FAO.org

Sur les 120 millions de personnes qui travaillent dans les secteurs de la pêche de capture et de l'après-récolte, près de 50 pour cent sont des femmes, selon les derniers rapports sur la Situation des pêches et de l’aquaculture à l'horizon 2020. Pourtant, la prise conscience de leur travail et de leur contribution est limitée par des formes de discrimination et des pratiques bien ancrées. Cela est également dû au manque de données mettant en évidence la participation des femmes à tous les niveaux des chaînes de valeur du poisson et leur représentation dans la gestion gouvernementale de la pêche, les institutions de recherche et les associations professionnelles.

Kigoma, Tanzanie – femmes nettoyant du poisson sur la plage © FAO, Simon Maina

Le Programme EAF-Nansen reconnaît l'importance d'assurer l'égalité des sexes, qui est au cœur du mandat de la FAO dont l’objectif est d’assurer la sécurité alimentaire pour tous en favorisant l'autonomisation des femmes dans tous les domaines d’activité et en renforçant les capacités humaines et institutionnelles dans les pays partenaires. Au cours de la phase actuelle qui a débuté en 2017, environ 700 participants – 25 pour cent de femmes et 75 pour cent d'hommes – de 39 pays ont rejoint les campagnes réalisées à bord du navire de recherche ultramoderne, le Dr Fridtjof Nansen, et un nombre encore plus important de personnes ont participé à des cours de formation et bénéficié de matériels de formation, d'outils et de publications scientifiques.
L'un des pays partenaires du Programme est la République-Unie de Tanzanie où la pêche joue un rôle majeur dans la réduction de la pauvreté. La pêche artisanale emploie plus de 200 000 pêcheurs à temps plein et fait participer plus de 4 millions de personnes à des activités liées à la pêche. Cependant, malgré les avantages socioéconomiques et culturels, la pêche artisanale est confrontée à de nombreux défis liés au genre.

«Nos plus grands défis sont la violence sexiste et l'accès limité aux services financiers, aux marchés et à la technologie pour les femmes et les autres groupes vulnérables», a déclaré Me Upendo Hamidu, responsable des questions de genre au Ministère de l'élevage et de la pêche en Tanzanie. Me Hamidu a également mentionné qu’: «Il y a également un manque de données sur les femmes dans le secteur de la pêche, et qu’il est nécessaire d’accroître la sensibilisation aux questions relatives au genre en Tanzanie – à la fois au sein des communautés de pêcheurs et auprès des décideurs – pour apporter un changement».

Me Upendo Hamidu, responsable des questions de genre dans le secteur de la pêche au Ministère de l'élevage et de la pêche en Tanzanie. © Ministère de l'élevage et de la pêche, Tanzanie

Le Ministère de l'élevage et de la pêche a lancé un projet dédié au soutien de la mise en œuvre du plan de gestion de la pêche des petits et moyens pélagiques du pays en août 2019, avec le soutien du Programme EAF-Nansen. L'objectif du projet est de faire en sorte que les pêcheries pélagiques de petite et moyenne taille soient gérées plus efficacement tout en créant des avantages durables et en intégrant les questions relatives au genre dans les activités convenues. À la fin du projet, il est prévu que les capacités humaines et institutionnelles en matière de gestion des pêches en Tanzanie soient améliorées.

En outre, avec le soutien de la FAO par le biais du Programme EAF-Nansen et du Projet en faveur des Directives pour une pêche artisanale durable («Capacity support towards the implementation of the Voluntary Guidelines for Securing Sustainable Small-Scale Fisheries in the Context of Food Security and Poverty Eradication in Tanzania»), le Ministère de l'élevage et de la pêche a créé un «Bureau des questions relatives au genre» en complément d’autres activités de renforcement des capacités dans le domaine de l'égalité des sexes au sein du Ministère.

Un atelier de trois jours s'est tenu à Morogoro, en Tanzanie, du 21 au 23 avril 2021, afin de former les membres de ce Bureau sur les questions de genre dans le secteur des pêches et d'élaborer un plan d'action institutionnel en matière d'égalité hommes-femmes. Dix-huit participants issus de différentes divisions du Ministère tanzanien et d'autres acteurs clés y ont participé. Les sessions se sont déroulées avec des présentations, des discussions sur les concepts et les approches de genre, les outils d'intégration du genre et la manière de mener des évaluations d'impact. Au cours de ces sessions, les participants ont également été informés sur les problématiques de genre dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture dans le pays, ce qui leur a permis de mieux comprendre les forces et les lacunes dans les secteurs, d'indiquer les priorités nécessaires pour planifier et mettre en œuvre des programmes, des projets et des politiques de développement durable et équitable.

«L'atelier a été très instructif et m'a ouvert les yeux car j'ai acquis des connaissances sur plusieurs concepts relatifs au genre et j'ai découvert des outils d'intégration du genre tels que les budgets qui prennent en compte le genre», a déclaré Me Emanuela Mawoko, responsable principale de la pêche au Ministère de l'élevage et de la pêche en Tanzanie qui a participé à l'atelier.

Globalement, l'atelier a mis en évidence l'importance de la pêche artisanale et la nécessité de favoriser l'égalité des sexes dans le secteur de la pêche – des sites de débarquement du poisson au niveau du ministère – par la création d'un «bureau sur les questions de genre dans le secteur de la pêche» et la finalisation d'un «plan de travail sur les questions de genre» spécifique à mettre en œuvre par le ministère.

Grâce aux précieuses contributions et aux travaux des participants à l'atelier, les activités se poursuivront afin de garantir la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en place du Bureau sur les questions de genre dans le secteur des pêches d'ici juillet 2021 et à la mise en œuvre du «Plan de travail sur les questions de genre», conformément au nouveau «Plan d’action sur les questions de genre» du ministère. À terme, l'objectif est d'autonomiser les femmes dans le secteur de la pêche et de réduire d'au moins 50 pour cent, d'ici 2023, la violence à l'encontre des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées dans les communautés de pêcheurs en Tanzanie.

Le rapport de l'atelier sera bientôt disponible.

Liens utiles:

• La stratégie relative au genre du Programme EAF-Nansen
• Les Directives pour une pêche artisanale durable: Équité et égalité des sexes 
• La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2020 (SOFIA)

Pour plus d'information:
[email protected]