Gestion Durable des Forêts (GDF) Boîte à outils

Santé et sécurité au travail dans les forêts

Le module sur la Santé et la sécurité au travail dans le secteur forestier s’adresse à tous les travailleurs forestiers, notamment les gestionnaires et superviseurs forestiers.

Il fournit des informations de base et des données plus exhaustives sur les dangers pour la santé et la sécurité humaines que présentent certaines activités forestières et identifie des mesures à prendre pour les atténuer. Le module fournit aussi des liens vers des outils et des études de cas pertinents.

Le secteur forestier emploie près de 14 millions d’individus à l’échelle mondiale, dont quatre millions dans l’emploi formel et dix millions environ dans le secteur informel.

Il est estimé que les femmes comptent pour dix pour cent de la main-d’œuvre forestière formelle mondiale et qu’elles tendent à être chargées de tâches faiblement rétribuées. Les entrepreneurs exécutent une part grandissante du travail forestier formel, réduisant la sécurité d’emploi pour les travailleurs qui sont recrutés de façon croissante sur la base de contrats à court terme. Les taux d’accidents sont plus élevés et les problèmes de santé plus répandus parmi les travailleurs employés à court terme que parmi le personnel permanent. L’augmentation de la main-d’œuvre contractuelle a accru aussi la rotation de la main-d’œuvre, aggravant ainsi les pénuries de spécialisations.

Les salaires dans le secteur forestier sont bien inférieurs à la moyenne industrielle dans la plupart des pays. Le salaire à la pièce est le système salarial dominant, et les syndicats sont inexistants ou faibles dans de nombreux pays. De nombreux travailleurs forestiers ne peuvent faire entendre leur voix pour assurer que leurs droits sont respectés, y compris leur droit à la sécurité et à la santé au travail.

Codes de pratiques

Un grand nombre de pays ont des codes de pratiques – des ensembles de règlements, de prescriptions et de recommandations – relatifs à la santé et la sécurité dans le secteur forestier, bien qu’ils varient largement en termes de portée et de couverture. Ces codes peuvent être un complément utile des lois et règlements de sécurité qui ne sont pas nécessairement proprement forestiers.

Au moins deux codes de pratiques internationaux concernant la santé et la sécurité dans le secteur forestier ont été élaborés : Le Code modèle FAO des pratiques d’exploitation forestière (1996) et La sécurité et la santé dans les travaux forestiers du Bureau international du travail (publié initialement en 1969 et révisé en 1998). Le statut juridique des codes de pratiques nationaux varient. Ainsi, ils peuvent être contraignants juridiquement ou non. Les programmes de certification de la gestion des forêts contiennent aussi normalement des dispositions relatives à la santé et à la sécurité des travailleurs.

Récolte du bois

Récolte du bois

Matériel de protection. Les travailleurs forestiers disposent d’une large gamme de matériels de protection personnelle permettant de minimiser le risque de blessures. Des vêtements protecteurs peuvent réduire le risque de blessures causées par les scies à chaîne : ainsi le capitonnage des jambières de cuir (portées sur le pantalon) et les pantalons des scieurs comprennent des centaines de fibres de polyester, polypropylène ou nylon qui obstruent la chaîne de la scie à chaîne et l’empêche ainsi de traverser le vêtement jusqu’à la peau du travailleur. Il existe aussi des vêtements protectifs qui résistent à la coupe si bien que la chaîne « glisse » sur leur surface.

Les chaussures de caoutchouc de protection dotées d’une doublure résistante aux coupures sur la partie supérieure de la tige, et de bouts métalliques peuvent protéger contre les coupures de la scie à chaîne et d’autres dangers. Toutefois, les bottes en caoutchouc sont désagréables à porter dans les climats chauds mais celles en cuir ou les chaussures à hauteur de cheville munies d’une doublure résistante aux coupures et de bouts renforcés peuvent être utilisées. Les bottes et chaussures devraient aussi être conçues pour limiter le risque de dérapage ou de chute, et des soles imperméables aux produits chimiques pourraient aussi être nécessaires, en particulier dans les opérations forestières comportant l’application de pesticides.

Les casques protègent contre les objets qui tombent et les rebonds de la scie à chaîne. Ils devraient être confortables et aussi légers que possible sans compromettre leur résistance et leur durabilité. La résistance des casques en plastique et alliage décroît avec l’âge et ils doivent donc être remplacés régulièrement. Les bandeaux antisudation doivent être ajustés correctement. Les casques devraient comprendre des dispositifs incorporés pour l’installation de visières et oreillères.

Les dispositifs de protection du visage et des yeux ajustés aux casques sont normalement en aluminium ou maille de fibres de verre. Bien que la maille réduise la lumière incidente, la plupart des opérateurs la préfèrent aux écrans et lunettes de protection en Perspex qui s’embuent facilement. Les protecteurs d’oreilles devraient être certifiés et serrer étroitement la tête (voir les vidéos suggérées dans Outils).

Coupe. La scie à chaîne est l’outil le plus dangereux dans les opérations forestières, le scieur est le plus exposé des travailleurs et la coupe et le tronçonnage sont les activités où des accidents graves ou mortels sont le plus susceptibles de se produire. Les travaux réalisés sur des arbres encroués et des peuplements abattus par le vent sont particulièrement dangereux.

Un autre danger est le rebond de la scie à chaîne qui a lieu quand le quart supérieur du nez du guide heurte un objet produisant un rebond instantané de la scie à chaîne souvent en direction de l’opérateur. Le risque de rebond peut être minimisé en évitant le contact entre le nez du guide et l’arbre et en saisissant toujours la scie par les poignées avec les deux mains et en la tenant toujours devant le corps, mais pas au-dessus des épaules.

Le tronçonnage des fûts a souvent lieu près du sol, procurant un tour de reins à l’opérateur alors que la hauteur de travail idéale est au niveau de la hanche, ce qui peut se faire en utilisant d’autres arbres abattus comme « bancs ». La scie à chaîne devrait reposer partiellement sur le fût pendant l’ébranchage. Les tâches répétitives sur des périodes prolongées peuvent déterminer des entorses répétées et devraient être évitées (voir les vidéos sur le maniement sûr de la scie à chaîne dans Outils).

Le bruit et la vibration de la scie à chaîne sont des dangers potentiellement graves. La perte d’audition est commune chez les opérateurs de scies à chaîne, mais ils peuvent réduire le risque en portant en permanence des protecteurs d’oreille adaptés. Le risque de dommages dus à la vibration de la scie à chaîne a été atténué par l’introduction de scies à chaîne dotées d’amortisseurs de vibrations ; bien qu’elles subsistent encore dans certains pays, les scies à chaînes non dotées de ce mécanisme devraient être évitées.

Machines. L’avènement des climatiseurs et des cabines insonorisées pour les machines à siège comme les débusqueuses et les chargeuses ont diminué fortement les dangers pour la santé et la sécurité liés aux extrêmes de température, au bruit et à la poussière. Les vibrations globales du corps et les entorses répétées existent encore même lorsque des machines modernes sont utilisées, mais leur incidence a été réduite, y compris grâce à l’utilisation de listes de contrôle ergonomiques (voir ci-dessous). La rotation des tâches est une autre pratique qui peut limiter l’exposition aux vibrations globales du corps et, partant, au risque de dommages connexes.

Tous les engins à siège sont sujets au risque de capotage, de heurts ou de pénétration d’objets comme des arbres et des branches, de vibrations globales du corps, de bruit et d’émanations. Ces inconvénients sont particulièrement graves pour les machines qui ne sont pas construites expressément pour les opérations forestières ou qui ne sont pas dotées de dispositifs modernes de sécurité et de protection de la santé comme les cabines fermées et climatisées et les structures de protection de l’opérateur. Le stress est un autre danger pour les opérateurs de machines, qui peuvent devoir prendre de nombreuses décisions rapides pendant la journée de travail. Les opérateurs propriétaires et ceux payés à la pièce doivent aussi faire face au stress additionnel de la recherche permanente d’une haute productivité.

Les travaux répétitifs et statiques peuvent s’avérer problématiques pour les opérateurs. De nombreux opérateurs de machines se plaignent de douleurs au cou ou aux épaules qui peuvent être limitées par la rotation et l’extension des tâches.

Les débusqueuses utilisant des câbles ont besoin d’élingueurs dans la forêt et sur les jetées. La bonne communication entre les opérateurs de machines et les élingueurs est essentielle pour garantir la sécurité des opérations.

Systèmes à câble. Les dangers potentiels liés aux systèmes d’extraction des billes par câble comprennent les impacts mécaniques, la rupture des câbles, des dispositifs d’ancrage, des pylônes et des supports ; et le mouvement imprévu ou incontrôlable des câbles, chariots, élingues et chargements. Des risques particuliers sont associés à l’accrochage et au décrochage des chargements. Parmi d’autres dangers figurent le bruit, les vibrations et les positions de travail incommodes.

Transport

Transport

Les jetées pour les billes et les terminus de rechargement sont parmi les milieux de travail les plus dangereux dans le domaine forestier. Ce sont des lieux très encombrés et de nombreuses opérations différentes – comme le chargement et le déchargement, l’écorçage, l’ébranchage et le déchiquetage – sont souvent effectuées simultanément. Les billes pourraient être empilées en tas instables et la pluie et la neige peuvent rendre glissant le terrain Les véhicules en cours de manœuvre sont le danger principal. Les risques peuvent être réduits par l’utilisation par les opérateurs de matériel de protection, l’entretien correct des outils et machines, la disponibilité d’opérateurs et superviseurs formés adéquatement et la séparation des tâches manuelles et mécaniques. Les opérateurs préposés au chargement pourraient travailler pour une organisation différente de celle des chauffeurs de grumiers, il faudrait donc préétablir des moyens faciles à comprendre de communiquer les dangers et les systèmes de travail sûrs sur les jetées et aux terminus de rechargement.

Les grumiers adaptés à la tâche devraient être bien entretenus et opérés par des conducteurs agréés et formés correctement. Il faudrait éviter la surcharge et des tendeurs devraient être utilisés pour fixer les chargements.

Sciage à la scie à chaîne

Le sciage manuel à la scie à chaîne entraîne un risqué élevé de blessures et de fatigue. Éliminer le calibrage de la profondeur de la chaîne pour augmenter la vitesse de coupe est une pratique répandue qui accroît aussi le risque de rebonds. D’autres dangers pour la santé résident dans la mauvaise posture et les niveaux élevés de bruit et de vibration. La plupart des facteurs de risque associés au sciage à la scie à chaîne peuvent être réduits grandement  par l’utilisation d’accessoires qui sont malheureusement encore rares dans beaucoup de pays.

Produits forestiers non ligneux

Produits forestiers non ligneux

Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont souvent récoltés par des individus dans des lieux reculés et les secours pourraient être éloignés quand des accidents s’avèrent. Grimper aux arbres, couper, creuser, récolter, cueillir et transporter manuellement des produits font partie intégrante de toutes les activités de récolte des PFNL et toutes présentent des risques. D’autres dangers comprennent le travail répétitif et statique, l’emploi d’outils impropres, le relief accidenté et le contact avec des plantes vénéneuses et des animaux venimeux. Les accidents liés à la coupe constituent le danger le plus fréquent. La formation et le choix et l’entretien de l’outil correct peuvent contribuer à limiter les risques. La formation devrait comprendre des techniques ergonomiques de base, la planification, les évaluations des risques et des mesures de précautions.

Gestion et maîtrise des incendies de forêts

Gestion et maîtrise des incendies de forêts

Les activités principales relatives à la gestion des incendies sont le brûlage dirigé et la prévention, la détection et l’extinction des feux (voir Gestion des incendies de végétation). Les risques comprennent l’exposition à la chaleur excessive dégagée par le feu, l’inhalation d’émanations toxiques (monoxyde de carbone), l’irritation oculaire due aux particules et les brûlures. Les facteurs qui peuvent augmenter les dangers présentés par le feu comprennent la visibilité réduite, le terrain accidenté, les problèmes logistiques, le travail nocturne, les changements de direction du vent, le stress et la fatigue. Une structure organisationnelle efficace d’extinction du feu peut éviter les pertes de vies humaines et de propriétés.

Dangers chimiques

Dangers chimiques

Les scies à chaîne et les débroussailleuses sont des sources d’émissions de gaz d’échappement qui comprennent le benzène et le formaldéhyde tous deux soupçonnés d’être carcinogènes. Les pulvérisations des huiles utilisées dans les scies à chaîne et les débroussailleuses peuvent causer des irritations cutanées, des yeux et du système respiratoire, qui peuvent être minimisées par le port de lunettes de protection et de gants et par des lavages réguliers.

L’exposition aux herbicides et pesticides dans le secteur forestier peut provoquer une variété de problèmes de santé. Du matériel de protection personnel, comme les salopettes, bottes, gants et, pour les agents toxiques, dispositifs respiratoires devraient être utilisés. Il faudrait éviter de fumer et de manger lorsque l’on manipule des produits chimiques.

Dangers biologiques

Les dangers biologiques comprennent les réactions allergiques aux plantes, au pollen, aux produits ligneux et aux piqûres d’insectes ainsi qu’aux morsures de serpents et aux maladies  qui peuvent être causées, par exemple, par les moustiques et les tiques. Les dangers présentés par de nombreux agents biologiques peuvent être atténués par une formation adéquate, une gestion efficace (en limitant les lieux de reproduction des moustiques à proximité des campements et par l’emploi de moustiquaires) et un haut degré d’hygiène personnelle.

Conditions de vie

Conditions de vie

Les travailleurs forestiers vivent souvent dans des campements situés dans des zones reculées qui devraient satisfaire à des normes minimales d’assainissement, de confort et de services respectueux de la dignité humaine. Un régime alimentaire équilibré devrait être disponible et des quantités suffisantes d’eau potable et d’autres boissons non alcoolisées sont aussi essentielles.

Listes de contrôle ergonomique

Des listes de contrôle ergonomique sont des outils précieux pour évaluer et améliorer les conditions des lieux de travail. Elles sont particulièrement utiles pour :

  • l’évaluation de nouveaux outils, machines, autres matériels et techniques et les réorganisations du lieu de travail ;
  • l’achat de nouveaux outils, machines et matériels ;
  • la conduite d’inspections de sécurité.

Voir Outils pour des modèles de listes de contrôle créés par la FAO et l’Organisation internationale du travail.

Compétences et formation

De nombreux travailleurs forestiers reçoivent une formation “sur le tas” et souvent cette formation se borne à l’imitation ou l’apprentissage par essai et erreur. Même dans les pays industrialisés, de nombreux propriétaires forestiers, des travailleurs autonomes et des entrepreneurs ne reçoivent pas une formation correcte. Pour certains travaux, la formation mobile – où des instructeurs spécialisés se déplacent pour se rendre aux lieux de travail –est une solution efficace et efficiente de substitution aux écoles et aux centres de formation. Les programmes de certification pour les opérateurs de scies à chaîne ont donné aussi des résultats prometteurs.

Des directives et un soutien ultérieurs sur la santé et la sécurité au travail dans le secteur forestier figurent dans les sections  outils et études de cas du présent module.