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Au Panama, pas de pause-café pour ces agriculteurs familiaux pendant la pandémie


Au Panama, les agriculteurs familiaux ne comptent pas laisser la pandémie de COVID-19 ruiner leur toute nouvelle entreprise de café.

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Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé au Panama, Hector Frias, agriculteur, venait tout juste de commencer à produire des plants de caféiers. La production de café avait été abandonnée pendant des décennies dans la région. Hector venait tout juste de reprendre le flambeau. Il n’a pas renoncé. © FAO

22/06/2020

Ils venaient tout juste de commencer lorsque la pandémie a frappé.

Hector Frias est agriculteur au Panama. Il dirige une association de producteurs de café dans la province de Los Santos, une région du centre du pays. Certaines régions du Panama sont réputées pour leur café Geisha, mais pas cette zone. L'eau y est rare et les terres sont dégradées. De nombreuses plantations de café à Los Santos ont été laissées à l’abandon pendant des décennies. Mais Hector et d'autres producteurs ont décidé de reprendre cette activité avec l'aide du Ministère du développement agricole du Panama et de la FAO.

Après deux ans de formation et d'assistance technique, Hector et ses partenaires ont finalement réussi à démarrer la production, cultivant les plants de café pour les vendre à d'autres producteurs. Ils ont obtenu le statut juridique de leur association et ont commencé à reproduire des semis. Mais la pandémie COVID-19 a frappé.

"Cette année, nous étions plus déterminés que jamais au sein de notre association, mais le coronavirus a tout interrompu car en raison de mesures de quarantaine nous ne pouvions plus nous rencontrer", explique Hector.

Avec les énormes difficultés que pose la pandémie, Hector aurait pu abandonner, mais au lieu de cela, il a choisi d'aller de l'avant. Il a continué à prendre soin des 13 000 plants de caféiers que son association avait déjà fait germer. Avec l'aide de deux autres agriculteurs, il est allé vendre ces plants prêts à planter en s’adaptant à ce nouveau contexte lié à la pandémie. « Nous travaillons en respectant les distances de sécurité et en prenant toutes les précautions », explique-t-il.

Les déplacements dans le pays étaient réduits à deux heures par jour, ce qui limitait considérablement leur capacité de vendre ces plants à d'autres agriculteurs intéressés par la production de café.

"Si la pandémie se poursuit, nous contacterons les acheteurs par téléphone portable, ou nous chercherons des alternatives pour qu'ils aient accès à ces plants. Nous avons une grande confiance dans la valeur de notre café et nous sommes persuadés que sa production nous aidera à surmonter cette crise », ajoute-t-il.

Hector et d'autres agriculteurs continuent de prendre soin et de vendre les plants de caféiers aux producteurs, en s'adaptant à la situation pandémique. © FAO

Au Panama, les agriculteurs refusent d’abandonner

Hector élève également du bétail et a démarré sa plantation habituelle de riz et de maïs qu'il utilise pour fabriquer des aliments ou pour le vendre. Il a récemment commencé l'élevage de cailles. A l’avenir, il aimerait développer deux autres projets : produire des légumes en serre et élever des chèvres. "En tant que producteurs, nous ne pouvons pas nous arrêter", explique-t-il. 

Comme Hector, d'autres agriculteurs familiaux du pays s'adaptent également à la nouvelle réalité. Dans l'est du Panama, Modesto Figueroa, qui dirige le Comité national pour l'agriculture familiale, continue également de cultiver pendant la pandémie.

"En raison des mesures de confinement, j'ai certaines limitations pour aller sur mes terres, mais je continue de travailler pour faire démarrer la production et je me consacre davantage aux activités que j'ai à la maison pour générer des revenus", explique Modesto, tout en nourrissant ses poules.

Modesto partage régulièrement les tâches de production de volailles avec son épouse, Liliana Pinzon, qui elle dirige leur commercialisation. "Nos produits sont cultivés à 100 % à la main et sont très bien acceptés sur le marché local. Aujourd'hui, la commercialisation est devenue difficile car nous ne pouvons pas nous occuper des clients de la manière habituelle. Ce que nous faisons, c'est communiquer avec eux par le biais du téléphone portable. Ils passent leurs commandes et les récupèrent quand elles sont prêtes", explique-t-elle.

Réponse et reconstruction pendant la pandémie de COVID-19

Au Panama, environ 80% de tous les agriculteurs du pays sont des agriculteurs familiaux. La FAO et l'Initiative pour une Mésoamérique Sans Faim, soutenues par l'Agence mexicaine de coopération internationale pour le développement (AMEXCID), ont aidé les agriculteurs à créer des associations provinciales et de comté qui composent le Comité national sur l'agriculture familiale. Ce comité a contribué à la création de la loi sur le développement de l'agriculture familiale qui stipule que l'agriculture familiale est d'importance nationale et contribue à l'économie, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à l'identité culturelle, au développement rural, à la conservation de la biodiversité et à l'amélioration de la qualité de vie des agriculteurs des zones rurales et urbaines. Cette loi a été ratifiée quelques semaines seulement avant la détection du premier cas de COVID-19 au Panama.

En ces temps difficiles marqués par la pandémie, les agriculteurs familiaux ont fait preuve de leadership, contribuant grandement à la sécurité alimentaire en continuant à fournir des aliments frais et de qualité et en maintenant leurs associations. La pandémie a également renforcé leur résilience en prouvant qu'ils peuvent trouver d'autres moyens de vendre leurs produits.

Au Panama, environ 80% de tous les agriculteurs du pays sont des agriculteurs familiaux. Leur production contribue à assurer la sécurité alimentaire de nombreuses familles et permet que des aliments frais soient disponibles dans tout le pays. © FAO

Plans de reconstruction

Pendant cette pandémie, la FAO a également travaillé avec le gouvernement du Panama pour garantir l'approvisionnement alimentaire et fournir une assistance technique aux plans de relance du secteur. La FAO contribuera également au processus d'enregistrement des agriculteurs familiaux dans le pays, ce qui permettra d'élaborer des politiques publiques plus ciblées pour développer davantage leur potentiel de production.

Toutes ces actions renforceront la sécurité alimentaire du pays, en particulier pour les familles dont l’existence dépend de l'agriculture. Cela contribuera à la reprise post-COVID-19 et à un développement rural plus inclusif qui garantira aux agriculteurs comme Hector et Modesto un rôle de premier plan, non seulement en temps de crise mais en tout temps.

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