Points clés
La République démocratique populaire lao est riche en biodiversité et la population met quotidiennement à profit cette biodiversité agricole pour se nourrir, se soigner et faire du commerce. Pourtant, ces ressources sont menacées par l’évolution des pratiques agricoles et de l’utilisation des terres, en raison notamment de leur surexploitation. Le projet en cours vise à garantir la prise en compte dans les politiques nationales des enjeux liés à la biodiversité agricole. Il doit aussi permettre aux agriculteurs de continuer à bénéficier de la biodiversité dans leur système de production. Depuis 2011, ce projet, qui bénéficie du soutien technique de la FAO et qui est financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ainsi que par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), oriente la formulation des politiques. Dans le cadre de cette initiative, des agriculteurs du district de Phonexay ont bénéficié d’une formation à la culture des pleurotes en forme d’huître. En octobre 2014, un groupe de cultivateurs de champignons a été créé, avec l’appui technique de la FAO et du centre local des services techniques.
Intégrer les agriculteurs aux marchés à forte valeur ajoutée
Mme Vieng, 32 ans, dit désormais avec fierté qu’elle est devenue cultivatrice de champignons. Elle sourit alors qu’elle sort de son sac un champignon en forme d’huître qu’elle a appris à cultiver dans le cadre d’une formation collective à Huayman, son village natal situé dans le district de Phonexay, en RDP lao.
En compagnie de trois autres groupes de villageois, elle et sept autres habitants de Huayman ont démarré cette formation en octobre 2014. Ils ont rapidement appris à préparer la matière première grâce aux conseils du centre des services techniques situé dans le village voisin de Nambor.
Il y a dans cette zone une longue tradition de cueillette des champignons sauvages pour se nourrir. Mais peu d’agriculteurs savent les cultiver. Afin d’approfondir leurs connaissances, les groupes de cultivateurs de champignons ont participé à un voyage d’étude à Luang Prabang. Ils y ont rencontré deux cultivateurs de champignons prospères. A cette occasion, ils ont pu constater que les pleurotes en forme d’huître se vendaient facilement sur les marchés de Luang Prabang, à un prix compris entre 20 000 et 25 000 kip le kg (entre 2,5 et 3 dollars EU).
En partenariat avec un expert du Département de l’agriculture du Ministère de l’agriculture et des forêts à Vientiane, les facilitateurs du centre des services techniques ont proposé aux villageois une formation à la culture des pleurotes en forme d’huître. Ceux-ci y ont vu une belle opportunité.
Cela fait déjà un an que Mme Vieng participe à ce groupe. «Grâce à la formation, notre groupe a produit 1,5 tonne de pleurotes en forme d’huître. Cela me permet de passer moins de temps dans la forêt voisine à chercher de la nourriture», explique-t-elle. Au total, ils ont gagné 20 millions de kip (2 500 dollars EU) et 60 pour cent de cette somme a été déposée sur un compte dans une banque locale.
Comme Mme Vieng, nombre de villageois bénéficient désormais d’un revenu supplémentaire qui leur permet d’améliorer leurs conditions de vie et de mieux subvenir aux besoins de leurs enfants.
Le pleurote en forme d’huître est une espèce facile à cultiver. Il faut toutefois être très vigilant pour éviter toute pollution à chaque étape du processus : stérilisation des sacs de matières premières, inoculation et propreté des serres.
«La culture des pleurotes fonctionne merveilleusement bien parce que les villageois ont compris les règles sanitaires simples à respecter, tel que le maintien d’un taux d’humidité optimal grâce à un arrosage régulier dans les serres. C’est là que réside la clé de leur succès», explique d’ailleurs Mme Viengkham, experte du Département de l’agriculture.
Les groupes de culture des pleurotes en forme d’huître dans le district de Phonexay ont éveillé l’intérêt et la motivation des autres villageois de la région. «Quand j’en ai entendu parler, j’ai demandé aux organisateurs la possibilité de rejoindre l’un de ces groupes et de participer à une session de formation. Je sais désormais comment cultiver les champignons », explique ainsi M. Hounpheng, agriculteur résidant dans le village de Panma, situé à environ 18 kilomètres du centre des services techniques de Nambor.
Les groupes de culture des champignons vont effectuer leur troisième récolte en 2016, date à partir de laquelle ils devraient être en mesure de les cultiver sans assistance technique.
Politiques en faveur de la sécurité alimentaire et du développement agricole
Grâce à une solide coopération avec le Ministère de l’agriculture et des forêts, la FAO est devenue un partenaire de confiance pour développer des politiques essentielles dans le pays. Au début de l’année 2015, la FAO a collaboré avec la Banque mondiale à la formulation du Plan d’action et d’investissement stratégique du gouvernement, axé sur la mise en œuvre de la nouvelle politique nationale de développement de la filière riz. L’intervention de la FAO visait à fournir des conseils sur l’adoption d’approches durables en matière de sécurité alimentaire, à travers l’augmentation de la production et la promotion des échanges et des exportations.
