La 34e session de la Conférence régionale de la FAO s’ouvre sur la mise en exergue de l’intensification de la résilience des systèmes agroalimentaires

Le Directeur général de la FAO fait de la paix et du numérique des atouts au cœur de la réalisation des ambitions des ODD

Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, prononce l'ouverture de l'ERC.

©FAO/Alessia Pierdomenico

14/05/2024

Rome - Alors que les pays d’Europe et d’Asie centrale sont aux prises avec des conflits et des défis environnementaux, ils sont également bien placés pour s’engager dans la voie de la transformation durable des systèmes agroalimentaires et ont déjà pris des mesures en vue de la réalisation de nombreux objectifs de développement durables centraux (ODD), a déclaré mardi le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, M. Qu Dongyu, dans son allocution d’ouverture à la 34e session de la Conférence régionale pour l’Europe

Le but de la FAO pour la réunion de cet organe directeur qui se tient cette semaine est d’aider les membres de la région à définir les priorités locales et à fixer des objectifs collectifs qui privilégient l’impulsion politique, les partenariats et l’appropriation nationale des travaux destinés à faciliter les initiatives concrètes visant la réalisation des ODD dans les pays et au-delà, a-t-il déclaré.

«À l’échelle mondiale, nous nous trouvons dans un moment critique marqué par l’insécurité alimentaire et le recul de la prospérité», a affirmé M. Qu, réitérant son plaidoyer pour la paix comme préalable à la sécurité alimentaire et au droit à l’alimentation comme droit humain fondamental.

Cette Conférence régionale, qui réunit pendant 4 jours 53 pays membres et l’Union européenne, représentant un territoire couvrant 9 fuseaux horaires, de Lisbonne à Vladivostock, est l’occasion d’échanger des connaissances et des pratiques exemplaires concernant les solutions les plus efficaces à l’appui de la transformation des systèmes agroalimentaires, et de participer à des débats appelés à déboucher sur la définition des interventions les plus adaptées dans plusieurs domaines: le rétablissement à l’issue de tremblements de terre, les inondations, la pandémie de covid-19 et la guerre en cours en Ukraine, «qui continue de gêner les efforts régionaux et mondiaux de concrétisation des ODD», a déclaré le Directeur général.

Il a mentionné le retard qu’accuse la région par rapport au reste du monde s’agissant de la croissance économique, mais aussi de l’innovation numérique dans les secteurs agroalimentaires, avant d’ajouter que la région n’en recelait pas moins un très haut potentiel. Les faibles niveaux de la faim dans la région ouvrent des perspectives pour s’assurer que les agriculteurs reçoivent un ample soutien social en reconnaissance de leurs efforts, a fait valoir M. Qu.

M. Vladimir Bolea, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’agriculture et de l’industrie alimentaire de la République de Moldova, a été élu Président de la conférence ministérielle régionale. Il a remercié la FAO et son personnel pour l’appui fourni à l’accueil de la Conférence pour l’Europe dans une formule hybride en son Siège à Rome.

Flux commerciaux

L’actuelle guerre en Ukraine a des répercussions majeures sur les mandats principaux de la FAO, entraînant d’immenses souffrances humaines et des destructions à grande échelle des biens productifs et des moyens de subsistance de proximité, tout en perturbant sensiblement les flux commerciaux dont dépendent les pays tributaires des exportations provenant des géants de la production agricole impliqués. La FAO continue de suivre de près ces événements et leurs implications et communique régulièrement à ses membres des informations sur les effets de la guerre et d’autres crises qui pèsent sur les systèmes agroalimentaires, a précisé le Directeur général.

Soulignant l’engagement de la FAO à fournir toute l’aide nécessaire, le Directeur général de la FAO a exhorté les Membres à prendre l’initiative, au niveau national, régional et au-delà, dans la poursuite des objectifs convenus: accroître la résilience des marchés agroalimentaires; mettre en place des interventions à caractère humanitaire et des mesures de protection sociale en faveur des catégories vulnérables; investir dans les infrastructures et la logistique commerciales; augmenter les investissements responsables dans l’agriculture en vue d’accroître la productivité; renforcer les systèmes d’information, d’évaluation et d’analyse axés sur la sécurité alimentaire et la nutrition; et élaborer des solutions novatrices face aux défis communs.

Il a notamment appelé à des innovations et à des investissements plus responsables dans la technologie, les politiques, le financement et les aspects sociaux qui peuvent orienter les systèmes agroalimentaires vers la résilience climatique, tout en préservant la biodiversité. La lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires offre des perspectives notables dans la région, a ajouté M. Qu.

La FAO préconise le déploiement de la comptabilisation des coûts réels afin de tenir compte des impacts environnementaux, sanitaires et sociaux cachés, qui s’évaluent à quelque 3 000 milliards d’USD par an en parité de pouvoir d’achat.

M. Hans Hoogeveen, Président indépendant du Conseil de la FAO, a prié instamment les membres de commencer à travailler à la reconstruction des systèmes agroalimentaires des pays déchirés par des conflits dans la région, en mentionnant que les volumes des dépenses d’armement suffiraient amplement à résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire de la région. Il a aussi prôné auprès des gouvernements l’aide aux jeunes dans leurs pays, afin que ceux-ci fassent davantage entendre leur voix dans les instances chargées d’élaborer les politiques agroalimentaires et qu’ils créent des entreprises nouvelles propres à concourir à la transformation des systèmes agroalimentaires.

Le travail de la FAO dans la région Europe et Asie centrale

La FAO a continué d’apporter son expertise technique et de mobiliser des ressources à l’appui des trois priorités régionales définies par les membres de la Conférence: autonomisation des petits exploitants, des exploitations familiales et des jeunes; transformation des systèmes agroalimentaires et facilitation de l’accès aux marchés et de leur intégration; et gestion durable des ressources naturelles et préservation de la biodiversité.

Les mesures concernées comprennent l’inauguration de l’Observatoire AgriTech, une plateforme numérique conçue pour donner à voir les progrès de l’agriculture numérique en Europe et en Asie centrale, aidant les membres à intégrer la numérisation dans leurs stratégies nationales en matière de systèmes agroalimentaires; la promotion de l’approche Une seule santé, comptant plusieurs initiatives régionales, et la création du volet régional du Programme mondial pour un élevage durable. La FAO a également accéléré l’action climatique et assuré le financement de l’action climatique dans neuf pays de la région, préparé un plan d’action régional pour intégrer la biodiversité, publié des directives sur les méthodes de contrôle de la biodiversité des forêts et dressé un tableau général de la neutralité de la dégradation des terres dans la région.

Dix membres de la FAO dans la région participent à l’initiative Un pays, un produit prioritaire créée par l’Organisation; et plus de 60 villages dans 9 pays de la région font partie de l’initiative 1 000 villages numériques. La Plateforme technique régionale sur l’agriculture verte, lancée en 2022, offre désormais un portail numérique pour le partage des connaissances et des informations; l’Arménie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan sont des pays pilotes du programme de coopération technique sur l’agriculture verte; et cette plateforme a publié 30 blogs et 70 publications thématiques.

Les initiatives centrales que sont le Programme de coopération technique et l’initiative Main dans la main sont toutes deux présentes dans la région où elles ouvrent des possibilités.

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