Comment une espèce envahissante d’escargot de mer a favorisé la coopération en mer Noire
31/10/2020 | À partir 200 m et jusqu'à son point le plus profond, à 2200 m, la mer Noire est presque aussi dépeuplée qu'une planète-désert. Pourtant, sa surface abrite un écosystème riche et productif qui constitue la force vitale des communautés côtières depuis des millénaires. C'est dans ce milieu fertile que l'espèce envahissante Rapana venosa (communément appelée «rapana veiné») s'est établie et a proliféré, menaçant les écosystèmes locaux du fait de son prodigieux appétit pour les autres mollusques. Rapa whelk in Turkey©Central Fisheries Research Institute (SUMAE) | |
S’il est tenu en échec par ses prédateurs naturels dans ses habitats natifs du Pacifique occidental, le rapana veiné a rencontré très peu d'obstacles en mer Noire, se retrouvant ainsi au sommet de la chaîne alimentaire, libre de choisir parmi un buffet varié d’espèces indigènes pour se nourrir. Il va sans dire que son arrivée a entraîné un déclin considérable de plusieurs espèces commerciales de la mer Noire.
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Des chercheurs et des pêcheurs de plusieurs pays ont balayé la mer Noire et effectué 300 traits de Rapana venosa. «Cette campagne en mer aura un impact scientifique important car elle fournira des informations précieuses sur la biologie et l'écologie du rapana veiné en mer Noire. Cela constituera un atout majeur pour une gestion durable du stock», a déclaré le Dr George Tiganov de l’Institut National de Recherche et de Développement des Pêches Marines de Roumanie. | Sorting Rapa whelk in Romania ©National Institute for Marine Research and Development “Grigore Antipa” (NIMRD) |
Rapa whelk in Ukraine ©Southern Research Institute of Marine Fisheries and Oceanography in Odessa | Cette campagne, qui s’inscrit dans le cadre du projet BlackSea4Fish de la CGPM exclusivement financé par l’Union européenne, fournira des estimations sur la répartition, l’abondance et la structure par âge de la population de rapana veiné en mer Noire. «Cette campagne est cruciale d’un point de vue scientifique», a expliqué le Dr Oleksandr Chashchyn, de l’Institut de recherche sur la pêche marine et l’océanographie (YugNIRO) à Odessa. «Elle nous permettra de faire des recommandations pratiques aux pêcheurs». |
Ces données sont en effet essentielles pour la gestion, à ce stade critique où il s’agit de trouver un équilibre entre la protection des écosystèmes indigènes contre cette espèce envahissante et la préservation du stock d'une espèce de plus en plus importante d’un point de vue commercial. Au terme de cette première campagne, les coordinateurs de l'étude prévoient de renouveler le processus deux fois par an afin de se tenir informés sur les principales dynamiques de la population.
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Sorting Rapa whelk in Bulgaria ©Institute of Fish Resources | Measuring Rapa whelk in Turkey ©Istanbul University |
«Nous sommes particulièrement fiers que les objectifs de la Déclaration ministérielle de Sofia de 2018 aient été atteints, a affirmé Valérie Lainé, Chef de la délégation de l’Union européenne auprès de la CGPM. Le projet BlackSea4Fish est la concrétisation d’une coopération scientifique exemplaire entre les pays de la mer Noire et cela permettra en fin de compte d’améliorer les avis scientifiques». «Nous sommes heureux que la CGPM continue d’accroître sa présence en mer Noire grâce au soutien de l’ensemble des pays membres, de l’Union européenne et du projet BlackSea4Fish», a déclaré M. Abdellah Srour, Secrétaire exécutif de la CGPM. «C'est un incroyable exemple de collaboration», a ajouté le Dr Nazli Demirel, Coordinatrice du projet BlackSea4Fish, qui considère la campagne comme une référence pour les futurs efforts de coopération visant à évaluer des situations similaires. «Pour la première fois en mer Noire, plusieurs pays effectuent une campagne en même temps et avec la même méthodologie, et nous espérons étendre cette synergie à d'autres espèces commerciales clés». | |
Sorting Rapa whelk in Georgia ©National Environmental Agency |