FAO: Faire de la conservation des sols et de l’eau une priorité dans tous les programmes d’action internationaux
Le Directeur général de la FAO, QU Dongyu, au centre, la Directrice générale adjointe Maria Helena Semedo, à gauche, et Lifeng Li, Directeur de la Division des terres et des eaux, à droite.
©FAO/Giulio Napolitano
Rome - Aujourd’hui a été donné le coup d’envoi de quatre journées d’intenses débats, avec l’ouverture du Colloque international sur les sols et l’eau sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La relation entre les sols et l’eau est profonde et constitue le «fondement de nos systèmes agroalimentaires, de notre environnement et de notre existence même», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, dans son allocution d’ouverture du colloque, qui verra se succéder plus de 35 présentations consacrées à des sujets tels que l’impact des produits chimiques et des incendies de forêt sur la capacité de rétention d’eau des sols, l’amélioration de la gouvernance, la gestion intégrée ou encore la conservation des ressources naturelles.
«Nos sols sont sous pression», a indiqué M. Qu. Selon ses termes, notre planète est confrontée à un «défi mondial, collectif et urgent: préserver l’équilibre critique des sols et de l’eau».
Les sols constituent en quelque sorte un objectif de développement durable «virtuel», qui est étroitement lié à un grand nombre des objectifs officiels et souligne les équilibres nombreux et complexes auxquels contribuent les fondements des écosystèmes terrestres sains.
Le Directeur général de la FAO a exhorté les participants à faire en sorte que «la conservation des sols et de l’eau soit une priorité dans tous les programmes d’action internationaux».
Le colloque est géré par le Partenariat mondial sur les sols hébergé au siège de la FAO, le Groupe technique intergouvernemental sur les sols, composé de 27 experts des sols de haut niveau venus du monde entier, et la Division des terres et des eaux de la FAO, dont les membres animeront bon nombre des séances de discussion technique en petits groupes.
«L’eau est le roi des aliments», a déclaré Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et à l’environnement durable de l’Union africaine, citant un proverbe malgache. L’eau et les sols «constituent le socle de notre survie, de notre économie et de notre avenir», a-t-elle poursuivi, en faisant observer que la FAO aide l’Union africaine à élaborer un cadre juridique harmonisé qui donnera au continent les bases solides nécessaires pour préserver ses sols et ses ressources en eau.
Les sols sont en symbiose avec l’eau, thème de la Journée mondiale de l’alimentation 2023, sujet principal de la dernière session de la Conférence de la FAO, et élément clé du Cadre stratégique 2022-2031 de l’Organisation.
Compte tenu de l’importance de la gestion intégrée des sols et de l’eau, le colloque tirera parti du Dialogue de Rome sur l’eau 2023 organisé concomitamment (4-5 octobre), favorisant les échanges techniques et la création d’une interface science-politique entre les participants aux deux manifestations, qui se concluront par une séance plénière de bilan et une séance de clôture communes. Par ailleurs, les sols et l’eau seront au cœur de la Journée mondiale des sols 2023 (5 décembre), qui aura pour devise «Le sol et l’eau, une source de vie».
Principaux thèmes
Le colloque s’articule autour de quatre thèmes principaux, liés à la gestion des sols et de l’eau.
Dans les systèmes d’exploitation agricole non irriguée, la capacité de rétention d’eau des sols est particulièrement importante. Une question sujette à débat est de savoir s’il est pertinent d’utiliser le carbone organique des sols (COS) comme indicateur de la neutralité en matière de dégradation des terres et de la rareté de la ressource en eau, un problème crucial qui touche déjà plus de trois milliards de personnes.
Dans les systèmes d’exploitation agricole irriguée, les approches fondées sur l’efficacité et l’économie circulaire peuvent améliorer la fertilité et la qualité de l’eau et favoriser une utilisation plus efficace de l’eau et des nutriments.
La santé des sols est une composante clé de l’approche Une seule santé, qui englobe des problématiques telles que les valeurs-seuils de sécurité pour les contaminants et leur impact sur la biodiversité, la qualité et la sécurité sanitaire des aliments, ainsi que la valeur nutritionnelle des aliments que nous consommons.
Il est à l’évidence essentiel d’adopter des politiques appropriées et des mesure de gouvernance efficaces permettant d’améliorer la gestion des sols et des ressources en eau, ce qui nécessitera de prendre en considération des aspects tels que le genre, mais aussi de se concentrer sur le potentiel des technologies nouvelles et émergentes telles que l’agriculture de précision, la télédétection et l’analyse des données massives.
La FAO est d’ores et déjà engagée dans l’élaboration d’applications concrètes de pointe issues de ces innovations.
Par exemple, l’initiative de cartographie des sols pour des systèmes agroalimentaires résilients en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne (SoilFer) intègre des données sur les sols et l’eau à l’échelle du champ et fournit aux agriculteurs de certaines des régions du monde les plus touchées par l’insécurité alimentaire des recommandations précises en matière d’engrais et de gestion de la fertilité. Le système d’information numérique intégré sol-terre-eau (SoLaWISe) permet aux Membres de la FAO et aux agriculteurs d’accéder à des données mondiales sophistiquées de cartographie des cultures, qui peuvent les guider dans la gestion durable des ressources naturelles au niveau de l’exploitation et du paysage.
L’application de télédétection pour la productivité de l’eau de la FAO fondée sur des données satellitaires WaPOR fournit un libre accès à une base de données en temps quasi réel adaptée au suivi de l’évapotranspiration, un paramètre qui permet de déterminer comment optimiser l’irrigation et qui s’est révélé particulièrement prometteur pour les zones soumises à des contraintes hydriques. Une mise à jour importante de cet outil sera lancée lors du colloque.
Les sols et l’eau, une relation naturelle
Les bonnes pratiques de gestion de l’humidité des sols sont des éléments clés d’une agriculture efficace et du défi que représente l’éradication de la faim dans le contexte du changement climatique.
Par ailleurs, les sols et l’eau constituent le socle d’écosystèmes sains, d’où la nécessité de prendre des mesures de protection anticipatives permettant d’atténuer et réduire autant que possible les problèmes tels que l’érosion et le compactage des sols, qui perturbent la capacité de stockage, drainage et filtration de l’eau par les sols et accentuent les risques d’inondations, de glissements de terrain et de tempêtes de sable ou de poussière. Ces mesures consisteront notamment à encourager l’utilisation durable des intrants agricoles, à mettre en œuvre des méthodes d’irrigation appropriées, à améliorer les systèmes de drainage et à surveiller les niveaux de salinité.
De telles mesures contribuent à fournir une réponse efficace à la crise climatique, car les sols sains agissent tels des puits de carbone, en piégeant le carbone de l’atmosphère. La matière organique du sol peut retenir environ 20 fois son poids en eau – un mètre cube de sol peut retenir plus de 250 kilogrammes d’eau – tandis qu’un sol dégradé et compacté perd près de la moitié de sa capacité de rétention. En outre, les sols filtrent et nettoient de grandes quantités d’eau, améliorant ainsi la santé humaine. À l’heure actuelle, plus d’un milliard d’hectares de sols sont touchés par la salinisation et l’alcalinisation, dues principalement à de mauvaises pratiques d’irrigation et de drainage, et une superficie presque trois fois supérieure pourrait subir le même sort à l’échelle mondiale.
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