Statistiques des produits forestiers

Legally harvested timber deposit in Guatemala ©FAO

Initiatives spéciales

Les statistiques sur les produits forestiers hébergées par FAOSTAT requièrent l’introduction d’innovations et d’initiatives afin d’estimer les valeurs lorsque les pays ne sont pas en mesure de fournir ces données. Ainsi, nous avons développé et appliqué, par exemple, de nouvelles méthodologies pour estimer les extractions de bois de feu ou la production de charbon de bois, et établit des lignes directrices sur la collecte des données nationales. Les données statistiques sur les produits forestiers hébergées par FAOSTAT constituent ensuite la base pour comprendre les tendances mondiales et régionales de la production et du commerce des produits forestiers. Elles sont utilisées pour estimer la contribution des produits ligneux récoltés à l’atténuation des effets du changement climatique et elles sous-tendent la plupart des modèles globaux du secteur forestier en éclairant les études prospectives du secteur et les analyses sur l’emploi et les moyens d’existence liés aux forêts. À travers des initiatives spécifiques, nous cherchons également à quantifier et à transmettre la valeur des forêts pour des produits forestiers non-ligneux comme l’eau, la pêche continentale et d’autres aliments forestiers.

Indonesia Japara, a wood artisan using legally sourced timber ©FAO/Stephan Rudgard
Potentiel de stockage du carbone des produits ligneux récoltés

Les arbres séquestrent le carbone grâce à la photosynthèse, en le stockant dans leurs feuilles, leurs branches, leurs troncs et leurs racines. Lorsqu’un arbre est récolté, le carbone reste stocké dans le bois et, donc, dans les produits ligneux récoltés fabriqués avec le bois de cet arbre.

  • La production et l’utilisation de produits ligneux récoltés pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) à travers le stockage direct du carbone, la substitution du matériel non renouvelable et la disponibilité accrue de biocarburants.
  • Le bois et les produits ligneux récoltés peuvent contribuer à la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable (ODD), notamment la promotion d’une croissance économique durable, la lutte contre le changement climatique et ses impacts, ou encore la protection, la remise en état et la promotion d’une utilisation durable des écosystèmes terrestres.
  • La plupart des études, mais pas toutes, réalisées à ce jour dans différents pays et continents indiquent que l’utilisation des produits ligneux récoltés peut réduire les émissions de carbone à long et à court terme bien que des incertitudes importantes subsistent.

L’estimation des contributions des produits ligneux récoltés à l’atténuation du changement climatique est importante pour de nombreux processus décisionnels. Ceux-ci comprennent: 1) le décompte à niveau national des émissions de gaz à effet de serre et des puits de carbone au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC); 2) l’évaluation des crédits de carbone forestier utilisés dans les politiques régionales ou nationales de contrôle des émissions; 3) l’élaboration de plans de gestion durable des forêts; 4) la publication des déclarations environnementales de produits (DEP); 5) le développement et la mise sur le marché de nouveaux produits forestiers et des industries connexes; 6) la conception de politiques efficaces de promotion du bois.

En utilisant les données FAOSTAT et les méthodes de calcul du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), nous avons étudié les impacts potentiels d’une transition vers des produits ligneux récoltés à durée de vie plus longue, d’une augmentation du recyclage et d’une amélioration de la qualité des données. La note d’information Climate change mitigation and harvested wood products: Lessons learned from three case studies in Asia and the Pacific (L’atténuation du changement climatique et les produits ligneux récoltés: leçons tirées de trois études de cas en Asie et le Pacifique) explique que la production et la consommation durables mondiales de produits ligneux récoltés à durée de vie plus longue, comme le bois de sciage et les panneaux dérivés du bois, pourraient accroître les stocks de carbone. Le recyclage ou la réutilisation du papier et du bois pourrait avoir des effets positifs similaires en augmentant le temps de stockage du carbone. Ainsi, l’amélioration de la qualité des données permettrait une plus grande précision dans l’estimation des avantages attendus.

Avec nos partenaires et collaborateurs, nous avons synthétisé les informations disponibles dans la publication Forest products in the global bioeconomy: Enabling substitution by wood-based products and contributing to the Sustainable Development Goals (Les produits forestiers dans la bioéconomie mondiale: favoriser la substitution par des produits dérivés du bois et contribuer aux objectifs de développement durable). Ce rapport examine le rôle des produits forestiers dans le remplacement des produits issus des combustibles fossiles et à forte intensité de gaz à effet de serre (GES). Le rapport donne, en premier lieu, un aperçu du rôle des produits forestiers dans la bioéconomie, puis fournit des exemples de produits forestiers conventionnel et innovants. Il présente également une analyse quantitative et qualitative des impacts et avantages environnementaux liés au remplacement des produits issus des combustibles fossiles ou à forte intensité de GES par des produits dérivés des forêts, de la contribution apportée aux ODD par ce remplacement, et de l’impact éventuel <sur les tendances mondiales de l’offre et de la demande.

De nouveaux efforts de modélisation sont entrepris par la FAO dans le cadre de l’initiative «Du bois pour le globe» de l’Union internationale des instituts de recherche forestière (IUFRO). Les premiers résultats ont été présentés dans l’article Wood Products for Climate Change Mitigation in the Asia-Pacific Region (Des produits ligneux pour l’atténuation du changement climatique dans la région Asie-Pacifique), la région Asie-Pacifique étant une région dans laquelle la production et la consommation de produits ligneux est en pleine croissance. Les résultats soulignent que, bien que les produits ligneux récoltés à durée de vie plus longue apportent une contribution limitée aux réductions totales d’émissions, ils sont importants pour la stratégie de décarbonisation de secteurs clés comme le bâtiment et la construction.

Une deuxième publication centrée sur les tendances mondiales de l’offre et de la demande de produits en bois d’ingénierie, Forest Product Demand and Supply in a Bioeconomy Transition: The possible rôle of timber for climate change mitigation (L’offre et la demande de produits forestiers dans la transition vers la bioéconomie: le rôle potentiel du bois d’œuvre dans l’atténuation du changement climatique), a été élaborée par la FAO, Bauhaus Earth et un éventail de chercheurs internationaux pour estimer les tendances générales de l’offre et de la demande mondiales de ces produits dans le secteur du bâtiment jusqu’en 2070. Les premiers résultats semblent indiquer qu’une adoption plus large des produits en bois d’ingénierie par le secteur du bâtiment générerait une réduction des émissions de 50 pour cent par rapport à un scénario de continuité.
Sawmill operator in Kumasi, Ghana ©FAO/KWC
Estimation de l’emploi dans le secteur forestier

Les forêts constituent une source importante d’emplois, de moyens de subsistance et de revenus à l’échelle mondiale. Elles contribuent à la réalisation de divers Objectifs de développement durable liés à l’emploi et aux moyens de subsistance, et représentent un élément indispensable de la gestion durable des forêts et de sa mise en œuvre.

L’emploi lié au secteur forestier fait partie de l’Ensemble central mondial d’indicateurs liés aux forêts (GCS, indicateur 12), qui vise à simplifier et harmoniser les concepts et la terminologie, tout en respectant les besoins de tous les utilisateurs potentiels.

Les fournisseurs de données pour cet indicateur comprennent la FAO, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et d’autres institutions. Pour la FAO, la collecte des données est réalisée dans le cadre des Évaluations des ressources forestières mondiales (FRA).

La FAO, par l’intermédiaire de ses divisions Foresterie (FRA, Produits forestiers et bioéconomie) et Statistiques, a établi un partenariat avec l’OIT et l’Institut Thünen de foresterie afin d’améliorer la disponibilité des données relatives à l’emploi dans le secteur forestier.

Selon Lippe et al., 2022:

  • Environ 33 millions de personnes dans le monde étaient employées durant la période 2017–2019, représentant 1 % de l’emploi total dans l’ensemble des activités économiques;
  • L’emploi informel représente une part importante de l’emploi lié aux forêts, en particulier dans les pays en développement;
  • Les femmes travaillant dans le secteur forestier ont une probabilité plus élevée d’occuper un emploi informel que les hommes;
  • Les données existantes sur l’emploi lié aux forêts soulignent l’importance du secteur forestier pour les moyens de subsistance des populations;
  • La collecte des données devrait être alignée sur les lignes directrices et résolutions de la Conférence internationale des statisticiens du travail (ICLS), et réalisée en étroite collaboration avec les parties prenantes statistiques et sectorielles nationales et mondiales, sur la base d’un dialogue social, incluant la participation des organisations d’employeurs et de travailleurs du secteur forestier, lorsque cela est applicable.
Ivory coast, MALEBI vice president shows the charcoal produced ©MALEBI
Estimations sur le bois de feu et le charbon de bois

Les estimations sur les extractions de bois de feu et la production de charbon de bois sont essentielles pour le suivi des objectifs mondiaux, y compris les objectifs de développement durable; pourtant, de nombreux pays ont des problèmes à produire des données fiables car évaluer les marchés informels et la collecte directe de combustibles ligneux par les ménages est une opération complexe.

Avec les partenaires d’autres organismes internationaux, des universités et des gouvernements, la FAO a entrepris d’améliorer la méthode d’estimation des prélèvements de bois de feu et de la production de charbon de bois lorsque les pays ne communiquent pas de données officielles.

La nouvelle méthode d’apprentissage automatique améliore le processus d’estimation en s’appuyant sur les données statistiques officielles déjà présentées ainsi que sur les informations publiées sur les sites gouvernementaux, les enquêtes sur la consommation des ménages menées par les organisations internationales, et les travaux de recherche publiés. De nouvelles estimations fondées sur cette méthodologie ont été publiées dans Nature Communications et semblent indiquer que la quantité de bois de feu extrait est supérieure de 30 pour cent aux données estimées auparavant.

Ces estimations – qui incluent non seulement les tiges des arbres récoltés mais aussi les branches et le bois mort récoltés – indiqueraient que les prélèvements de bois de feu représentent plus de la moitié du bois issus des forêts et des arbres hors forêt à l’échelle mondiale. Cliquer ici pour lire l’article complet sur le site web de la Division des forêts (en anglais). Des travaux sont en cours pour appliquer ces nouvelles méthodes à l’ensemble la période des données FAOSTAT afin de revoir les estimations produites depuis 1961.

Carapa guajanensis fruits
Quantification des produits forestiers non ligneux

Outre les produits ligneux, les forêts produisent également une gamme de produits forestiers non ligneux (PFNL). Les PNFL qui présentent un intérêt particulier sont les aliments provenant des forêts comme les baies, les champignons et les insectes comestibles. Les poissons d’eau douce, qui dépendent des écosystèmes forestiers pour leur habitat et leur alimentation, constituent une autre forme de PNFL.

Encourager l’utilisation durable de ces PFNL est l’une des priorités indiquées dans La feuille de route de la FAO pour les forêts: De la vision à l’action 2024-2031. L’objectif général des travaux de la FAO sur les PNFL est d’optimiser leur contribution en matière de sécurité alimentaire, de nutrition ou de génération de revenus, ainsi que les résultats en matière de biodiversité et de changement climatique.

Nous produisons des données statistiques sur des PFNL clés; nous synthétisons également l’information relatives aux PNFL dans les systèmes statistiques nationaux et internationaux existants pour permettre aux utilisateurs de compiler des statistiques sur les PNFL en fonction de leurs besoins.

Nous avons également testé des méthodes pour mieux quantifier la collecte et la consommation grâce à des enquêtes auprès des ménages. Nous avons ainsi pu estimer que les ménages des zones rurales en Zambie collectent plus de 380 millions de litres, soit 380 000 de mètres cubes, d’aliments disponibles dans la nature par an, dont près de 90 pour cent sont prélevés directement dans les forêts. Nous travaillons en collaboration avec des collègues du CIFOR-ICRAF pour étendre ces méthodes et produire de nouvelles estimations fondées sur un échantillon plus vaste et représentatif à l’échelle nationale.

En analysant l’impact nutritionnel de la collecte de fruits sauvages uniquement, nous avons estimé que, pour les ménages zambiens examinés, les fruits sauvages récoltés dans les forêts représentent environ 80 pour cent de la consommation totale de fruits, ce qui est suffisant pour satisfaire 25 pour cent des recommandations internationales sur l’apport en fruits.

Cartago, Costa Rica - A waterfall in a wildlife natural park ©FAO/Riccardo Venturi
L’eau en tant que produit forestier

Les forêts sont indispensables à la régulation de la qualité, la quantité et la périodicité de l’eau douce au sein des écosystèmes d’eau douce (eaux continentales). En plus d’abriter des niveaux exceptionnels de biodiversité, ces écosystèmes d’eau douce sont vitaux pour la santé humaine et l’agriculture. En revanche, ils sont vulnérables aux changements d’affectation des terres et à leur dégradation.

En partenariat avec le Programme forêts et eau et l’Équipe du suivi des forêts, au sein de la Division des forêts de la FAO, ainsi que l’Équipe de la pêche continentale, au sein de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO, nous soutenons la reconnaissance du rôle essentiel joué par les forêts, y compris les forêts d’amont, les forêts riveraines et les forêts des plaines inondables, dans la fourniture d’eau en aval pour la nature et les populations. Les forêts et les poissons d’eau douce, par exemple, sont inextricablement liés par le flux de l’eau dans les bassins versants et ont un impact direct sur la santé et la nutrition de tous. Pour plus de détails voir, par exemple, Resilient rivers: counting fish from forests for food security (Fleuves résilients: quantifier les poissons des forêts pour assurer la sécurité alimentaire), une initiative conjointe sur les fleuves résilients mise en œuvre avec l’Équipe de la pêche continentale visant à transformer la gestion de ces ressources grâce à une collaboration multidisciplinaire.

En considérant l’eau comme un produit forestier, et compte tenu de l’importance de disposer de données statistiques de haute qualité, nous soutenons également le suivi et l’établissement de rapports en matière de restauration des écosystèmes d’eau douce (eaux continentales) grâce à des activités lancées dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes. Avec des collègues de l’ensemble du secteur de l’eau douce (eaux continentales), nous avons publié Enabling consistent reporting and monitoring for freshwater (inland waters) restoration under Target 2 of the Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework (Favoriser le suivi et l’établissement de rapports cohérents sur la restauration de l’eau douce (eaux continentales) au titre de l’Objectif 2 du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal). Nous poursuivons les collaborations pour fournir des orientations sur les liens entre les forêts et l’eau douce (eaux continentales) dans tout le cycle de restauration et pour améliorer l’interopérabilité des données dans l’ensemble des organisations et des bases de données internationales.