Un fer de lance humain de l’innovation numérique au Tadjikistan
Un enseignant féru de technologies aide d’autres agriculteurs à tirer parti de l’informatique.
Agriculteur et informaticien dans l’âme, Khudoidod Rasulov est devenu le porte-voix de l’initiative sur les villages numériques, mise en œuvre par la FAO à Lolazor, au Tadjikistan, et mobilise sa communauté en faveur de ce projet. © Maruf Ashurov
13/05/2024
En raison de sa vocation pour l’enseignement et de son intérêt pour l’informatique, qui s’est manifesté très tôt, Khudoidod Rasulov est une personnalité incontournable dans son village de Lolazor, situé à une trentaine de kilomètres à l’est de la capitale du Tadjikistan, Douchanbé. Il est l’interlocuteur privilégié des villageois qui se tournent vers lui quand ils ont besoin d’informations pour mieux cultiver leur verger ou vendre leurs produits en ligne. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait joué un rôle clé lorsque l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis en œuvre son initiative sur les villages numériques à Lolazor.
«Je suis passionné par les appareils mobiles, et mon métier d’enseignant me laisse du temps libre pour aider les autres villageois», explique Khudoidod.
«La technologie numérique facilite la vie des agriculteurs car elle les aide à résoudre des problèmes agricoles et à accéder aux informations nécessaires pour la gestion de leur exploitation.»
Comme la plupart des habitants du village, Khudoidod et sa famille sont également agriculteurs. Mais avant de prendre la décision d’aller travailler aux champs pour la journée, Khudoidod consulte les prévisions météorologiques sur son smartphone afin de savoir ce qui l’attend.
Lorsqu’il a fini de faire classe à ses élèves de l’école primaire locale, il se rend sur sa parcelle pour aider à labourer le sol et à désherber entre les rangs de concombres, de tomates et de pommes de terre. Ensuite, il arrose les cultures et taille les pommiers, les cerisiers et les pêchers.
Que ce soit pour sa propre famille ou pour les autres villageois, Khudoidod utilise constamment internet en général et les plateformes agricoles en particulier afin de «recommander les meilleures technologies pour la production agricole et fruitière». «En analysant les sites web et les plateformes agricoles, je donne des conseils pour l’achat de meilleurs engrais minéraux et semences pour la culture des fruits et des légumes, le but étant d’obtenir des récoltes abondantes», explique-t-il. «Grâce aux technologies numériques, j’obtiens des avancées pour les activités agricoles menées dans le village.»
Bon nombre de ces compétences ont été acquises au cours des quatre séances de formation sur le numérique organisées par la FAO dans le cadre de l’initiative sur les villages numériques. Mais ce n’est pas tout. Khudoidod a également appris comment utiliser les plateformes des réseaux sociaux pour faire la promotion des produits agricoles cultivés par sa famille et les autres villageois. En outre, il s’est formé à l’utilisation d’une application qui fournit aux agriculteurs des informations complètes sur la planification des travaux des champs.
Cette technologie numérique nous aide à «optimiser le travail agricole grâce à des informations sur les semis, les fruits et les légumes et d’autres types de produits, et nous permet de savoir à quel moment planter et quand utiliser les engrais minéraux pour la culture des fruits et des légumes», précise Khudoidod.
Les habitants de Lolazor utilisent la technologie numérique pour la commercialisation des produits en ligne et la gestion des serres. ©FAO (à gauche) et ©FAO/Daniil Dolidze (à droite)
Il explique qu’avant, les villageois n’avaient personne vers qui se tourner lorsqu’ils avaient besoin de conseils spécialisés pour répondre aux nombreuses questions qu’ils se posaient dans le cadre de leur activité agricole, par exemple en ce qui concerne le moment auquel utiliser les engrais minéraux, irriguer les cultures et appliquer des traitements contre les insectes et les maladies. Aujourd’hui, grâce à l’informatique, les réponses sont à portée de main.
Quand une habitante du village, Farahnoz Ganieva, a une question sur l’une des applications auxquelles il s’est formé dans le cadre du programme de renforcement des compétences numériques, Khudoidod la guide: «Allons dans la section sur la culture du raisin (...) Les icônes “coûts” et “avantages”, que l’on voit ici, permettent de suivre les dépenses et les recettes. En saisissant les données de votre verger, il est possible de calculer approximativement les coûts et les profits potentiels.»
Khudoidod a également joué un rôle actif dans le projet en mobilisant la communauté. Il a été choisi pour être l’administrateur d’un canal Telegram local intitulé «Lolazor numérique». Ce canal, par l’intermédiaire duquel les habitants du village partagent des informations sur les problèmes agricoles qu’ils rencontrent au quotidien, et échangent des solutions, a été créé par la personne chargée de la formation sur le numérique.
Khudoidod et d’autres habitants de Lolazor visitent la vallée de Fergana, en Ouzbékistan, afin de partager des expériences et d’apprendre des pratiques optimales. L’Ouzbékistan est un autre pays d’Asie centrale dans lequel la FAO met en œuvre l’initiative sur les villages numériques. ©FAO/Daniil Dolidze
Mais les rêves de l’enseignant vont encore plus loin. Après la formation, Khudoidod, qui vit avec un handicap, espère ouvrir sa propre entreprise de technologie et proposer des séances de formation afin d’améliorer les compétences numériques des membres de sa communauté et des habitants des villages voisins.
Évoquant un voyage d’étude de trois jours dans la vallée de Fergana en Ouzbékistan, autre pays d’Asie centrale dans lequel la FAO déploie l’initiative sur les villages numériques, il dit qu’il a eu l’occasion de rencontrer des personnes formidables qui sont devenues des amis.
L’expérience, en particulier la visite de la serre à citrons, bien organisée et équipée de nombreux capteurs intelligents basés sur l’internet des objets, l’a enthousiasmé et lui a donné espoir en l’avenir de sa communauté. Grâce à ses compétences et à sa volonté d’aider les villageois à profiter des avantages apportés par l’innovation numérique, Khudoidod joue un rôle majeur dans l’édification de cet avenir.
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