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La réduction des pertes après capture de poissons influe sur le travail et l’avenir des femmes transformatrices de produits de la pêche en Tanzanie


Le programme FISH4ACP de la FAO donne aux femmes les moyens de faire face à la baisse des rendements et à la discrimination

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En Tanzanie, les petits pêcheurs et les transformateurs de produits de la pêche représentent une large part des travailleurs des pêcheries de sardines, de sprats et de perches du lac Tanganyika. Les femmes transformatrices de produits de la pêche, comme Suzana Hamimu Kaleju, représentent près de 90 pour cent de la main-d’œuvre du secteur dans le pays. © FAO/Hashim Muumin

13/03/2023

Lorsque Suzana Hamimu Kaleju a commencé à travailler comme transformatrice de produits de la pêche dans le port de Kigoma, il y a 30 ans, elle étendait les sprats, un type de hareng, sur les bords du lac Tanganyika pour le faire sécher avant de le vendre sur les marchés locaux et régionaux.

Comme le poisson était couvert de poussière et de sable, il lui rapportait moins. Parfois même, les chèvres le mangeaient, mais sans claies de séchage ou autres outils, Suzana ne pouvait pas faire autrement. C’est comme ça qu’elle et les autres transformateurs locaux de produits de la pêche avaient toujours fait.

Comme sa mère avant elle, Suzana a grandi en République-Unie de Tanzanie, au bord de ce lac frontalier du Burundi, de la République démocratique du Congo et de la Zambie. Deuxième lac d’eau douce au monde par sa taille, il fournit 40 pour cent des captures annuelles de poissons de la Tanzanie.

Les petits pêcheurs et les transformateurs de produits de la pêche, comme Suzana, représentent une large part des travailleurs des pêcheries de sardines, de sprats et de perches en Tanzanie, secteur qui emploie 27 000 pêcheurs et 11 000 transformateurs de produits de la pêche au total.

Si les hommes assurent encore la majeure partie de l’activité de pêche, ce sont les femmes qui sèchent et transforment le poisson pour la vente. En Tanzanie, près de 90 pour cent des transformateurs des produits de la pêche sont des femmes et nombre d’entre elles vendent sur le bord des routes, tiennent un restaurant ou pratiquent la vente en gros ou au détail.

Si deux tiers des captures sont consommées localement, la valeur des exportations de sprats, de sardines et de perches provenant du lac Tanganyika atteint près d’un million d’USD par an.

Cependant, les méthodes de pêche peu satisfaisantes, les effets du changement climatique et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INDNR) ont contribué au déclin des prises au cours des dernières années. En outre, les transformateurs de produits de la pêche de la région perdent une grande partie de leurs captures en raison d’une mauvaise réfrigération, d’une manipulation inappropriée ou de techniques de transformation médiocres.

Au moyen de son programme FISH4ACP, la FAO s’emploie à résoudre ces difficultés après capture, ainsi que la question du déclin des rendements en mettant en œuvre des chaînes de valeur plus durables pour les sardines, les sprats et les perches, tout en contribuant à la conservation des ressources naturelles du lac Tanganyika. 

Initiative de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, FISH4ACP contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la prospérité et à la création d’emplois en veillant à la durabilité économique, sociale et environnementale des chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture.

Le programme FISH4ACP de la FAO est financé par l’Union européenne et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, et mis en œuvre, en Tanzanie, en partenariat avec l’Institut de recherche sur la pêche du pays.

Grâce à FISH4ACP, en Tanzanie, les pêcheurs et les transformateurs des produits de la pêche apprennent à réduire les pertes après capture, qui constituent pour eux un problème de longue date. © FAO/Luis Tato

Grâce au programme FISH4ACP, Suzana et les autres participants connaissent de nouvelles méthodes de manipulation et de transformation du poisson, comme la fabrication et l’utilisation de claies de séchage et de séchoirs solaires sous tente, et savent mieux commercialiser leurs produits de la pêche. Ces nouvelles méthodes aident à réduire les pertes alimentaires et à accroître les revenus des transformateurs de produits de la pêche.

«En appliquant les connaissances que j’ai acquises lors des formations, j’ai réussi à fabriquer des claies de séchage, qui m’ont permis d’améliorer mes produits. J’ai maintenant des produits de bonne qualité, que je vends à un meilleur prix», explique Suzana. Ses revenus ayant augmenté, elle a pu envoyer ses enfants à l’école et investir dans d’autres aspects de sa vie, comme la construction d’une maison.

«Les pêcheurs et les travailleurs du secteur halieutique acquièrent de nouvelles compétences commerciales et apprennent à réduire les pertes après capture, qui constituaient un problème depuis de nombreuses années», déclare Hashim Muumin, fonctionnaire de la FAO chargé des pêches et de l’aquaculture en Tanzanie. Cependant, il explique que l’initiative ne consiste pas seulement à améliorer la technologie de transformation, mais aussi à renforcer les capacités et les compétences commerciales des travailleurs du secteur de la pêche au lac Tanganyika.

«Nous donnons également aux transformateurs des produits de la pêche accès à des institutions de microfinance et à des prêts pour les aider à développer leurs entreprises, ainsi qu’à de possibles marchés afin qu’ils puissent tirer parti des possibilités offertes par la chaîne de valeur», conclut M. Muumin.

Tumaini Godfrey Luhingulanyi, une grand-mère de 60 ans, est également transformatrice de produits de la pêche dans la région du lac. Elle aussi a reçu la formation dispensée dans le cadre du programme et a par ailleurs installé un séchoir moderne, qui est plus efficace pour sécher le poisson que les séchoirs traditionnels et permet d’obtenir des produits de la pêche de meilleure qualité, ayant une plus longue durée de conservation. 

«J’emploie maintenant 10 personnes, qui m’aident dans toutes les tâches, du transport du poisson depuis le lieu de débarquement au séchage et au fumage sur le site de transformation, en passant par l’emballage, le transport et la vente sur le marché», indique-t-elle.

«Grâce à mon entreprise, j’ai pu construire ma propre maison, acheter des terres, commencer l’élevage de volailles et même payer les études de mon fils, qui a récemment obtenu un diplôme de médecine clinique.»

Les femmes travaillant dans le secteur de la pêche ont constaté que la force résidait dans le nombre et ont rejoint une association lancée par le programme FISH4ACP afin de pouvoir faire face ensemble au harcèlement sexuel, aux abus et au vol tout en s’aidant mutuellement à bâtir leurs entreprises et à développer leurs activités commerciales. © FAO/Luis Tato

Les femmes travaillent ensemble pour le changement

Grâce à FISH4ACP, les femmes ont appris que la force résidait dans le nombre. Pendant des années, les femmes transformatrices des produits de la pêche ont pâti d’un accès limité au capital et à la microfinance et se sont plaintes d’être victimes de harcèlement sexuel, d’abus sur le lieu de travail et de vols.

Elles forment maintenant des coopératives et des associations afin de défendre leurs intérêts, d’accéder plus facilement à la finance et d’améliorer leurs activités commerciales et de commercialisation. Suzana a rejoint la branche locale de l’Association des travailleuses du secteur de la pêche de Tanzanie, lancée l’an dernier par FISH4ACP. Elle et les autres ont uni leurs forces pour bâtir leurs entreprises et développer leurs activités commerciales, ainsi que pour apprendre les unes des autres et faire mieux connaître leurs droits.

FISH4ACP a analysé l’ensemble de la chaîne de valeur et proposé d’autres améliorations visant à renforcer les techniques de transformation, la participation des femmes, la coordination de l’accès aux marchés urbains et le respect de la législation afin de garantir l’utilisation durable des ressources halieutiques.

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