Pourquoi la restauration des terres à grande échelle?
La restauration des terres est reconnue comme une priorité par tous les pays de la Grande Muraille Verte (GMV) car elle offre le double avantage d'impacts positifs sur le plan biophysique et socio-économique. En effet, on estime que 166 millions d'hectares de la zone centrale de la GMV ont besoin d'être restaurés et que 10 millions d'hectares doivent être restaurés chaque année (Berrahmouni et al., 2016) afin d'atteindre cet objectif d'ici 2030. Sur ce total, les pays de la GMV et leurs partenaires internationaux se sont engagés, lors de la COP14 de la CNULCD, à restaurer 100 millions d'hectares de terres agro-sylvo-pastorales dégradées dans la GGW d'ici 2030. De plus, lors du sommet de Paris sur le climat en 2015, les pays africains ont pris des engagements substantiels en faveur d'initiatives telles que l'AFR100, avec pour objectif de restaurer également 100 millions d'hectares en Afrique d'ici 2030.
La question reste toutefois de savoir comment ces chiffres peuvent être concrétisés. Comment gagner cette course contre la montre ? Il n'existe pas de solution miracle : la restauration des terres nécessitera des investissements substantiels, notamment en équipements, en semences de restauration et en renforcement des capacités. Elle nécessitera en outre le soutien de politiques, de mécanismes de gouvernance et d'une aide financière appropriés, ainsi que d'autres incitations facilitant la mise en œuvre d'interventions de restauration des terres à grande échelle sur le terrain.
Si certains projets de restauration des terres ont été couronnés de succès, d'autres projets à grande échelle mis en œuvre principalement dans les zones arides à l'échelle mondiale ont été moins fructueux en raison de mauvais choix techniques (espèces et semences utilisées, techniques de pépinière et de plantation inappropriées) ainsi que d'approches "top down" inefficaces. Pour remédier à ce problème, la FAO a élaboré en 2015 des Directives mondiales pour la restauration des forêts et des paysages dégradés dans les terres arides (Berrahmouni et al. 2015) qui fournissent des recommandations générales à l'intention des praticiens ainsi que des responsables politiques et des décideurs, dans le but de soutenir les efforts de restauration dans les zones arides. Les initiatives à petite échelle ou pilotes n'ont pas non plus permis de résoudre le problème de la restauration à la bonne échelle et ne peuvent plus être la seule réponse. Et si les communautés des zones arides possèdent de précieuses connaissances écologiques traditionnelles et des compétences en matière de gestion des terres (telles que les techniques de la demi-lune et du zaï utilisées au Sahel), ces techniques peuvent être très exigeantes et ne suffisent pas face à la rapidité du changement climatique (Sacande and Berrahmouni, 2016).
Dans le cadre du projet Action Contre la Désertification, la FAO a mis au point une approche innovante qui combine la plantation d'essences locales ligneuses et herbacées avec la préparation à grande échelle des terres pour améliorer la collecte des eaux de pluie par infiltration. La plantation d'essences locales pour rétablir les espèces locales s'est avérée plus efficace que la régénération naturelle, qui prend généralement beaucoup de temps et s'avère parfois inefficace dans les paysages fortement dégradés. En résumé, cette approche est un outil puissant pour lutter contre la désertification et constitue souvent la seule option possible pour la restauration de vastes zones dans les systèmes agro-sylvo-pastoraux ruraux.
Cette approche a été testée sur le terrain avec de bons résultats dans le cadre de différents projets GMV dans différents paysages, écosystèmes et pays. Plusieurs de ses éléments clés sont les suivants :
- l'utilisation de semences de restauration de haute qualité et de matériel de propagation d'espèces locales bien adaptées
- l'utilisation combinée d'un mélange de graminées et d'espèces ligneuses afin de maximiser la couverture végétale
- l'utilisation de techniques mécanisées de préparation des terres afin d'atteindre l'échelle visée
- l'approche participative basée sur les besoins et les préférences de la communauté en matière d'espèces et d'objectifs de restauration des terres
La restauration des terres en action contre la désertification: Manuel de restauration des terres à grande échelle pour renforcer la résilience des communautés rurales dans la Grande Muraille Verte
01/01/2020
Ce document entend soutenir une démarche de renforcement de la résilience des communautés rurales dans le contexte du programme de la Grande Muraille...