Le rapport mondial des Nations Unies sur le climat nous rappelle brutalement qu’il faut exploiter de toute urgence les solutions du secteur agroalimentaire

Alors que la crise climatique a de plus en plus d’effets sur la sécurité alimentaire et l’agriculture, d’importants investissements dans l’adaptation et la résilience sont nécessaires.

De nouvelles technologies dans les domaines de la récolte et de la conservation de l’eau de pluie ont aidé des agriculteurs du Kenya à produire davantage et à cultiver des plantes plus saines tout au long de l’année, malgré un contexte de climat changeant.

©FAO/Christena Dowsett

19/03/2024

Rome - Il faut de toute urgence transformer les systèmes agroalimentaires et tirer parti des solutions qu’ils offrent face au changement climatique, a affirmé l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à la lumière des conclusions du dernier rapport des Nations Unies sur l’état du climat mondial.

Le rapport, établi sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en collaboration avec d’autres organismes des Nations Unies, dont la FAO, montre que les niveaux records des indicateurs du changement climatique, notamment les températures de surface et les émissions de gaz à effet de serre, ont encore été battus en 2023. Il permet également de saisir pourquoi les phénomènes météorologiques extrêmes ont de plus en plus d’effets sur la sécurité alimentaire et l’agriculture, ainsi que leurs répercussions socioéconomiques plus larges.

«Le dernier rapport de l’OMM nous rappelle de façon inquiétante que le changement climatique est hors de contrôle et qu’il a des répercussions, notamment sur l’insécurité alimentaire. Pour inverser cette tendance, il faudra investir massivement dans des solutions qui puissent aider les pays et les communautés à renforcer leur résilience face à un climat changeant, à réduire leurs émissions qui atteignent des niveaux records et à protéger dans le même temps des vies et des moyens de subsistance. Aucun autre secteur ne dispose de solutions plus abondantes et plus efficaces que celui des systèmes agroalimentaires», a déclaré M. Kaveh Zahedi, Directeur du Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement de la FAO.

Les effets du climat sur l’alimentation et l’agriculture

Selon le rapport, les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux de forêt et l’intensification rapide des cyclones tropicaux ont semé la misère et le chaos, bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant plusieurs milliards de dollars de pertes économiques.

Le rapport, auquel a contribué l’équipe de la FAO chargée des risques climatiques, souligne les inquiétudes que suscitent actuellement la sécurité alimentaire, les déplacements de population et les vulnérabilités, qui sont particulièrement exacerbées par les phénomènes météorologiques extrêmes. Il signale que l’insécurité alimentaire aiguë a nettement progressé, le nombre de personnes touchées ayant plus que doublé par rapport à la période précédant la pandémie de covid-19, comme l’indique le dernier rapport de la FAO sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.

En outre, les auteurs de la publication recensent plusieurs facteurs sous-jacents qui contribuent à l’insécurité alimentaire, notamment les conflits prolongés, les récessions économiques, le niveau élevé des prix et les répercussions du changement climatique. Des exemples régionaux viennent également illustrer ces obstacles. L’Afrique du Sud, par exemple, a été en proie à de graves inondations due au cyclone Freddy, qui ont provoqué des dégâts considérables sur les terres agricoles et ont ralenti la reprise économique.

De même, le Soudan du Sud a fait face à de longues inondations qui ont aggravé l’insécurité alimentaire et ont empêché des millions de personnes d’accéder à des produits de première nécessité. En Indonésie, une sécheresse météorologique imputable à des phénomènes climatiques s’est soldée par de très mauvaises récoltes et un recul de la production de riz, mettant ainsi en évidence les pertes économiques mondiales que provoquent les catastrophes liées au climat, en particulier les sécheresses.

Le rapport insiste sur la vulnérabilité du secteur agricole face aux risques climatiques, la sécheresse étant la menace la plus importante, car une part conséquente des dégâts et des pertes dans le monde est à mettre au compte de ce phénomène. Ces conclusions rappellent qu’il faut mener de toute urgence des efforts globaux et coordonnés pour lutter contre les effets du changement climatique, atténuer les risques et renforcer la résilience au sein des communautés vulnérables de toute la planète.

Activités de la FAO relatives au changement climatique

La FAO s’emploie à mettre en œuvre certaines des recommandations figurant dans le rapport, en particulier pour ce qui concerne le renforcement de la résilience face au changement climatique et l’adaptation à ses effets dans le secteur agroalimentaire. En outre, l’Organisation promeut l’action pour le climat, un moyen crucial d’intégrer pleinement les solutions du secteur agroalimentaire dans les programmes en faveur de l’environnement et du climat.

La Stratégie de la FAO relative au changement climatique et son Plan d’action sont fondés sur une approche globale prenant en considération plusieurs secteurs, notamment la production animale et végétale, les forêts, les pêches et l’aquaculture, ainsi que les chaînes de valeur connexes, les moyens de subsistance, la biodiversité, les ressources en eau et les écosystèmes. Ils prennent en compte le rôle crucial des femmes, des jeunes et des populations autochtones, qui peuvent susciter le changement.

Cette stratégie est flexible et porte sur divers contextes, notamment les zones rurales, péri-urbaines et urbaines. Elle aide les pays à mettre leurs systèmes agroalimentaires au niveau de leurs politiques et de leurs engagements nationaux en matière de climat, notamment leurs contributions déterminées au niveau national, leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité et leurs cibles ayant trait à la neutralité en matière de dégradation des terres.

En outre, la stratégie de la FAO vise à évaluer différents risques, y compris les conséquences de l’inaction, les risques systémiques et les risques environnementaux. Elle consiste à adapter les interventions en fonction des besoins spécifiques des populations vulnérables et intègre la gestion des risques climatiques dans l’ensemble des domaines d’activité de la FAO.

En tant que partenaire d’exécution du Fonds vert pour le climat (FVC), la FAO aide également les pays à revenu faible et intermédiaire à atteindre leurs objectifs climatiques. La FAO et le FVC, qui collaborent depuis 2016, ont considérablement augmenté leurs investissements dans des projets qui améliorent l’efficacité, l’inclusion, la durabilité et la résilience face au changement climatique dans les secteurs de l’agriculture, des forêts et des pêches, grâce à un portefeuille de projets de plus d’un milliard d’USD.

Par ailleurs, en tant qu’organisme partenaire du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), la FAO aide des pays du monde entier à relever des défis complexes qui se situent à l’interface entre les systèmes agroalimentaires et l’environnement. Le portefeuille mondial de la FAO financé par le FEM, qui dépasse actuellement 1,4 milliard d’USD, aide plus de 120 pays dans le cadre de projets qui répondent à des priorités locales, ont des conséquences positives sur l’environnement mondial et font avancer les objectifs de développement durable (ODD).

Des initiatives de la FAO telles que le projet SAGA et le programme SCALA consistent à mettre en œuvre des solutions face au changement climatique dans les régions vulnérables. En outre, la FAO anticipe et traite les menaces associées aux phénomènes climatiques extrêmes en utilisant des systèmes d’alerte rapide et en fournissant des ressources permettant de mener une action anticipatoire.

Il est à noter que le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et les conclusions de la 28e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), en particulier le bilan mondial et l’objectif mondial en matière d’adaptation, confirment de manière claire l’importance des systèmes agroalimentaires.

«Nous avons aujourd’hui la possibilité d’adopter une approche plus concertée et plus cohérente pour l’ensemble des conventions de Rio, dans le contexte de la préservation de la nature, de l’action pour le climat et de la sécurité alimentaire. Il est temps de promouvoir collectivement des solutions au sein des systèmes agroalimentaires qui portent simultanément sur des problèmes liés à l’environnement, à la biodiversité, au climat, et bien sûr, à la sécurité alimentaire», a ajouté M. Zahedi.
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