FAO au Burundi

La FAO à l’actif de l’amélioration de l’environnement et des moyens d’existence des populations des provinces Gitega, Mwaro, et Muramvya

Récolte de la coopérative Tsindamapfa, colline Rugoti en commune Giheta de la province Gitega
17/01/2024

La FAO à l’actif de l’amélioration de l’environnement et des moyens d’existence des populations des provinces Gitega, Mwaro, et Muramvya 

Les populations bénéficiaires des appuis multiformes de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à travers le projet « Integrated Approach Pilot – Food Security (IAP-FS) Appui à la production alimentaire durable et l'amélioration de la sécurité alimentaire et la résilience climatique dans les hautes terres du Burundi » cofinancé par Fonds pour l’Environnement Mondial -FEM- et le Gouvernement du Burundi, se nomment « prospères » grâce aux actions du projet. Tellement, les interventions du projet ont contribué à l’amélioration de leurs conditions de vie qu’ils rivalisent dans les champs à l’honneur de la FAO et des bailleurs en guise de reconnaissance.

Sur une période de 6 ans (2018-2024), le projet IAP-FS a produit un impact grandiloquent dans les 9 communes de sa mise en œuvre en l’occurrence Gitega, Giheta, Bugendana de la province Gitega ; Nyabihanga, Kayokwe, Ndava, de la province Mwaro et Rutegama, Bukeye et Muramvya de la province Muramvya. Les bénéficiaires et les acteurs impliqués se relayent pour vanter les mérites d’un projet qui a su relever les conditions de vie et susciter la confiance en soi des populations, il y a peu, démunies.

En effet, à 8 mois de la clôture du projet, la visée de départ notamment la protection de l’environnement et la conservation des sols, l’augmentation de la production, la facilitation de l’accès aux infrastructures de gestion des opérations après-récolte, la structuration des CEP en coopératives pour faciliter l’accès aux marchés, qui sommes toutes contribuent à l’amélioration des conditions de vie est désormais chose faite en témoignent les acteurs concernés.

Protection de l’environnement et conservation des sols

L’appui de la FAO à travers le projet passe en grande partie par les activités menées dans des champs écoles des producteurs (CEP). En tout 134 CEP (dont 28 CEP endogènes) structurés en 41coopératives ont été mis en place et impliqués dans la production et la plantation des plants forestiers, agro forestiers, fruitiers ainsi que les bambous incluant le traçage des courbes de niveau pour l’amélioration de l’environnement et la conservation des sols.

« Avant, nous ne savions pas que les femmes pouvaient être actives dans les activités de plantation des arbres et en même temps en être propriétaires ! Nous avons été éveillées par le dynamisme des CEP et maintenant nous possédons nos propres plantations. Nous avons contribué de façon significative dans la production et la plantation des arbres non seulement dans nos propriétés mais aussi dans les propriétés publiques et celles des particuliers qui le désiraient. Nous avons fait de même pour le traçage des courbes de niveaux sur les bassins versants », indique Consolate NICINTIJE, présidente de la coopérative Tambuka, en commune Nyabihanga de la province Mwaro.

En effet, l’apprentissage par la pratique des communautés pour en faire des agents de changement est le mot d’ordre de la FAO.  « Dans les 9 communes d’intervention de IAP-FS, les bénéficiaires ont accompli de grands travaux de haute intensité de main d’œuvre moyennant des frais d’encouragement », renseigne Oscar Niyonzima, Coordonnateur du projet.

De tangibles performances ont été atteintes: Près de 29 000 hectares de superficie couvertes grâce à plus de 18 millions de plants forestiers et agroforestiers produits et plantés, près de 47 000 hectares sur 9 bassins versants protégés grâce à l’adoption des meilleures pratiques agro - sylvo -pastorales telles que le contrôle de l'érosion sur  plus de 1 000Km, la plantation d’arbres, la mise en place de près de 1 000 foyers améliorés, sans occulter plus 11 000 composteurs améliorés de fumier organique installés pour la gestion de la fertilité des sols.

Bien plus, 300 km de berges des rivières Ruvyironza, Kayokwe et Kaniga ont été protégés grâce à plus de 250 000 plants de bambous produits. Et dans le cadre de « l’initiative ville verte », 40 000 plants d’avocat, 3 000 plants de faux manguier et 3 000 plants de palmiers-céleri ont été produits et plantés dans les ménages et le long des routes de la ville de Gitega.

En guise de résultats, plus 24 mille agriculteurs appliquent les outils participatifs de suivi des impacts et 8 194 054 tonnes d’équivalent CO2 sont évitées/séquestrées (mesuré par l’outil Ex-Act Carbon Balance) à la suite de l’augmentation du couvert par les interventions du projet.

Cet impact est salué par Dr. Alfred NIYOKWISHIMIRA, Président du comité de pilotage du projet. « Je salue les efforts déployés par la FAO. Sur terrain, il y a des réalisations tangibles plus particulièrement dans le domaine de la protection de l’environnement pour protéger le capital terre qui est très important pour la production », renchérit-il.

Augmentation de la production agricole et facilitation à l’accès aux infrastructures

Le projet IAP – FS s’est beaucoup investi dans la facilitation à l’accès aux semences de qualité à ses bénéficiaires. Il a appuyé les CEP et les coopératives en semences améliorées suivant les spécificités locales. Selon Mme Francine Nijimbere, Point Focal du projet au Bureau Provincial de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage en province de Gitega, le projet a appuyé les CEP et les coopératives, en semences de pommes de terre, de haricot, de maïs, de soja, les plants des fruits, les cultures maraichères, les semences de champignons, …, ce qui a permis d’augmenter les rendements de la production agricole.

Dans les 3 provinces d’action du projet, des cas de succès liés à l’augmentation de la production sont légion. A titre illustratif, il ya lieu de citer le barrage d’irrigation exploité par la coopérative Tsindamapfa, colline Rugoti en commune Giheta de la province Gitega. « Construit par la FAO, ce barrage d’irrigation permet à la coopérative de cultiver toutes l'année différentes variétés de cultures sur 7 ha. Les voisins cultivent sur 18 ha toute l’année, totalisant 25 ha mis en culture » annonce M. Evariste Gasunzu, Président de Tsindamapfa.

Autant que Tsindamapfa, la coopérative Duhagaciro umwimbu marque les points en commune Rutegama de la province Muramvya. Elle exploite un marais de 30 ha mis à sa disposition par la commune. Cette coopérative se distingue des autres par les récoltes très élevés. Charles Nshimirimana témoigne que l’une des saisons, la coopérative a planté 4,5 kg de maïs et a récolté 1,2T, une première dans la localité. La coopérative est déjà agréée par l’Office National de Contrôle et Certification des Semences (ONCCS) comme multiplicateurs de semences. Charles Nshimirimana, président de la coopérative souligne que la coopérative est reconnue comme référence par la commune.

Pour faciliter l’accès à la fumure organique, la FAO a distribué des porcins et des poules pondeuses dans le cadre de la chaine de solidarité communautaire. Quant aux infrastructures communautaires, 3 hangars de stockage pour les opérations après-récolte ont été construits sur les collines   Muyebe, Rweru et Nkonyovu ; 3 barrages d’irrigation fonctionnels à Mutwenzi, Rwingiri en province de Gitega et Matongo en province de Mwaro ; et un abri d’une unité de transformation de blé à la colline Kigereka en commune Bukeye de la province de Muramvya. Cela a permis l’augmentation de la production orientée vers le marché.

Amélioration des conditions de vie

L’amélioration des conditions de vie est l’un des leitmotivs des interventions du projetIAP-FS de la FAO. A entendre ce que disent les bénéficiaires de leurs réalisations, on croirait à un miracle mais c'est plutôt le fruit de leur travail. Des malnutris devenus propriétaires des véhicules de déplacement personnel motorisés, des ex-démunis devenus propriétaires des terres, des éleveurs de gros bétail,des multiplicateurs de semences agréés, …, C’est entre autres l’impact du projet au sein des communautés bénéficiaires. Ces gens ne croient plus à la fatalité de la pauvreté, celle-ci est liée à l’ignorance et à l’inaction, disent-ils.

Ntahondereye Silas, est membre de la coopérative Turikumwe Twese Birashoboka de Kabanga en province de Gitega. Cet ancien conducteur de taxi-vélo à Bujumbura a vu sa vie changer après avoir intégré le CEP Dukingire isi yacu. Propriétaire d’un terrain de près de 2 ha, avant il dépassait à peine 150 kg de récolte de maïs par an, témoigne – il.  Grâce aux bonnes pratiques agricoles apprises dans les CEP, la première récolte de 1 650 kg de maïs et 1 800 kg de haricot lui a permis d’acheter une vache de 500 000 Fbu. La 3ème année après son entrée dans le CEP, il était déjà propriétaire de 3 vaches et 2 motos, une pour le transport rémunéré et une autre pour le de déplacement en famille. Il a aussi acheté des parcelles pour agrandir ses terrains à cultiver. Il vit dans une maison connectée à l’électricité et possède entre autres un poste téléviseur pour suivre les informations du pays.

« Je ne sais pas si c’est parce que j’avais vécu les pires conditions en tant que conducteur de taxi vélo que je suis plus déterminé que jamais à avancer ! Chaque année, je dois faire un pas en avant », renseigne M. Ntahondereye.

Mme Consolate Nicintije, présidenbte de la coopérative Tambuka en commune Nyabihanga de la province Mwaro est l’une d’innombrables bénéficiaires qui partage la même histoire que M.Silas Ntahondereye.« J’ai des terres très vastes, mais avant que je ne devienne membre de CEP, je récoltais dans des sacs, mais maintenant ce temps est révolu. Pendant la récolte, je loue un camion pour transporter la récolte et il fait des tours, hahaha, le développement nous a atteint ! Nous ne produisons plus pour avoir seulement de quoi manger, mais plutôt pour le marché », se réjouit-elle.

Mme Margeurite Manirangumije quant à elle illustre une détermination payante. Sous-poids, pesant 35 kg, elle a pu s’intégrer au début dans un CEP et est parvenue à se hisser à la tête de la Coopérative Kerebukira isuka. Actuellement sa vie a complètement changé. Elle pèse 55 kg, propriétaire d’une moto par laquelle elle sillonne les villages pour enseigner les bonnes pratiques agricoles et pastorales qui l’ont tiré des morts-vivants et l’ont mise dans une place de choix au sein de la communauté, dit-elle de soi-même.

Caisse de Résilience

Ce qui marque les esprits, c’est la caisse de résilience promue par le projet au sein des CEPs et coopératives. Basé sur 3 piliers qui sont les piliers économique, technique et social, la caisse de résilience a permis l’épargne et l’accès à des crédits productifs sans recours aux institutions financières traditionnelles. Les contributions et les intérêts générés ont permis à certains CEP d’acheter des cartes d’assurance maladies pour leurs membres afin qu’ils aient accès aux soins de santé sans entrave.

La caisse de résilience a permis aux membres des coopératives d’envoyer des enfants à l’écoles sans ambages, d’acquérir des propriétés foncières, de repeupler leurs cheptels, de démarrer des activités génératrices de revenus (AGR), etc.

Le pilier social a été mis en œuvre avec succès, car témoignent les bénéficiaires, beaucoup de conflits sociaux ont été réglés sans faire recours aux instances judiciaires. La vie dans les CEP, témoignent les bénéficiaires, améliore les relations sociales.

Dr. Alfred NIYOKWISHIMIRA, Président du Comité de pilotage salue l’impact du projet avant son terme. « Quand les gens ont de quoi manger et le surplus pour le marché, quand ils investissent dans l’achat des portions de terres, du bétail, des moyens de déplacements rémunérés, créent des AGRs, ont accès aux soins de santé, …Ce sont là des indicateurs, qui ne trompent pas, de changement et d’amélioration des conditions de vie prônés par Son Excellence le Président de la République », conclut-il.