Plateforme mondiale des Champs-Écoles des Producteurs

Construire la résilience grâce aux champ écoles des agriculteurs : les efforts de la FAO pour protéger le climat au Zimbabwe face aux menaces d'El Niño

21/05/2024

Le phénomène climatique El Niño compromet la sécurité alimentaire en Afrique australe. Avec 70 % de la population dépendant de l'agriculture, la hausse des températures et les sécheresses sévères menacent la région. Le Zimbabwe, après le Malawi et la Zambie, a déclaré l'état de catastrophe naturelle en raison de la sécheresse.

En réponse à l'impact dévastateur sur les populations, l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) au Zimbabwe, à travers le projet ACP-MEAs 3 en collaboration avec le Ministère des Terres, de l'Agriculture, de la Pêche et du Développement rural, a pris des mesures pour améliorer la résilience des communautés rurales.

Dans les districts ruraux de Gokwe, Makoni et Mt Darwin, la FAO travaille avec des groupes d'agriculteurs des écoles de champ (CEP) en promouvant des pratiques pour mieux s'adapter aux effets du changement climatique en utilisant des solutions basées sur la nature. Grâce à ces CEP, les agriculteurs apprennent et développent des solutions basées sur les écosystèmes, intégrant de nouvelles technologies et des connaissances traditionnelles pour relever leurs défis au niveau communautaire.

Pour la saison actuelle 2023/24, les CEP dirigées par la FAO ont répondu aux menaces de sécheresse induites par El Niño en recentrant leurs études expérimentales sur la protection des cultures face au climat, les pratiques agricoles basées sur les écosystèmes et la diversification des cultures. Les agriculteurs ont réussi à planter tôt et appliquent des techniques de récolte d'eau et de conservation de l'humidité sur le terrain.

 

Trois sujets majeurs ont été développés à travers ces CEP pour aider les agriculteurs à faire face à El Niño :

 

1. Techniques de collecte de l'eau de pluie et de conservation de l'humidité

   "La saison des pluies actuelle est très mauvaise pour la production agricole. Cependant, moi-même et d'autres agriculteurs de la communauté utilisons des techniques comme les billons alignés et le paillage que nous avons expérimenter à travers les champs écoles des producteurs. Cela nous a aidés à produire une bonne culture qui est au stade végétatif tardif et à stage reproductif précoce," a déclaré Lazarus Kamutaru, membre du CEP de Tsakari à Mt. Darwin. Les agriculteurs des CEP utilisent des techniques de collecte de l'eau de pluie pour maximiser l'utilisation des précipitations, conserver les ressources en sol et en eau tout en améliorant les rendements des cultures. Les participants des CEP expérimentent des techniques de collecte d'eau sur le terrain telles que les trous, les billons alignés et les fosses d'infiltration. De plus, les agriculteurs explorent diverses options de paillage pour conserver l'humidité du sol, utilisant les tiges de maïs, l'herbe sèche, la litière de feuilles et le plastique noir. Les agriculteurs trouvent également des solutions innovantes, expérimentant avec le paillage vivant lorsque les tiges de maïs sont rares, ce qui implique de cultiver du maïs en intercalaire avec des niébés ou des haricots. Le paillage vivant attire des insectes bénéfiques, aidant à contrôler les ravageurs et à améliorer la pollinisation.

   "Ces pratiques durables font partie d'un mouvement plus large vers l'agriculture de conservation, soulignant l'importance de maintenir une couverture permanente du sol pour protéger la santé du sol et améliorer la résilience des cultures. Avec ces techniques, les agriculteurs peuvent atténuer l'impact d'El Niño et construire des systèmes agricoles plus résilients pour l'avenir," a ajouté Obert Maminimini, Coordinateur National du Projet ACP MEAs 3 à la FAO.

 

2. Gestion des détresses des cultures liées à El Niño

   Pour gérer le stress des cultures liée à El Niño et assurer la sécurité alimentaire, les agriculteurs des CEP ont investi dans des semences tolérantes à la sécheresse, la diversification des cultures et la sélection de variétés de semences et de cultures adaptées à leurs communautés respectives. Des expériences ont été menées pour évaluer l'adaptabilité de sept variétés d'arachides, deux variétés de mil à doigts, quatre variétés de haricots, cinq variétés de niébés, deux variétés de mil perlé et du maïs dans la zone agro écologique pendant la courte saison de pluie. Les expériences ont également pris en compte les caractéristiques agronomiques et les qualités de transformation ou de cuisson, entre autres, pour garantir que les cultures sélectionnées seront bien adaptées à la zone locale.

 

3. Les engrais organiques, une stratégie gagnante pour les FFS en saison El Niño

   Les agriculteurs cherchent des moyens innovants pour atténuer l'impact d'El Niño sur les cultures. Dans ce contexte, les groupes CEP testent les effets de divers engrais organiques disponibles localement, y compris le fumier de chèvre, de poulet, de vache et le compost sur les cultures. Ils comparent également les résultats avec ceux obtenus avec des engrais synthétiques. Les agriculteurs expérimentent aussi différentes combinaisons de chaux avec des engrais organiques et synthétiques pour améliorer les performances des cultures. L'utilisation de fumier de volaille liquide, fait en mélangeant les déjections avec de l'eau et en le laissant reposer pendant environ sept jours, est également testée comme engrais de couverture. Cela est comparé avec les déjections de volaille solides, qui se sont révélées efficaces lors des expériences de la saison dernière.

   "L'utilisation de ces matériaux organiques locaux nous permet de travailler avec des microorganismes bénéfiques. Ces microorganismes travaillent avec les cultures pour augmenter les nutriments biodisponibles et protéger nos cultures contre les ravageurs et les maladies," a déclaré le Président de la CEP de Chiedza, Garnett à Makoni.

   "Bien que les résultats de ces études soient encore en cours, l'engagement des CEP à trouver des solutions durables au changement climatique est un pas positif vers un avenir transformateur et plus résilient pour notre industrie agricole," a déclaré Kudzai Kusena.

   Obert Maminimini, le Coordinateur National du Projet ACP MEAs 3 à la FAO, témoigne que "Le concept des champ écoles des producteurs a apporté un changement significatif de mentalité parmi les agriculteurs, car ils réalisent maintenant les avantages des pratiques agricoles basées sur les écosystèmes. De nombreux agriculteurs sont désormais capables de prendre des mesures anticipatives contre des événements climatiques défavorables tels qu'El Niño."