Abdillahi Abdi Wayrah, Somalie


«Les chameaux sont pour les Somaliens les animaux les plus importants – toute notre subsistance dépend d’eux.»

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© FAO Creative Insights Abdillahi Hassan

01/02/2025

Abdillahi Abdi Wayrah ne peut imaginer sa vie sans ses chameaux. Cet homme de 64 ans, originaire du village de Boodhley, dans le nord de la Somalie, a passé sa vie à les élever et à les garder, ce qui constitue l’une des traditions immuables du mode de vie somalien.

La poésie orale somalienne évoque souvent les sacrifices que les gens font pour leurs chameaux. Les dots de mariage étaient autrefois payées en chameaux et ces derniers constituent toujours un important mode de paiement pour la diya, compensation que les gens versent pour les torts qu’ils ont causés.

«Les chameaux sont pour les Somaliens les animaux les plus importants – toute notre subsistance dépend d’eux», explique Abdillahi. «Nous buvons leur lait, nous consommons leur viande et nous les vendons pour, avec ces revenus supplémentaires, répondre à d’autres besoins.»

© FAO Creative Insights Abdillahi Hassan

Cependant, être éleveur en Somalie ne va pas sans difficultés. «Tout d’abord, il y a les sécheresses», explique Abdillahi, ajoutant que, heureusement, «les chameaux sont des animaux résistants – ils peuvent s’adapter à ces chocs climatiques». Néanmoins, cela signifie que les éleveurs aussi doivent s’adapter. Les communautés collectent l’eau de pluie par anticipation, par exemple, et partagent les pâturages avec les villages voisins.

L’autre problème, selon lui, est que de plus en plus de pâturages sont convertis en exploitations agricoles et autres utilisations des sols.

C’est pourquoi Abdillahi a commencé à produire son propre fourrage, pour réduire la nécessité d’un pâturage constant. Avec l’aide de ses fils, il a défriché sa ferme pour y planter du sorgho, du maïs et du sésame destinés à l’alimentation animale. Son fils Mohamed, âgé de 30 ans, a participé à une formation sur la production, la manipulation et le stockage du fourrage et a pris la tête de l’opération. En cours de route, il a partagé ses nouvelles connaissances avec son jeune frère, Muhiyadin, âgé de 26 ans, qui aide à s’occuper des chameaux de la famille.

© FAO Creative Insights Abdillahi Hassan

«J’ai hérité ces chameaux de mon père», explique Abdillahi. «Et je souhaite que mon fils [Muhiyadin] prenne un jour la relève et perpétue la tradition».

Il espère que les innovations dans le domaine de l’élevage des chameaux se multiplieront, de façon que la profession reste attrayante pour les nouvelles générations.

Le gouvernement y tient également, et des jeunes comme les fils d’Abdillahi peuvent désormais s’inscrire à divers projets qui les forment à différents moyens de se constituer de solides moyens de subsistance en rapport avec les chameaux, qu’il s’agisse de les élever plus efficacement ou de commercialiser du fourrage de grande valeur. Ils peuvent également apprendre à mieux gérer leurs ressources, comme les pâturages et l’eau, face au changement climatique, ou devenir des agents de santé animale pour assurer de meilleurs soins vétérinaires dans les zones rurales.

Abdillahi regarde Muhiyadin manipuler les chameaux avec fierté. «Il est prêt à prendre la relève.»