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Travailleur humanitaire en Afghanistan, contre vents et marées


Ahmady reste résolu à apporter l’assistance là où elle est la plus nécessaire

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La FAO et ses partenaires opérationnels amplifient l’aide d’urgence pour fournir des intrants agricoles – aliments pour les animaux, semences et engrais pour la campagne de semis de blé d’hiver – aux agriculteurs et aux éleveurs en Afghanistan. ©FAO/Farshad Usyan

09/11/2021

* Les noms de personnes et de lieux ont été modifiés.

«Voir les sourires des agriculteurs et des éleveurs lorsqu’ils reçoivent des intrants agricoles, tels que des aliments pour animaux ou des semences, me rend particulièrement heureux; cela me donne un sentiment de sérénité et de plénitude», déclare Ahmady, qui travaille pour une ONG faisant partie des partenaires opérationnels de la FAO en Afghanistan.

Ahmady est passionné par le travail qu’il exerce depuis 15 ans dans son pays. Il coordonne en ce moment l’exécution de deux projets de la FAO qui viennent en aide aux agriculteurs et aux éleveurs touchés par la sécheresse, et qui apportent un appui vital à plus de 10 000 familles en protégeant leurs moyens d’existence.

La FAO amplifie actuellement son aide d’urgence pour fournir aux agriculteurs et aux éleveurs des intrants agricoles, notamment des aliments pour les animaux et des semences et des engrais pour la campagne de semis de blé d’hiver. Elle organise par ailleurs des formations agronomiques sur la culture du blé et la gestion durable de l’élevage afin de permettre aux exploitants de tirer le maximum des intrants et de renforcer leur résilience pour l’avenir.

Cette assistance vise à protéger les moyens d’existence agricoles et à apporter un appui à 3,3 millions de personnes jusqu’à la fin de l’année. Quatre-vingts pour cent de la population afghane dépend directement ou indirectement de l’agriculture pour subvenir à ses besoins.

«Les projets d’urgence sont extrêmement difficiles à mettre en œuvre, car ils sont menés dans les zones les plus dangereuses, reculées et défavorisées; mais j’aime travailler sur le terrain, avec les communautés, en particulier les familles pauvres et vulnérables», indique ce travailleur humanitaire afghan titulaire d’un master en agriculture.

Le savoir-faire des partenaires opérationnels et des travailleurs humanitaires locaux est extrêmement utile pour calibrer l’assistance d’urgence en fonction des besoins réels des communautés touchées. Les partenaires opérationnels travaillent aux côtés des équipes de la FAO dans la région pour aider l’Organisation à suivre de très près l’évolution de la situation des communautés afghanes qui vivent dans les zones rurales isolées.

Depuis l’évacuation de certains travailleurs humanitaires en août, et compte tenu de la désorganisation des systèmes de gestion et d’administration, ce sont Ahmady et ses pairs qui assurent la fourniture de l’assistance humanitaire dont les agriculteurs et les éleveurs ont tant besoin.

Les opérations humanitaires sont par définition délicates, mais grâce à Ahmady et aux autres travailleurs humanitaires sur le terrain, la FAO et ses partenaires apportent aux agriculteurs et aux éleveurs une assistance humanitaire essentielle. ©FAO

Un travail difficile

Les opérations humanitaires sont par définition délicates, et le travail d’Ahmady ne cesse de se compliquer. Les travailleurs humanitaires opèrent dans des zones particulièrement touchées par la pauvreté et soumises à une insécurité alimentaire généralisée. Les besoins dépassent généralement les ressources humanitaires mises à disposition pour venir en aide aux populations dans ces régions.

De nombreux projets de la FAO en Afghanistan sont mis en œuvre dans des zones reculées, et les travailleurs humanitaires doivent passer des nuits dans les seuls lieux d’hébergement disponibles, les résidences de district mises en place par les pouvoirs publics, «qui peuvent être extrêmement dangereuses, car elles sont susceptibles de faire l’objet d’une attaque à tout moment», explique Ahmady, qui est marié et père de cinq enfants.

Avant la chute du gouvernement en août 2021, «il nous était devenu très difficile de faire des allers-retours en raison des affrontements armés. Les membres des forces de sécurité postés le long de la route changeaient chaque jour. Les nouveaux ne nous connaissaient pas; ils procédaient souvent à des fouilles corporelles, et allaient même jusqu’à inspecter nos téléphones», raconte Ahmady.

«Un jour, un affrontement a éclaté dans le centre du district où la nourriture, les outils et autres articles de secours sont distribués. Les deux parties ont perdu et regagné plusieurs fois le contrôle du centre, mais n’ont heureusement pas touché aux aliments pour animaux qui y étaient stockés», indique Ahmady.

Les formations font partie intégrante de l’assistance fournie par la FAO en Afghanistan. ©FAO/Farhsad Usyan

Des règles mouvantes

«L’incertitude quant aux règles de mise en œuvre des programmes par les travailleuses humanitaires complique grandement les activités en faveur des bénéficiaires de sexe féminin», explique Ahmady.

La situation est devenue encore plus complexe, car désormais les entretiens avec des femmes dans le cadre du processus de sélection des bénéficiaires doivent être menés par des personnes du même sexe. Or, bien que «la majorité de nos bénéficiaires [soient] des femmes», précise Ahmady, «nos collègues de sexe féminin n’ont pas été autorisées à travailler depuis que les nouvelles autorités de facto ont pris le contrôle».

Dans d’autres zones du pays, les femmes ont pu toutefois poursuivre leurs activités humanitaires. Dans la zone où Ahmady travaille, certains organismes ont été autorisés verbalement à permettre aux femmes de revenir travailler, mais aucun permis officiel n’a été délivré à ce jour par les autorités de facto.

Le changement d’administration a également engendré des obstacles bureaucratiques. «Depuis que les anciens gouverneurs se sont brutalement enfuis, abandonnant le district, des listes de distribution (bénéficiaires) qui avaient été établies précédemment ont commencé à être refusées», indique Ahmady. Jusqu’ici, il a réussi à surmonter toutes ces difficultés et à faire parvenir l’assistance de la FAO.

Un avenir incertain

L’incertitude règne en Afghanistan, et Ahmady s’inquiète de l’avenir. «Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Il est très difficile de prendre des décisions pour l’avenir». Les travailleurs humanitaires, comme les bénéficiaires, vivent au jour le jour, attendant de voir ce qui va se passer. Ahmady espère au moins pouvoir reprendre le football, une passion qui lui apportait du plaisir et lui permettait de rester actif. Mais il a trop de travail pour le moment: «Je n’ai pas porté de vêtements de sport depuis plus de deux mois». Il espère qu’il en sera autrement dans les temps qui viennent, pour le sport et pour bien d’autres choses.

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