JEAN-NOEL MENARD

France

Bonsoir

Je me réjouis de constater que le CSA situe les approches agro-écologiques parmi les innovations en faveur de l’agriculture durable. Pourtant, si ces approches sont regardées comme innovantes parce que la prise de conscience de la dégradation de l’environnement sur la planète terre pousse l’humanité à changer ses paradigmes en matière de modèles de développement, elles nous viennent le plus souvent des traditions agraires ancestrales que les paysans se sont transmises de génération en génération sur leurs territoires. Innovons donc en retrouvant un contact avec l’héritage culturel de l’humanité.

 

Une des difficultés que va rencontrer le HLPE dans la réalisation de l’étude réside dans la variété des territoires. On n’ouvre pas sa porte avec la clef de l’appartement voisin. A chaque territoire son modèle agricole durable. Le succès d’un modèle agricole durable tient à ce qu’il est bien adapté au territoire, mais il ne sera généralement pas transférable, du moins dans sa globalité : ce qui marche ici ne fonctionnera pas  là. Un territoire est un système complexe unique, cadre d’interactions entre ses ressources naturelles et physiques (sols, climat, biodiversité) et sa population, porteuse d’une culture enracinée dans ce système. 

 

On a cru longtemps que l’on parviendrait à vaincre la faim, la malnutrition et la pauvreté en milieu rural en vulgarisant massivement telle ou telle innovation technologique. Nous connaissons  aujourd’hui les limites de cette stratégie. Si l’étude sur les approches agroécologiques et autres innovations pour l’agriculture durable se limitait à identifier des innovations qui donnent de bons résultats ici ou là avec comme objectif de les répliquer ailleurs, elle reproduirait les erreurs du passé, que trop de gouvernements continuent à commettre. Même s’il n’est pas inutile de se pencher sur les potentialités d’approches agroécologiques (notamment), l’enjeu de l’étude est sans doutes moins d’identifier les innovations technologiques que de comprendre les facteurs de réussite et d’appropriation de ces innovations par les acteurs ruraux, que l’on peut constater sur certains territoires. D’autre part, les estimation actuelles des potentialités de l’agroécologie sont faites par défaut, car elles ne peuvent intégrer encore les effets de réorientation amorcée et à venir de la recherche agronomique, majoritairement tournée vers une agriculture utilisatrice d’intrants depuis plusieurs décennies.

 

L’étude doit éviter de rester dans la généralité, mais au contraire s’appuyer sur l’analyse du fonctionnement de systèmes agricoles et alimentaires de territoires suffisamment nombreux et variés. Elle devrait retirer de ces analyses une meilleure connaissance des facteurs de succès. L’impact des contextes politiques, administratifs et des règles commerciales est important et mérite une analyse approfondie. 

 

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Parmi les limites, une attention particulière doit être accordée au frein que représente la transition vers des systèmes à plus faible impact souvent considérée par les agriculteurs comme une prise de risque excessif.

 

Je joins un rapport publié par le Secours Catholique Caritas France qui est le fruit d'un travail collectif et dont je suis l'un des rédacteurs.