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Yémen: un nouveau biopesticide pour lutter contre la légionnaire d’automne


Les agriculteurs utilisent une substance extraite d’un arbre local pour contrer le ravageur de manière écologique

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En 2018, la terrible chenille légionnaire d’automne est apparue au Yémen, venant grossir la longue liste des difficultés rencontrées par les agriculteurs du pays. © FAO

31/08/2023

À Al-Buniyah au Yémen, Ali Abdoul se souvient du triste jour où il a découvert une chenille sous une feuille de sorgho dans son champ. En effet, il ne s’agissait pas d’une simple chenille mais de la fameuse chenille légionnaire d’automne, un ravageur qui s’attaque à de nombreuses cultures, avec une préférence marquée pour le maïs, et détruit le gagne-pain d’agriculteurs dans un nombre croissant de pays du globe.

Ce nuisible est arrivé dans le gouvernorat de Taïz en juillet 2018, venant obscurcir l’horizon des agriculteurs yéménites, déjà en proie à de nombreuses difficultés.

«Pour nous les agriculteurs, il s’agit d’une menace car cet insecte dévore nos cultures. Au Yémen, les pesticides coûtent très cher aujourd’hui. Nous devons parfois vendre une partie de notre production pour avoir les moyens d’acheter des pesticides et de sauver la future récolte», explique Ali.

De nombreux agriculteurs du pays partagent le sentiment d’Ali. Environ 70 pour cent des Yéménites vivent en milieu rural et dépendent fortement de l’agriculture pour se nourrir et gagner leur vie. Les huit années de conflit ont aggravé la situation et fait exploser le prix des intrants agricoles.

En plus de la hausse des prix des intrants, les agriculteurs doivent composer avec le manque de produits agricoles essentiels comme les semences et les engrais, la forte augmentation du prix du carburant et les incertitudes météorologiques.

La légionnaire d’automne s’ajoute à la liste.

Ali explique que les agriculteurs désespéraient de réussir à lutter contre ce nouveau ravageur et avaient essayé sans succès différentes méthodes. Les préparations artisanales n’étaient pas efficaces et les pesticides chimiques étaient nuisibles pour l’environnement et les sols.

Alors qu’ils n’avaient pas encore trouvé de solution à ce problème, Ali et d’autres agriculteurs ont rejoint une école pratique d’agriculture de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La FAO a monté une école pratique d’agriculture et a appris aux agriculteurs à extraire une huile d’un arbre local. En mélangeant cette huile à de l’ail et du piment fort, on obtient un biopesticide efficace contre la chenille légionnaire d’automne. © FAO

«Deux fonctionnaires agricoles de la FAO sont venus nous apprendre à élaborer un insecticide naturel à partir de l’arbre appelé mraemrah,d’ail et de piment fort. Nous avons appris à l’école pratique d’agriculture comment écraser, broyer et filtrer les impuretés avant de pulvériser la préparation sur les cultures», explique Ali.

L’arbre appelé mraemrah, aussi connu sous le nom de Melia azedarach, arbre à chapelets ou lilas des Indes, est courant au Yémen. Il produit une substance qui peut servir d’insecticide naturel car elle entrave la croissance et le développement de la chenille légionnaire d’automne. Ce biopesticide a l’avantage d’être produit à partir d’une essence locale et peut être préparé directement dans les villages, et ce en petites quantités.

Il s’agit d’une pratique traditionnelle qui n’avait encore jamais été testée sur la légionnaire d’automne. Ali et les autres agriculteurs ont été émerveillés par les résultats.

«Nous n’avions pas l’habitude d’utiliser un biopesticide produit à partir du mraemrah. Après utilisation, nous avons constaté d’excellents résultats. Nous avons été impressionnés et nous avons décidé de continuer à utiliser ce produit pour lutter contre la légionnaire d’automne», raconte Ali.

Ali ajoute que les agriculteurs ont réalisé que cette préparation revenait bien moins cher que les produits chimiques et qu’elle n’avait aucune répercussion environnementale.

«Ce biopesticide nous aide énormément. Nous avons aussi appris que ce type de pesticide n’est pas néfaste pour la santé humaine ou animale», explique Ali.

Ce biopesticide est non seulement plus sûr pour la santé humaine et l’environnement, mais aussi pour les insectes bénéfiques, par exemple les abeilles et d’autres pollinisateurs.

Grâce à l’école pratique d’agriculture, la FAO a formé les agriculteurs à d’autres méthodes de lutte contre les ravageurs et pratiques agricoles optimales. Ce dispositif d’apprentissage permet aux agriculteurs de pratiquer, de tester et d’évaluer de nouvelles méthodes et techniques viables en comparant les résultats des parcelles témoins avec leurs propres parcelles.

De plus, ce modèle a fortement renforcé la cohésion sociale des agriculteurs yéménites, en particulier dans les zones de conflit, en les aidant à définir ensemble un plan d’action pour leurs champs au lieu d’agir de manière individuelle.     

La FAO promeut la gestion intégrée des ravageurs, une approche qui vise à réduire l’utilisation de pesticides chimiques et encourager la surveillance régulière des ravageurs. © FAO

Le projet de la FAO comprend également la fourniture de matériel de surveillance (dont des pièges à base de phéromones pour attirer les ravageurs à un endroit donné) et de smartphones équipés de l’application mobile FAMEWS pour recueillir, enregistrer et transmettre les données des pièges. La FAO a formé du personnel technique à l’utilisation de l’application mobile afin d’aider à détecter et à surveiller la présence de nuisibles.

À l’échelle mondiale, la FAO promeut la gestion intégrée des ravageurs, une approche qui vise à réduire l’utilisation de pesticides chimiques et intègre des pratiques durables, telles que la surveillance régulière des ravageurs.

Avec l’aide de la FAO, les autorités yéménites se sont depuis dotées de moyens pour détecter, surveiller et juguler la présence de la chenille légionnaire d’automne. La FAO met en place cette formation et encourage l’utilisation des biopesticides dans d’autres pays aux prises avec ce ravageur.

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