email protected]

    • English translation below

      Titre de l'expérience       

      Projet Action et Communication pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en Afrique de l’Ouest (PACSAN)

      Couverture géographique

      Le Projet a couvert trois pays en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso et Mali)

      Pays (s)/Région (s) couverts par l'expérience

      Bénin, Burkina Faso et Mali

      Votre affiliation

      Plateforme des Alliances contre la Faim et la malnutrition en Afrique de l’Ouest (PAAO)

      Comment les Directives volontaires  ont-elles utilisées dans votre contexte? Quelles directives spécifiques ont été les plus pertinentes pour votre expérience?

      Un Concours de production journalistique a été organisé simultanément au Bénin, au Burkina et au Mali sur toutes les directives

      Brève description de l'expérience

      Il s’agit d’un concours pour faire connaître les directives, pour susciter une législation sur le droit à l’alimentation dans les trois pays au travers des productions de la presse écrite, sonore et audio-visuelle, en français et dans les langues locales. Les meilleures productions publiées ont été primées lors de manifestations publiques retransmises par la presse

      Qui a participé à l'expérience?

      Le Ministère de l’Agriculture, Ministère de la Justice,  des trois Etats ont été associés, des Universitaires ont été membres des jurys, des journalistes, les organisations membres des alliances nationales, FAO, Bioversity International, OXFAM-Québec, PAM, des artistes, des organisations de la société civile….

      Comment les personnes les plus touchées par l'insécurité alimentaire et la malnutrition ont-elles été impliquées?

      Ces personnes ont été impliquées par procuration à travers les ONG et la société civile. Donc les organisations qui travaillent avec elles et les appuient ont pris part. De même, les organisations les représentant aussi

      Principales activités

      • Table ronde sur le financement des activités rurales par les banques
      • Journées de réflexion sur le rôle des acteurs dans la mise en place d’une législation sur le droit à l’alimentaire au Bénin
      • Vulgarisation des directives volontaires sur le droit à l’alimentation

      Échéancier

      2011 à 2013

      Résultats obtenus/attendus à court terme, avec des aspects quantitatifs chaque fois que possible (estimation du nombre de personnes qui ont été ou seront touchées)

      • Les populations de trois pays concernés ont été sensibilisées par les médias
      • 11 banques au Bénin ont été associées à la réflexion sur le financement du monde rural
      • Environ 70 journalistes ont été sensibilisés
      • Près de 7 institutions étatiques ont été impliquées (Ministères, Conseil économique et sociale, Assemblée nationale, etc..)
      • Environ 45 organisations (ONG, organisation paysannes, sociétés civiles et autres..) ont été sensibilisées
      • Plus de 5 organisations internationales y sont impliquées (FAO, Bioversity, PAM, OXFAM etc..)

      Résultats obtenus/attendus à moyen et long terme, avec des aspects quantitatifs chaque fois que possible (estimation du nombre de personnes qui ont été ou seront touchées)

      Au Bénin, près de 5000 000 de personnes sont indirectement sensibilisées

      Il en est de même au Burkina et au mali.

      Résultats obtenus - les changements les plus importants à saisir

      Les Banques sont sensibles à l’accompagnement du monde rural,

      • La presse comprend mieux les directives et la problématique du droit à l’alimentation au point où au Bénin, un réseau des journalistes du droit à l’alimentation est mis en place,
      • Les ONG maîtrisent mieux la problématique du droit à l’alimentation au point où plusieurs en font une thématique de travail,
      • Le parlement béninois est acquis à introduire dans les prochaines réformes constitutionnelle la problématique du droit à l’alimentation,
      • Les Ministères têtes de pont et certaines autres institutions sont très imbus des questions du droits à l’alimentation

      Quels sont les principaux catalyseurs ayant eu une incidence sur les résultats?

      • Les journées mondiales de l’alimentation,
      • Les marathons contre la faim organisés par la société civile,
      • Le concours dans la presse sur le droit à l’alimentation

      Quelles sont les principales contraintes/difficultés qui freinent la réalisation du droit à l'alimentation?

      • Absence de législation interne dans les pays,
      • Manque de coordination des actions au niveau des Etats

      Quels mécanismes ont été mis en place pour suivre l’évolution du droit à l'alimentation?

      Les mécanismes en place ne sont pas dédiés au droit à l’alimentation expressément. Cependant ils concourent indirectement. Ces mécanismes sont étatiques, de la société civile

      Quelles bonnes pratiques recommanderiez-vous pour obtenir des résultats positifs?

      • Diffusion intense du droit à l’alimentation
      • Multiplication des activités visant à promouvoir le droit à l’alimentation

      Lien vers d'autres informations 

      Néant

      Name of the experience

      Projet Action et Communication pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle en Afrique de l’Ouest (PACSAN) [Action and Communication project for food security and nutrition in West Africa].

      Geographical coverage

      The project covered three countries in West Africa: Benin, Burkina Faso and Mali.

      Country (ies)/Region(s) covered by the experience

      Benin, Burkina Faso and Mali.

      Your affiliation

      Plateforme des Alliances contre la Faim et la malnutrition en Afrique de l’Ouest (PAAO) [Platform of alliances against hunger and malnutrition in West Africa].

      03 BP 976 Cotonou Benin

      How have the VGRtF been used in your context? Which specific guidelines of the VGRtF was most relevant to your experience?

      A journalistic production contest was organized simultaneously in Benin, Burkina Faso and Mali.

      Brief description of the experience

      It consisted of a competition to make the Guidelines known, to generate legislation on the right to food in the three countries through productions by the press, written, audio and audio-visual, in French and in the local languages. The best productions published were awarded prizes following displays to the public retransmitted by the press.

      Who was involved in the experience?

      The Ministry of Agriculture and the Ministry of Justice of the three countries were involved; universities were members of the jury; journalists; member organizations of national alliances; FAO; Biodiversity International; OXFAM-Quebec; WFP; artists, civil society organizations …

      How were those most affected by food insecurity and malnutrition involved?

      People affected by food insecurity and malnutrition were involved by proxy through NGOs and civil society. Thus the organizations working with them and supporting them have taken part. Likewise also, the organizations representing them were involved.

      Main activities

      • Round table on banks funding of rural activities.
      • Study days on the role of actors in the setting up of legislation on the right to food in Benin.
      • Dissemination of Voluntary Guidelines on the right to food.

      Timeframe

      2011 to 2013

      Results obtained/expected in the short term, with quantitative aspects where feasible (estimate of the number of people that have been or will be affected)

      • The population of the three countries concerned was made aware by the media.
      • 11 banks in Benin were involved in the study about funding the rural world.
      • About 70 journalists were briefed.
      • About 7 state institutions were involved (ministries, Economic and Social Council, National Assembly, etc.)
      • About 45 organizations (NGOs, farmer´s organizations, civil society and others) were made aware.
      • More than 5 international organizations were involved (FAO, Biodiversity, WFP, OXFAM, etc.).

      Results obtained/expected in the medium to long term, with quantitative aspects where feasible (estimate the number of people that have been or will be affected)

      In Benin, nearly 5 000 000 people were indirectly made aware.

      It was the same in Burkina and Mali.

      Results obtained – most significant changes to capture

      The banks are responsive to supporting the rural world.

      • The press has a better understanding of the Guidelines and the problems surrounding the right to food to the extent that in Benin, a network of journalists on the right to food was implemented.
      • The NGOs have a better understanding of the problems concerning the right to food to the extent that many have adopted it as a theme of their work.
      • The Benin Parliament has resolved to introduce in the forthcoming constitutional reforms the problem of the right to food.
      • The vanguard ministries and certain other institutions are fully imbued with the issues of the right to food.

      What are the key catalysts that influenced the results?

      • The World Food Days,
      • The marathons against hunger organized by civil society,
      • The support of the media for the right to food.

      What are the major constraints/challenges for achieving the Right to Food?

      • Absence of internal legislation in the countries concerned,
      • Lack of coordination of actions at inter State level

      What mechanisms have been developed to monitor the Right to Food?

      The mechanisms in place are not expressly dedicated to the Right to food. However, they contribute indirectly. These are state and civil society mechanisms.

      What good practices would you recommend for successful results?

      • Intensive dissemination of the concept of the right to food
      • Multiplication of activities related to promote the right to food

      Links to other information

      None

       

       

       

       

       

    • Question N°1 : Pourquoi ces enjeux sont-ils préoccupants et quelles opportunités rencontrons-nous ?

      Contribution N°1 :

      Les jeunes ruraux de moins de 18 ans constituent des enjeux sérieux aujourd’hui au Bénin. D’abord, avec le vieillissement de producteurs ruraux, il y a lieu de prendre en charge ces jeunes afin de les fixer dans leur milieu rural pour la pérennité de la production rurale. Ensuite, il faut reconnaitre que selon les  perspectives des nations unies, d’ici à l’an 2025 la population des villes africaines va s’accroitre vertigineusement.  Il faut bien des gens pour nourrir ce grand nombre de personnes. Le recours, ce sera les jeunes ruraux formés en conséquence. En fin, au même moment où le nombre de villes s’accroît et que les espaces qu’occupent ces villes s’entendent du fait de l’urbanisation, les terres arables et cultivables se réduisent d’où la nécessité de réduire l’exode rural des jeunes et assurer leur prise en charge sur place. Les jeunes de moins de 18 ans constituent un enjeu parce qu’adolescents, ils n’ont pas les mêmes engagements, les mêmes préoccupations et les mêmes projets que les autres catégories de jeunes ruraux.

      Quand on parle de jeunes ruraux de moins de 18 ans, il faut considérer une segmentation que deux projets relatives à cette cible nous a permis de faire au sein de notre organisation dénommée « Alliance Contre la Faim et la Malnutrition ». Il s’agit des projets (1) Projet Accès aux marchés des jeunes producteurs ruraux financé par la Fondation ALIMERKA et (2) Projet Ecole de la jeunesse rurale entreprenante financé par le reliquat du financement de la Fondation ALIMERKA entre 2012 et 2015. Parlant de cette segmentation, nous avons remarqué qu’en milieu rural, les jeunes de moins de 18 ans sont de trois sortes. Il s’agit : (1) des jeunes non-scolarisés,  (2) des jeunes déscolarisés, (3) et des jeunes en scolarisation. Chacun de ces trois groupes a ses problèmes spécifiques qu’il faut rechercher et aider à régler. Mieux, il faut rechercher également les problèmes spécifiques aux jeunes filles rurales de ces trois catégories. Ces jeunes ruraux doivent préoccuper tout le monde en ce sens qu’ils n’ont aucune expérience de la vie. Et si l’on ne les prend pas vite en charge pour les orienter, à jamais il sera tard de les récupérer parce qu’il sera plus facile pour eux de suivre les plus âgés qu’eux dans des aventures dont les issues peuvent être incertaines pour eux, pour leur communauté et pour leur pays. Ceux qui sont non scolarisés et ceux déscolarisés doivent surtout être plus rapidement mobilisés pour la cause de l’agriculture.

      Avec ceux encore en scolarisation, il faut un programme spécial d’accompagnement.

      En tout cas, ces trois catégories de jeunes ruraux sont des opportunités pour la communauté nationale et internationale d’autant que pour la plupart, ces jeunes se cherchent et cherchent à être récupérés. Si un programme concoctés pour eux les récupère, il n’y a pas de raison qu’ils ne répondent pas aux aspirations attendues d’eux.

      Question n° 2 : Quels sont les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes de 15 à 17 ans de zones rurales ?

      Contribution N°2 :

      Pour assurer la durabilité de l’agriculture et des moyens d’existence et parvenir à la sécurité alimentaire, il est indispensable de prendre appui sur les jeunes ruraux qui peuvent jouer le rôle de moteur d’une transformation agricole et rurale pouvant conduire à des systèmes alimentaires plus inclusifs et durables. Pour ce faire, on doit faire en sorte que les activités de type agricole mobilisent les énergies des jeunes ruraux et se présentent à eux comme des moyens d’existence viables et intéressants qui peuvent leur  être rentables et répondre à leurs attentes d’un avenir meilleur.

      Une certaine catégorie de ces jeunes, c'est-à-dire les jeunes ruraux de moins de 18 ans sont confrontés à plusieurs enjeux qui sont les problèmes d’accès à 1) la connaissance, l’information et l’éducation ; 2) la terre ; 3) au financement ; 4) à des emplois décents, y compris à des emplois verts ; 5) aux marchés ; et 6) à la participation au dialogue politique et aux organisations rurales. Mais ils ont d’autres enjeux qui sont spécifiques aux groupes auxquels ils appartiennent conformément à la catégorisation que nous avons proposée un peu plus haut.

      Les jeunes non-scolarisés :

      • N’étant jamais allés à l’école formelle, ces jeunes doivent combler ce retard pour avoir les mêmes chances que les autres.
      • Etant déjà soit dans le secteur agricole comme des aides dans l’agriculture familiale, des ouvriers agricoles ou de petits exploitants agricoles (ils ont un avantage comparatif par rapport aux autres jeunes de leur âge) ou dans d’autres secteurs comme les petits métiers ou le petit commerce de produits agricoles ou la transformation (surtout les jeunes filles), il ont besoin  de la professionnalisation dans leurs domaines respectifs

      Les jeunes déscolarisés :

      • Pour des raisons diverses (pauvreté des parents, orphelinat, non adéquation des curricula de l’école formelle avec les prédispositions des enfants etc…), certains jeunes ruraux sont obligés d’abandonner le chemin de l’école. Ce faisant, ils se retrouvent sur le banc des candidats aux activités agricoles soit comme aides à leurs parents soit comme des ouvriers agricoles. Il y en a parmi eux qui deviennent candidats aux secteurs comme les petits métiers ou le petit commerce de produits agricoles ou de la transformation (surtout les jeunes filles).
      • Parce qu’ils ont un peu étudié, la plupart d’entre ces jeunes est plus encline à aller dans les villes à la recherche de l’emploi ou pour apprendre des métiers d’AKOWE (en langue locale, il s’agit de métiers de gens instruits, métiers de gens qui sont allés à l’école).

      Les jeunes encore en situation de scolarisation :

      • La vie des déscolarisés et des non-scolarisés devient des fois tentante pour les jeunes ruraux encore en situation de scolarisation et dont les parents sont pauvres. Ils sont tentés de quitter l’école pour rechercher de raccourcis. Mais prendre le chemin des champs n’a souvent pas été la voie royale pour eux. Ils sont souvent prédisposés à la désertion des zones rurales en quête du bien être en ville.

      Les jeunes filles rurales de moins de 18 ans :

      • En dehors des problèmes des trois premières catégories qui concernent aussi ces filles rurales, la plupart de celles d’entre elles qui empruntent le chemin des villes se retrouve dans les bars et restaurants ou comme des aides pour la petite distribution. De ce fait, elles sont exposées aux hommes d’autant qu’elles sont naïves et deviennent leur proie facile. Elles sont donc exposées aux grossesses non désirées, aux avortements et aux maladies sexuellement transmissibles et au VIH-sida. Beaucoup d’entre elles deviennent des filles-mères sans abris et sans revenus.
      • Pour celles qui n’ont pas quitté les zones rurales, elles sont sujettes au mariage précoce et au mariage forcé. Quelques unes vont apprendre des métiers dits des femmes comme la couture, la tresse, la coiffure dame pour en fin revenir engorger le nombre des femmes de ces secteurs qui peinent à trouver des clients. En fin, elles se retrouvent sans travail décent et rémunérateur. Celles d’entre elles qui empruntent le chemin du champ, de l’élevage, du mareyage, de la transformation des produits agricoles ou de la distribution se trouvent confrontées à des problèmes d’approvisionnement, de marchés d’écoulement, de financement et surtout de formation appropriées pour leur faciliter une transition facile et tranquille.

      Question 3-a : Les jeunes de moins de 18 ans rencontrent d’autres difficultés ou des difficultés différentes pour avoir accès à des emplois décents ou se transformer en entrepreneurs prospères. Par exemple, leur statut de mineurs d’âge peut entraîner une discrimination au moment de l’embauche et les empêcher d’accéder à des ressources productives et à des services, tels que le financement, ou de devenir membres d’organisations représentatives. Les possibilités de formation professionnelle adéquate n’existent pas toujours dans les zones rurales et le soutien pour la transition de l’école au marché de l’emploi est faible. Dans ce groupe d’âge, beaucoup travaillent dans le secteur agricole et sont souvent exposés et vulnérables à des dangers sanitaires et de sécurité. Lorsque des jeunes âgés de 15 à 17 ans effectuent des travaux dangereux, cette activité est considérée comme travail des enfants au regard du droit international et national.

      Sur la base de votre expérience, quels sont les enjeux spécifiques auxquels sont confrontés les jeunes de 15 à 17 ans de zones rurales (qu’il faut distinguer des jeunes de plus de 18 ans) pour gagner leur vie (actuelle ou future) dans le secteur agricole et les activités afférentes?

      Contribution 3-a : Au Bénin, les jeunes entre 15 et 17 ans sont en droit de travailler. Cependant, avec les dispositions de la loi régissant la fonction publique, il faut être majeur, c'est-à-dire avoir 18 ans révolus avant d’être candidat à la fonction publique. Le secteur privé est également astreint à cette prescription. Cependant, les difficultés de la vie amènent les jeunes ne répondant pas à ce critère de se rechercher du travail. Pour la plupart, ces jeunes de moins de 18 ans ne travaillent que dans l’informel ou dans les ateliers ou secteur agricole. Quant aux jeunes filles, elles sont dans les bars, les restaurants, dans les marchés comme aides ou dans les maisons comme filles de maison ou bonnes. En réalité, les enjeux auxquels ils sont confrontés sont multiples.

      • Du fait de leur jeune âge et de leur manque d’expérience, les jeunes de moins de 18 ans ne connaissent généralement pas la législation relative au travail. De ce fait, ils sont abusés par leurs employeurs exploitants agricoles.
      • Pour les jeunes qui sont installés dans les champs avec leurs parents, ils n’ont rien de nouveau ou rien de plus à apporter aux pratiques agricoles traditionnelles de leurs parents.  Ils n’ont rien de nouveau en matière d’économie agricole à apporter, de nouvelles techniques de production, de conservation, d’élevage, et autres.
      • Ceux d’entre eux qui souhaitent s’installer à leur compte dans la production agricole ont des problèmes d’accès à la terre et d’accès aux moyens de productions.
      •  Les jeunes confrontés aux problèmes d’accès à la terre et aux moyens de productions sont souvent obligés d’aller vendre leurs forces de travaille pendant des années pour gagner l’argent nécessaire pour louer des terres et pour acquérir les moyens de productions
      • Les filles rurales qui souhaitent embrasser la transformation des produits agricoles ou la distribution sont aussi obligées d’aller travailler pour mobiliser le capital nécessaire avec tous les risques d’être détournées par les hommes, les grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH-SIDA.
      • Ces jeunes, puisqu’ils ne sont pas majeurs, ils ne peuvent pas se présenter devant les institutions de financement. Ils ne peuvent non plus  âge de ceux-ci fait
      • Les jeunes n’ont pas de connaissances dans le domaine agricole. Ils leur manque de connaissance en gestion d’exploitation agricole.
      • Les jeunes d’un tel âge n’ont pas les connaissances nécessaires pour organiser la vie et le travail en coopérative.
      • La ville les attire mieux que les zones rurales car le travail en zone rurale ne nourrit pas et n’épanouit pas le jeune rural. Il y a lieu d’inverser cette tendance.
      • Les jeunes non scolarisés ont le problème véritable d’alphabétisation fondamentale et fonctionnelle pour suivre les formations nécessaires pour les récupérer et les orienter vers le secteur agricole.
      • Les jeunes encore en scolarisation ont besoin d’encadrement et d’initiation pendant les congés et lors des vacances. Ce faisant, ceux d’entre eux qui le souhaitent n’auront plus de difficulté à s’insérer dans le secteur agricole.
      • etc…

      Question 3-b : Comment relever ces enjeux ?

      Contribution 3-b : Pour renverser ces tendances, il y a lieu de :

      • mettre en place un système de diffusion au sein de ce groupe cible des normes nationales et internationales relatives au travail, à l’emploi vert  et à l’emploi décent.
      • Préparer la transition pour les jeunes qui souhaitent s’installer dans les champs avec leurs parents. Mettre en place un mécanisme pouvant leur permettre d’apprendre ou de recycler sur les nouvelles pratiques agricoles, les bonnes pratiques en matière d’économie agricole, les nouvelles techniques de production, de conservation, d’élevage, et autres.
      • faciliter au plan local, national et international par des normes d’accès de jeunes à la terre et aux moyens de productions.
      • Privilégier les filles rurales dans l’accès aux moyens et au capital nécessaires pour assurer la transformation des produits agricoles, la distribution ou la production agricole.
      • Exempter par les lois et règlement l’accès au crédits et financement par les jeunes ruraux.
      • Pour assurer une insertion rapide des jeunes ruraux dans le secteur agricole, il leur faut établir un programme de formation alternative en agriculture et en gestion d’exploitation agricole pour qu’ils ne soient pas trop séparés de leurs milieux de vie. Cette formation à mi-temps leur permet d’aller pratiquer ce qu’ils apprennent dans leurs propres exploitations.
      • Faciliter l’adhésion de ces jeunes à des organisations et leur regroupement en coopérative.
      • Assurer l’installation du minimum vital en milieu rural et appuyer la recherche de déboucher aux produits agricoles dans le but de faire en sorte que les jeunes puissent vivre décemment de leur travail.
      • Faciliter l’alphabétisation fondamentale et fonctionnelle aux jeunes ruraux non-scolarisés.
      • Offrir aux jeunes encore en scolarisation la possibilité d’encadrement et d’initiation sur les activités agricoles pendant leurs congés et lors de leurs vacances. Ce faisant, ceux d’entre eux qui le souhaitent n’auront plus de difficulté à s’insérer dans le secteur agricole.
      • Mettre en place, au plan global, une politique qui implique les collectivités territoriales dans la prise en charge des jeunes de moins de 18 ans.

      Question 4-a : Comment les politiques et les programmes peuvent-ils contribuer à relever les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes des zones rurales, de la manière la plus efficace et économique possible ? Si ces politiques et programmes sont ciblés sur les jeunes plus âgés, comment pouvons-nous les appliquer pour soutenir les moins de 18 ans ? Veuillez nous communiquer des exemples pertinents et les leçons que vous avez tirées de votre expérience. 

      Contribution 4-a : Pour relever efficacement les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes, on ne peut que emprunter la voie de bonnes politiques et programmes au plan sous régional, communautaire et national.

      Par exemple au niveau de la Communauté Economique pour le Développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il est lancé l’INITIATIVE FAIM ZERO de l’Afrique de l’Ouest pour éradiquer la faim et la malnutrition de l’espace communautaire d’ici l’an 2025. Un tel programme ambitieux au plan communautaire qui entend se désagréger au plan national tout en prenant en compte plusieurs thématiques comme le genre, la nutrition etc, doit en principe prendre en compte les besoins des jeunes ruraux de moins de 18 ans.  Il est un secteur qui va offrir suffisamment d’emplois dans l’espace CEDEAO dans les dix prochaines années, c’est l’agriculture. Les jeunes de moins de 18 ans constitueront les bras valides sur les différentes fermes agricoles d’ici dix ans. Il sont donc un véritable espoir pour tous aujourd’hui dans l’espace communautaire.  De ce fait, il y a lieu de tenir compte d’eux dans les politiques et de développer des programmes qui les responsabilisent, les rassurent et les assurent de revenus corrects, d’un environnement qui ne les amènent pas à ne rien envier à la ville (leur faciliter l’accès à l’électricité, à l’eau, aux soins de santé moins cher, aux technologies de l’information et de la communication, à Internet à très haut débit et moins cher –par exemple des connexions communautaire-, aux crédits agricoles à faible taux, à l’encadrement technique, aux loisirs, au désenclavement etc…).

      Quand on parle de politiques et programmes, on parle d’abord et avant tout de l’Etat et de leurs associations appelées organisations multilatérales, organisations internationales et organisations communautaires. Au plan national ou au plan international, c’est à eux que revient le privilège de ces initiatives. Nous parlions de l’Initiative Faim Zéro de  l’Afrique de l’Ouest mais il y avait aussi eu les OMD qui sont des exemples de politiques.

      Si la communauté sous-régionale ou internationale décide de commun accord d’une politique, rien ne peut l’arrêter. Cette politique se met forcément en place car elle devient un devoir sacré pour tous les Etats. Mieux, des mécanismes de contrôle et de suivi sont mis en place pour l’auto-évaluation des Etats, pour le suivi et l’évaluation par les pairs, pour suivi et l’évaluation citoyens par la société civile et des dispositifs des organisations internationales.

       

      Pour réussir un programme ciblant la jeunesse rurale de moins de 18 ans, il y a lieu pour les institutions des Nations Unies basées à Rome et leurs divers partenaires, de lancer une initiative globale tournée vers la cible (les jeunes de moins de 18 ans), de mobiliser tous les acteurs autour (les Etats, les ONG, le secteur privé, les organisations internationales, des personnalités de grand charisme et de renom). Il y a également lieu d’édicter une ligne directrice et de fixer une échéance pour une première évaluation.

      Beaucoup d’initiatives vont germer de partout pour concourir à l’atteinte des objectifs de cette politique. En tout cas pour ce qui nous concerne, nous avons essayé une expérience qui peut servir à la construction d’une expérience. Les jeunes ruraux constituent une préoccupation pour notre organisation. C’est pour cela que nous avons accepté que la coordination nationale des cadres de la jeunesse rurale (CNCJR), la Coordination béninoise des jeunes ruraux (CBJR), l’Association nationale des jeunes agriculteurs modernes (AJAM), la Fédération béninoise des parents et tuteurs d’apprentis et de jeunes travailleurs (FEBEPA), l’Association des Enfants et jeunes travailleurs (AEJT) adhèrent à notre alliance nationale. C’est d’ailleurs leurs participations actives aux activités qui nous ont permis de formuler deux projets. Il s’agit du Projet Accès aux marchés des jeunes producteurs ruraux financé par la Fondation espagnole ALIMERKA et du  Projet Ecole de la jeunesse rurale entreprenante financé par un reliquat du financement de la Fondation ALIMERKA entre 2012 et 2015.

      Le Projet Accès aux marchés des jeunes producteurs ruraux est né d’un constat : les jeunes en milieu rural ont bien envie de s’adonner aux activités agricoles (culture, élevage, pêche, pisciculture, plantation d’arbres fruitiers et autres). Mais le problème qui se pose à eux est la recherche de débouchés et les moyens de livraison en temps réel. Le projet a pris sur lui d’une part de connecter les produits de ces jeunes aux grands centres urbains par les technologies de l’Information et de la communication. Il s’était agit de relier les jeunes producteurs de plusieurs zones de production par le téléphone mobile avec un abonnement corporate (groupé) dont la charge est supportée par le projet pour permettre la communication facile et à tout moment aux jeunes producteurs. Dans les grandes villes, des points focaux de recherche de marchés sont mis en place. Quand un marché de poulets locaux est trouvé par exemple, le point focal diffuse l’information dans la zone de production concernée qui dans les 24 heures mobilise la commande qui convoyée dans la ville automatiquement par le premier moyen de transport rencontré. Un fond est mis en place pour payer les producteurs qui ont envoyé les produits. Une fois la livraison faite, le point focal récupère l’argent chez l’acheteur et le reverse au fonds.

      Le projet a d’autre part pris en compte quelques jeunes de moins de 18 ans en situation difficile. C’est sur la chaine de l’élevage de volaille locale très prisée dans les grandes villes que ces jeunes ont été accompagnés. Il a été mis en place un micro-crédit animal. Il s’agissait de prêter trois poules et un coq aux jeunes qui les élèvent traditionnellement. Au bout de six mois, ils remboursent six poulets et deux coquelets qui sont prêtés à d’autres. Cette pratique nous a permis de sécuriser la pérennité de sources d’approvisionnement car leurs productions leurs sont rachetées sur place. Ces jeunes sans trop se gêner ont de revenus qui leur ont permis de continuer à aller à l’école et de régler certains de leurs problèmes.

      Les leçons nées de ce projet nous ont conduits à la mise en place du second projet. Il s’agit du Projet Ecole de la jeunesse rurale entreprenante. Ce projet a été conçu pour combler les failles constatées dans l’autre projet. Le constat était que les jeunes impliqués dans l’autre projet, quoique engagés, manquent de fondamentaux en production et en entrepreneuriat. Pendant les congés et les vacances, nous organisons des formations itinérantes à leur profit dans ce cadre.

      Il faut signaler que le but de nos projets n’était pas de fixer les jeunes en zones rurale mais c’était de leur montrer que s’ils produisent, il est possible pour eux de tirer grand profit de ce qu’ils font sans être détournés de leurs écoles ou ateliers et sans être obligés de quitter leurs villages. Nous avons remarqué tout de même, que les jeunes, au lieu d’aller chercher des jobs de vacances en villes sont retenus et rattachés à leurs activités agricoles.

      Question 4-b : Quelles sont les principales contraintes de capacités que vous rencontrez ou que votre institution/organisation rencontre pour concevoir, mettre en œuvre évaluer les politiques et les programmes destinés à résoudre les problèmes qui touchent les jeunes de moins de 18 ans des zones rurales ? Quelles sont les lacunes en matière de données en ce qui concerne les problèmes les plus fréquents qui touchent à l’emploi et des moyens d’existence des jeunes des zones rurales ?

      Contribution 4-b : Notre organisation, avec ses petits résultats encourageants, est davantage sollicitée par les jeunes. Mais les ressources réduites (personnel d’encadrement et de suivi des jeunes, les ressources financières et techniques…) n’ont pas permis d’aller loin dans l’ambition dans la pérennisation et le dimensionnement des activités.

      Il s’en déduit qu’une politique ou programme de grande envergure, destinée  à prendre réellement en compte et en charge les jeunes ruraux de moins de 18 ans, exige assez de tact mais aussi la mobilisation d’assez de ressources humaines, financières. Surtout, elle exige de la volonté politique au plan national, communautaire et internationale.

      Quand nous parlons de volonté politique, c’est qu’à notre connaissance, l’Etat béninois encore moins les associations d’Etats auxquelles il appartient, n’ont jamais mené une réflexion approfondie sur la situation des jeunes ruraux en général encore moins sur celle de ceux de 15 à 17 ans en particulier, à moins que la preuve contraire nous soit donnée. Or il s’agit d’un sujet de politique concernant la relève en zone rurale, relève qui est sensée nourrir le pays de sa production. Du fait du manque de politique, il n’existe donc pas de données statistiques concernant cette catégorie de jeunes ruraux. Comme il n’y a aucun débat sur eux, il n’est pas possible de retrouver de répertoires officiels de problèmes concernant leur vie, leurs activités et leurs moyens d’existence. Ils sont noyés dans les données communes aux jeunes. Et pour parler d’eux et en leur nom, ce sont les jeunes des grandes villes qui sont mis devant.  

      A cause du rôle important qui leur reviendra dans les années à venir (nourrir les villes), il y a lieu de les reconsidérer et de les placer dans leur vrai rôle en leur accordant l’attention et les moyens nécessaires. Une telle mission, pour prospérer, doit provenir des organisations internationales en direction des Etats. Ainsi fait, elle a toutes les chances de connaître un bon sort. D’abord, elle s’imposera de droit ou de fait ou moralement aux Etats. Ainsi, les organisations de la société civile actives dans le secteur de la jeunesse rurale auront de bonnes raisons à s’organiser pour mettre la pression sur leurs gouvernements en vue de l’atteinte des objectifs qui leur seront fixés.

      Question 4-c : Comment améliorer l’éducation et la formation professionnelle dans les zones rurales de façon à aider les adolescents et les jeunes de zones rurales à participer de façon productive aux activités agricoles et afférentes ? Quelles sont les compétences et quel est le soutien dont ils ont besoin ? Comment se produit la transition entre l’école et le travail pour les jeunes de 15 à 17 ans des zones rurales et quels sont les meilleurs moyens de soutenir les jeunes des zones rurales au cours de cette transition ?

      Contribution 4-c : Pour améliorer l’éducation et la formation professionnelle dans les zones rurales de façon à aider les adolescents et les jeunes de zones rurales à participer de façon productive aux activités agricoles et afférentes, il faut :

      1. Fixer les jeunes ruraux en offrant :
      • aux non scolarisés un programme spécial alliant l’alphabétisation fonctionnelle avec formation en alternance taillée sur mesure en activités agricoles. Pendant qu’ils sont soumis à ces formations, ils seront également installés. C'est-à-dire qu’ils doivent avoir leurs exploitations dans lesquelles ils vont travailler seul ou en coopérative pour gagner de l’argent. Pendant qu’ils sont en formation, il leur faudra une prise en charge totale.
      • aux déscolarisés, il leur faut un léger recyclage en activités agricoles, les installer seul ou en coopérative. Mais il faudra leur apporter une connaissance très pratique sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ainsi, il pourra leur être servi des cours spécifiques à distance ou en ligne en vue du renforcement de leurs capacités.
      • aux jeunes encore en scolarisation, il faut les occuper pendant les congés et les vacances par des formations sur les activités agricoles. Puis leur donner la chance de créer de petites exploitations pouvant leur apporter un peu de revenus surtout à ceux dont les parents sont pauvres. Puisque généralement, ceux-ci, sont obligés pendant les vacances ou les congés pour aller vendre leur force de travail pour acheter les fournitures scolaires et payer leurs contributions scolaires à la rentrée des classes. Moi-même, j’avais été de cette catégorie de jeunes ruraux avant. J’ai assez de témoignages à faire pour qu’on appréhende la vie des jeunes ruraux de cette catégorie.
      • aux jeunes filles particulièrement, il faut une assistance soutenue. Car elles sont très vite détournées par les hommes. Ce qui hypothèque leur avenir.
      1. Formation agricole en alternance

      Mettre en place un programme de formation aux activités agricoles, à la gestion des entreprises agricoles aux jeunes. Modeler la formation à chaque catégorie décrites.

      1. Aider les jeunes à passer à l’acte, c'est-à-dire que pour les non scolarisés, ne pas attendre de longues formations avant de leur faire gouter tout le bonheur que leur travail peut leur apporter en les installant lors des formations. Pour les déscolarisés, il faut également y aller vite. Après un court recyclage, les mettre au travail et assurer le reste des formations par les TIC et autres regroupement sporadiques. Pour les jeunes encore en scolarisation, leur offrir un programme de recyclage permanent doublé d’activités concrètes pouvant leur rapporter de l’argent pour régler leurs problèmes existentiels. Il s’agira dont de mettre à leur disposition des fonds de démarrage sous forme de prêts, les organiser si possible en coopération.

      Ils ont besoin pour ce faire de diverses compétences dans le domaine de l’entrepreneuriat agricole, de l’alphabétisation fonctionnelle, de productions agricoles : pêche, pisciculture, élevage, agriculture, plantation de fruitiers, de transformation de produits agricole, de plantation de fleurs, d’apiculture de etc. ils ont également besoin de connaissances de fondamentaux en matière de vie coopérative, de création d’entreprise, de droit, de fiscalité de drainage, d’irrigation, culture contre saison, de culture hors sol. Du coup, ils ont besoin du soutien de la communauté internationale, de l’Etat et surtout des collectivités territoriales. Pour ce qui concerne les collectivités territoriales, la FAO et ses alliés doivent se rapprocher d’engager un dialogue à ce sujet avec les faîtières des collectivités territoriales au plan mondiale, régional et sous régional. Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest qui m’intéresse, il faut engager ce dialogue avec la CEDEAO, l’UEMOA, et Le Conseil des Collectivités Territoriales de l’UEMOA. Les collectivités territoriales sont plus proches des jeunes en question et il serait bon d’amener celles-ci à les prendre en charge dans leurs divers plans de développement local  

      La transition entre l’école et le travail pour les jeunes de 15 à 17 ans des zones rurales a toujours été brutale : pas de préparation préalable, pas de recyclage, pas de formation spécifique. Ces jeunes se retrouvent sur le terrain de l’emploi et c’est en « forgeant qu’ils deviennent forgerons ».

      Les meilleurs moyens de soutenir les jeunes des zones rurales au cours de cette transition est d’abord l’accompagnement. S’ils se sentent accompagnés, il y aura de faciliter à engager de dialogues fructueux avec eux. Ces dialogues vont faciliter leur orientation dans les secteurs d’activité  agricole de leur choix.

      Question 4-d : Quelles sont les approches les plus efficaces pour surmonter les difficultés additionnelles que les jeunes de moins de 18 ans des zones rurales rencontrent pour avoir accès à des emplois décents, y compris des emplois verts (décents) (par exemple, les compétences, l’inadaptation, les conditions de santé et de sécurité, la discrimination, l’exclusion) ou pour lancer leur propre entreprise (par exemple, les barrières pour accéder au financement, aux organisations de producteurs et aux marchés) ?

      Contribution 4-d :

      Un encadrement et une assistance de proximité sont indispensables pour aider à surmonter les difficultés additionnelles que les jeunes ruraux de moins de 18 ans rencontrent pour avoir accès à des emplois décents, y compris des emplois verts décents. Cette proximité va permettre de vite identifier leurs lacunes et leurs besoins en renforcement de capacités. Cette proximité va également permettre de suivre leurs capacités d’adaptation dans le domaine des activités agricoles, leurs conditions de vie, de santé et de sécurité, les diverses influences de la pression familiale sur eux,  leur capacité d’intégration de leur milieu de travail et des membres de leur nouveau groupe d’activité, leur capacité d’adaptation aux velléités de discrimination et d’exclusion dont ils font l’objet de la part des groupes d’adultes et de jeunes de plus de 18ans. Ces suivis de proximité vont les aider à avoir confiance en eux pour ne pas déserter à cause de ces futilités. Les collectivités territoriales seront associées à ce suivi car les problèmes d’accès à la terre peuvent trouver en large partie ses solutions par elles.

      A coté de cette approche, il faut encourager l’émergence de coopératives et d’organisations émanant de ces jeunes ruraux. « L’union fait la force » dit-on. La création d’un vaste mouvement au plan national, au plan régional et international de jeunes ruraux va susciter des mouvements similaires des cadres d’appui de la jeunesse rurale. Ainsi, les barrières pour accéder au financement, aux marchés d’intrants, aux organisations de producteurs et aux marchés de débouchés seront levées. La jeunesse de ce type d’agriculteurs rime avec l’émergence des TIC qui seront leurs outils privilégiés d’échange d’expérience, de formation, de recherche de financement, de recherche de débouchés, de recherche de partenaires. Il reviendra d’inscrire dans les politiques et programme à leur profit ce volet des TIC. Dans les villages, des points INTERNET vont être installés pour permettre à ces jeunes agriculteurs de type nouveau de se connecter pour travailler et communiquer avec leurs partenaires dans le monde entier.

      Contribution de M. Félix Tékpon GBLOTCHAOU,

      Formateur Certifié des Jeunes ruraux,

      Prédisent de l’Alliance Contre la Faim et la Malnutrition du Bénin,

      Président de la Plateforme Ouest Africaine des Alliances nationales Contre la Faim et la Malnutrition.