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La preuve que handicap n’est pas synonyme d’inaptitude


Créations d’emplois dans l’agriculture pour des jeunes en situation de handicap au Kenya

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M. Stephen Omondi Odhiambo, membre de l’Organisation des personnes handicapées du Siaya au Kenya, a acquis de précieuses compétences en aviculture grâce à un programme de formation de la FAO destiné aux jeunes en situation de handicap dans le secteur agroalimentaire. ©FAO/Luis Tato

29/01/2024

M. Stephen Omondi Odhiambo signe le mot «poule», à son épouse Dorah Akungu, qui comprend immédiatement. En épelant les mots en langue des signes, Stephen lui a appris, ainsi qu’à sa famille et à ses proches, les signes correspondant aux mots les plus courants, dont ils se servent désormais pour communiquer entre eux sans difficultés.

Stephen lui-même avait dû apprendre la langue des signes à l’école, à l’âge de 7 ans, quand une maladie lui a causé des problèmes d’audition. Malgré une hospitalisation de longue durée, sa perte d’audition est devenue totale.

Dans son village d’Ulafu du comté de Siaya dans l’ouest du Kenya, comme dans de nombreuses régions du monde, les personnes en situation de handicap sont souvent marginalisées. Généralement, elles ont du mal à trouver du travail, d’où des difficultés économiques qui ne font qu’aggraver leur situation.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) collabore avec l’Organisation des personnes handicapées du Siaya (SIDIPO) au Kenya en promouvant l’emploi des jeunes touchés par le handicap dans le secteur agroalimentaire, et aide ainsi à créer des emplois de qualité qui briseront le cercle vicieux de la pauvreté et de l’exclusion.

L’accès à l’emploi est un problème pour les jeunes Kényans de manière générale. Alors même que le Kenya possède l’économie nationale la plus forte d’Afrique de l’Est, le pays compte le plus grand nombre de jeunes privés d’emploi dans la région.

Depuis 2011, la FAO met en œuvre le programme «Approche pays intégré» qui stimule l’emploi des jeunes dans les filières agroalimentaires. Le secteur agroalimentaire recèle un fort potentiel d’emplois stables offrant des revenus suffisants, et ce en dehors des grandes villes.

Stephen, qui est parti travailler à Nairobi à l’âge de 27 ans, raconte: «Je travaillais dans un atelier où l’on fabriquait du papier pour l’imprimerie. Lorsque la covid-19 a frappé, notre patron a pris la décision de réduire les effectifs et certains d’entre nous ont été licenciés. J’ai pensé qu’il valait mieux quitter Nairobi et rentrer chez moi en province.»

De retour dans son village, où certains de ses amis avaient constitué un groupe d’agriculteurs, Stephen a décidé de se joindre à eux. Le groupe a profité d’une formation à la production fruitière, avicole et piscicole ainsi qu’à d’autres pratiques agricoles que proposait la FAO.

L’Organisation coopérait alors avec le Département de l’agriculture de Siaya et des partenaires locaux pour assurer des formations techniques aux membres de la SIDIPO, ceux-ci étant normalement exclus de ce type d’apprentissage.

Par le biais du programme «Approche pays intégré» de la FAO, des formations ont été organisées par les pouvoirs publics dans différents types d’activités agricoles, dont ont bénéficié environ 65 jeunes membres de la SIDIPO. Lorsque cela s’est avéré nécessaire, les formations ont été dispensées avec l’aide d’un interprète en langue des signes.

C’est au bout d’un certain nombre de séances de formation que Stephen a choisi de se spécialiser dans l’élevage avicole.

M. Andrew Mwaura, Coordonnateur national de la FAO pour le programme, dit le caractère exceptionnel de ce programme, qui offre aux personnes handicapées une plateforme leur permettant de faire la démonstration qu’ils sont à même d’exercer une activité agricole. Le programme a mis en exergue leurs réalisations et leur a donné une visibilité qu’ils n’avaient pas auparavant.

Le Président de la SIDIPO, M. Charles Juma, résume cela: «Nous cernons les besoins des personnes en situation de handicap. Et nous leur offrons des formations professionnelles.» La collaboration qui s’est nouée entre la FAO et la SIDIPO illustre cette approche. «Notre action répond à la vision d’une société sans barrières et inclusive pour tous», ajoute M. Juma.

Ayant analysé les lacunes et les facteurs faisant obstacle à la réussite, la FAO a proposé des formations spécialisées ou s’est procuré des intrants, notamment des aliments pour animaux, dont le coût était devenu très élevé, afin de relancer la production ou de stimuler l’activité des entreprises agroalimentaires.

La FAO a coopéré avec l’administration du comté et des partenaires locaux à l’enseignement de formations techniques aux membres de la SIDIPO, qui se voient normalement exclus des offres de formation de ce type. ©FAO/Luis Tato

Tout en s’occupant de leurs deux filles en bas âge, qui souffrent également de déficiences auditives, Dorah et Stephen effectuent ensemble tous les travaux que nécessite l’élevage de volailles, augmentant ainsi les gains que leur procure cette activité.

«Il y a un vrai plaisir à pratiquer l’agriculture. Elle est l’épine dorsale qui soutient la vie. L’agriculture est notre métier et notre passion. En plus d’assurer notre subsistance», renchérit Dorah.

Le Programme «Approche pays intégré» est aussi parvenu à faire passer à la vitesse supérieure l’activité agricole des jeunes en formation. En effet, la plupart des participants prévoient désormais un développement de leur activité, grâce au tremplin que leur offre la FAO.

Stephen nous retrace son parcours: «J’ai débuté avec une seule poule, qui a donné naissance à 15 poussins. Devenues adultes, ces poules pondaient des œufs que je vendais avec un petit bénéfice. J’ai utilisé cet argent pour payer les frais de scolarité de ma fille, pensionnaire dans un internat pour enfants malentendants.» Stephen conclut avec le sourire: «J’ai bon espoir de voir mon élevage de poules se développer.»

Mme Maida Nyawade, Directrice des questions relatives à la jeunesse, au genre et aux services sociaux du comté de Siaya, explique que ses services espèrent voir ce type de programme se généraliser à l’ensemble du pays.

Le programme de la FAO permet aux filières agroalimentaires d’accueillir en leur sein davantage de jeunes des zones rurales, et ouvre des perspectives aux jeunes souffrant d’un handicap. La promotion d’emplois de qualité contribue à briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l’exclusion. ©FAO/Luis Tato

Achevé en 2023, le programme «Approche pays intégré» de la FAO, qui a bénéficié du concours de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement, a permis de rendre les chaînes de valeur agroalimentaires plus inclusives pour des jeunes ruraux de cinq pays: le Guatemala, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et le Sénégal.

La promotion d’emplois de qualité contribue à briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l’exclusion. Ce programme a aussi fait la preuve que les personnes handicapées peuvent tenir un rôle important dans le développement social et économique de leur communauté.

Dans son ensemble, le programme «Approche pays intégré» au Kenya a bénéficié à 64 institutions, 148 organisations de jeunes et 3 800 jeunes. En outre, ce programme a permis de toucher plus de 14 000 bénéficiaires grâce à l’organisation de foires, d’activités de sensibilisation, de dialogues et de plateformes numériques.

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