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L’éclosion d’une activité en Ouganda


Le projet de coopération Sud-Sud réunissant la FAO, la Chine et l’Ouganda ouvre de nouveaux débouchés agricoles dans la sériciculture.

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Les vers à soie produisent les cocons dont la soie est tirée. ©FAO/ Stuart Tibaweswa

10/04/2025

Au cœur des collines luxuriantes qui surplombent les rives nord du lac Victoria, une nouvelle exploitation voit le jour. Waiswa Aggrey Mubeerwa, qui en est le jeune directeur, attend qu’elle arrive à maturité pour pouvoir expédier ses produits vers des marchés lointains.

Waiswa a été recruté par l’entreprise Seres Textile Company Limited pour superviser son usine de production de soie à Mukono, un district ougandais qui se trouve à une heure de route à l’est de la capitale, Kampala. Construit en 2019, le grand entrepôt de la société abrite un nombre croissant de vers à soie et de cocons. Waiswa attend ’l’arrivée d’une machine d’extraction, qui permettra de lancer en Ouganda l’activité d’exportation de la soie.

La sériciculture n’est qu’une des nombreuses initiatives d’un projet de coopération Sud-Sud mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en collaboration avec le Gouvernement de l’Ouganda et le Ministère de l’agriculture et des affaires rurales de Chine.

L’Ouganda jouit de conditions de température et d’humidité idéales pour la culture des mûriers, dont les feuilles constituent la seule nourriture des vers à soie. En plus de quelques hectares de terre où planter des arbres, les agriculteurs qui se lancent dans l’élevage de vers à soie ont besoin de tables d’élevage en bois pour les vers à soie et d’un entrepôt où la température intérieure est maintenue à environ 27 °C.

Une fois que les mûriers ont poussé et que les larves de vers à soie sont disponibles, une activité lucrative peut commencer, puisqu’un kilogramme de soie peut facilement se vendre 50 dollars (USD) en Chine. De fait, les vers à soie peuvent rapporter aux agriculteurs locaux jusqu’à dix fois plus que les cultures traditionnelles, comme le maïs.

À la fin de l’année 2024, dans le cadre du projet, environ 200 000 boutures de mûrier avaient été distribuées à 35 agriculteurs et une formation à l’art d’obtenir les cocons, à partir desquels la soie est filée, avait été dispensée à 44 agriculteurs. Au cours de cette formation, les agriculteurs ont étudié les différentes phases de croissance des larves, ont reçu des conseils en matière d’alimentation et ont été sensibilisés à l’importance de maintenir un environnement propre et bien ventilé.

L’Ouganda jouit de conditions idéales pour la culture des mûriers, dont les feuilles constituent la seule nourriture des vers à soie. ©FAO/ Stuart Tibaweswa

Wambedde Simon Waluba, 24 ans, diplômé de l’université de Makerere à Kampala, a été l’une des premières personnes en Ouganda à profiter de ce nouveau débouché. Sa famille possède un terrain de 5 hectares propice à la culture des mûriers.

Ces terres ne produisaient plus depuis des années, pourtant, quand il a entendu parler des mûriers et des vers à soie, Simon a compris qu’il y avait là une chance à saisir.

Aîné d’une fratrie de quatre frères et quatre sœurs, Simon a étudié les sciences sociales pour pouvoir réaliser son rêve d’exercer un poste à responsabilité ou de travailler pour une organisation non gouvernementale. Toutefois, quand sa famille a traversé une période difficile, il a décidé de tout faire pour les aider.

«On m’a dit que ce travail pourrait me rapporter beaucoup d’argent. Je devais trouver des moyens d’aider ma famille sur le plan financier: c’est pourquoi je me suis intéressé à ce secteur», explique-t-il.

Ainsi, Simon a été formé par Waiswa Aggrey, le jeune directeur de la Seres Textile Company, lui-même formé par les experts en ver à soie dépêchés de Chine dans le cadre du projet de coopération Sud-Sud en Ouganda.

Grâce à ce projet, Simon a reçu des graines de mûrier et deux boîtes d’œufs de vers à soie. Il a appris quand et comment faire pousser les arbres et nourrir les vers à soie avec les feuilles de mûrier. Il fournit maintenant depuis 2020 des cocons de soie à l’entreprise.

Comme l’exploitation de Simon, des dizaines d’élevages de vers à soie fleurissent partout en Ouganda. Le projet de coopération Sud-Sud FAO-Chine-Ouganda fournit une assistance à l’acquisition des vers et des connaissances techniques indispensables à la production des cocons, à partir desquels la soie est filée.

À parcelle identique, les vers à soie peuvent rapporter aux agriculteurs locaux jusqu’à dix fois plus que les cultures traditionnelles comme le maïs. © FAO/ Stuart Tibaweswa

La coopération Sud-Sud

L’objectif du projet de coopération Sud-Sud FAO-Chine-Ouganda est d’augmenter la productivité des agriculteurs ougandais grâce à la formation, à la technologie et à l’assistance technique dans un large éventail de domaines, de l’aquaculture à la sériciculture en passant par la production végétale et l’élevage.

Dans un pays où plus de 70 pour cent de la population dépend, directement ou indirectement, de l’agriculture, la transformation de ce secteur pour passer d’une économie de subsistance à une économie de marché est cruciale si l’on veut sortir un grand nombre de personnes de la pauvreté, explique Peter Muyimbo, coordonnateur adjoint national de ce projet au Ministère ougandais de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.

Le projet de coopération Sud-Sud a donné un coup de fouet à la productivité en Ouganda dans d’autres secteurs agricoles, notamment la volaille, l’élevage, le riz, le millet des oiseaux et la production halieutique, avec un formidable succès à la clé. À l’origine, le projet espérait toucher 9 600 bénéficiaires. Or, 70 000 agriculteurs de tout l’Ouganda en ont déjà bénéficié, que ce soit directement ou indirectement.

En rapprochant la FAO, la Chine et l’Ouganda, le projet de coopération Sud-Sud «contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la création d’emplois décents et à l’amélioration des moyens de subsistance, en particulier pour les personnes marginalisées, les femmes et les jeunes», explique M. Muyimbo.

Ce projet est le plus long mené dans le cadre du programme de coopération Sud-Sud FAO-Chine. Depuis 2012, la Chine a envoyé en Ouganda un total de 56 experts agricoles.

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