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Le miel au Yémen: une histoire vivante


Vers une meilleure productivité et des techniques plus efficaces malgré un contexte difficile

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La population yéménite est très attachée à sa tradition apicole mais le secteur connaît des difficultés. © FAO

29/06/2023

Au Yémen, l’histoire du miel s’écrit depuis le 10e siècle avant notre ère, bien avant l’Antiquité. La qualité du miel yéménite est réputée à l’international. C’est pourquoi il n’est pas surprenant de retrouver le liquide doré dans presque tous les foyers du pays. Le miel accompagne de nombreuses occasions. Il est apprécié non seulement pour ses qualités nutritionnelles et son aspect festif, mais aussi pour ses qualités médicinales. C’est le premier aliment mangé par une femme après l’accouchement et les malades lèchent souvent du miel avant de consulter.

Toutefois, la production de miel au Yémen rencontre de grands obstacles. En plus des ravages causés par le conflit de longue date, Salim Al-Diwali et les autres producteurs de miel doivent aussi faire face à des conditions climatiques imprévisibles. Pendant la saison sèche, les pâturages manquent et les apiculteurs doivent acheter des grains de pollen pour que les abeilles disposent de leur principale source de nutriments. Quand ils ne peuvent pas supporter les coûts d’acheminement élevés des grains de pollen, ils abandonnent parfois les ruches.

Âgé de 41 ans, Salim est apiculteur depuis plus de 15 ans dans le village d’Abadan, situé dans le gouvernorat de Chabwa. Il a récemment changé d’approche après avoir suivi des formations organisées dans le cadre du projet SAPREP en faveur des petits exploitants agricoles, conduit par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque mondiale. Cette initiative fait partie du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire de la Banque mondiale.

Grâce au projet SAPREP, des apiculteurs de tout le Yémen ont pu augmenter leur productivité et mieux se nourrir en adoptant de meilleures pratiques. Ils ont notamment appris à s’occuper des abeilles de manière plus efficace et à extraire le miel de manière plus performante.

Les participants ont également reçu des ruches et des outils modernes pour leur permettre d’augmenter la qualité et le volume de leur production. Grâce à la hausse de leurs revenus, ils pourront améliorer la sécurité alimentaire de leur famille.

La FAO et la Banque mondiale aident les apiculteurs yéménites à augmenter la qualité et le volume de leur production et à améliorer leurs conditions de vie. © FAO

Travailler avec les abeilles

Salim doit beaucoup s’investir au quotidien pour exploiter au mieux son affaire. Il inspecte ses ruches, attentif aux abeilles et à la quantité de miel. Les réserves de grains de pollen et de nectar, ainsi que les reines, sont d’autres éléments importants qu’il faut surveiller. En fonction de ce qu’il voit, Salim décide de transférer ou non une reine dans une autre ruche pour augmenter la production.

Salim doit concilier son travail avec ses responsabilités familiales et son mode de vie. Père de sept enfants, il mène une vie semi-nomade comme encore beaucoup d’apiculteurs yéménites. Il passe une partie de son temps sur les routes à chercher les meilleurs pâturages pour ses abeilles et à éviter les pires aspects d’un climat déjà difficile. Une fois qu’il a trouvé un bon endroit, il installe ses ruches loin des champs dans lesquels ont été utilisés des pesticides. Il sollicite souvent l’aide des villageois pour assurer la sécurité de ses abeilles et faire de la production de miel un «travail d’équipe».

Salim a réussi à développer son affaire même s’il dit que cela lui a demandé beaucoup de travail. Il dit avoir beaucoup appris grâce à la formation de la FAO sur l’extraction de la cire brute et le suivi de la production de pollen et d’ambre.

En tant que bénéficiaire du projet SAPREP, il a reçu huit ruches, un réservoir d’eau, une machine pour séparer le miel de la cire et des feuilles de cire gaufrée sur lesquelles les abeilles peuvent construire leurs alvéoles. Cela lui a permis d’améliorer ses ruches et de porter leur nombre à 30. Il a ainsi pu récolter davantage de miel et de cire.

Toutefois, Salim pense que le manque de débouchés dans le pays ne fait pas justice à la grande qualité de la production de miel, alors même que la population y est très attachée. Il garde chez lui une partie de sa récolte de miel à cause de la stagnation du marché local.

Malgré les énormes défis causés par le conflit, les faibles précipitations et les nuisibles, la filière du miel a un fort potentiel de développement. © FAO

Relever les défis

Sans surprise, un facteur majeur influence à la fois l’offre et la demande: le conflit. Les explosions ont détruit de nombreuses ruches, en particulier au commencement des violences en 2015. De nombreux obstacles à la production apicole sont liés au conflit. Ainsi les routes en mauvais état rendent difficile le transport du miel, des ruches et du pollen. Il y a aussi d’autres difficultés, à savoir les faibles précipitations, la présence de nuisibles dont les mouches-abeilles, les guêpiers et les guêpes, ainsi que la faiblesse des jujubiers, les arbres à l’origine du goût unique du miel yéménite.

Malgré ces écueils, la filière du miel joue un rôle capital dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Yémen. Elle fait vivre environ 100 000 apiculteurs dans le pays. De plus, elle a un fort potentiel de développement. Dans le cadre du projet en faveur de la sécurité alimentaire et de la résilience au Yémen, la FAO et la Banque mondiale incitent les agriculteurs à diversifier leurs sources de revenus avec l’apiculture.

Grâce à ces initiatives, les petits apiculteurs tels que Salim sont de plus en plus en mesure de relever certains défis et de continuer à produire ce miel yéménite de réputation mondiale en attendant des jours meilleurs.

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