Les requins et les espèces apparentées – les batoïdes et les chimères – constituent le groupe des poissons cartilagineux (classe des Chondrichtyes) qui comprend plus de 1 100 espèces, dont plus de 400 requins. Comparées aux poissons osseux, la plupart de ces espèces ont une croissance lente, une maturité tardive et un faible taux de fécondité. Ces caractéristiques biologiques font qu’elles sont sensibles à la pression de pêche et que leurs stocks mettent plus de temps à se reconstituer lorsqu’ils ont été surexploités. La pêche au requin peut être durable, mais elle doit être gérée avec une grande attention, en maintenant de faibles taux de capture par rapport aux stocks existants. Pendant des siècles, la pêche au requin a été pratiquée de manière durable dans les eaux côtières. Mais depuis quelques décennies, l’augmentation de l’effort de pêche et l’expansion des zones exploitées suscitent des préoccupations en raison de leur impact potentiel sur les populations de certaines espèces de requins, dans plusieurs zones des océans de la planète. De nombreuses espèces de requins exploitées s’amenuisent et plusieurs d’entre elles sont protégées par des législations nationales et des traités internationaux en raison de leur statut de conservation défavorable.
Les requins sont principalement exploités pour leur chair, leurs ailerons, leur peau, leur cartilage et leur foie. Dans de nombreux pays en développement, la chair de requin est un élément important du régime alimentaire et la chair de certaines espèces est aussi très appréciée dans quelques pays développés. Les ailerons de requins sont les produits dérivés les plus prisés: ils sont utilisés pour faire une soupe traditionnelle d’ailerons de requins – une spécialité gastronomique dans la culture chinoise. Dans plusieurs pays d’Asie et d’Océanie, la peau de requin se mange bouillie et débarrassée de ses denticules, mais elle est surtout utilisée pour la fabrication de cuir. Le cartilage de requins est également utilisé à des fins alimentaires, mais son plus gros débouché est l’industrie pharmaceutique. Le foie de requin est principalement utilisé pour en extraire de l’huile et d’autres hydrocarbures appréciés depuis toujours par diverses industries. Les produits dérivés du requin font l’objet d’un commerce très actif. Les échanges de produits de requins sont évalués à près d’1 milliard d’USD par an.
Les captures mondiales de requins déclarées à la FAO ont triplé depuis 1950 atteignant le record absolu de 868 000 tonnes en 2000. Depuis, elles tendent cependant vers la baisse, et en 2018 elles se chiffraient à 680 000 tonnes, soit un recul de 22%. Il est difficile d’expliquer en quelques mots les tendances récentes, mais quelques facteurs d’ordre général y ont sans doute contribué - à des degrés divers et selon des combinaisons différentes suivant le type de pêcherie et de région géographique. Premièrement, des mesures de conservation des requins ont été introduites dans de nombreux régimes nationaux et régionaux de gestion des pêches (voir plus loin); si elles sont appliquées comme il convient, ces mesures devraient conduire à une réduction de la mortalité par pêche et des prises accidentelles de requins dans le cadre d’opérations ciblées sur d’autres espèces, ce qui devrait entraîner une diminution des captures. Deuxièmement, bien souvent la réduction des captures de requins n’est pas intentionnelle: elle n’est qu’une conséquence de la diminution de l’abondance globale des requins exploités. Dans ce cas, les rendements diminuent alors même que l’effort de pêche reste stable ou augmente.