FAO au Cameroun

Renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle par la transformation et le séchage solaire des fruits et légumes

28/07/2020

La FAO forme les populations vulnérables de la région de l’Extrême-Nord à la transformation et la conservation des aliments en pleine pandémie COVID 19.

La pandémie du Covid-19 a une incidence négative sur tous les secteurs de la vie au Cameroun. Dans la région de l’Extrême-Nord déjà en proie aux affres de Boko Haram, les populations sont confrontées aux difficultés à diversifier leur alimentation principalement composée de céréales et de légumineuses. Les mesures qu’imposent la riposte à la propagation du Covid-19 viennent encore avec leur lot de contraintes qui impactent directement la vie des populations, causant deux problèmes majeurs. Il s’agit d’une part de l’accès limité aux ressources alimentaires dont celles contribuant au renforcement du système immunitaire de l’organisme ; d’autre part, l’on note un risque considérable de baisse des revenus des petits producteurs face à l’augmentation des pertes post récolte, du fait des difficultés d’écoulement rapide des produits agricoles.

En réponse à ces dernières préoccupations, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mené une formation à la transformation et au séchage solaire des fruits et légumes. Cette activité s’inscrit dans la mise en œuvre du projet « Amélioration de la sécurité alimentaire des populations affectées (déplacés internes hôtes, réfugiés et rapatriés) impactées par la crise au Cameroun dans l'Extrême-Nord et le Sud-Ouest/Nord-Ouest » financé par le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (UNCERF). L’objectif principal de la FAO ici est de limiter les pertes post récolte et d’assurer la disponibilité des produits agricoles, en particulier ceux hautement périssables et sujets aux facteurs climatiques (humidité, température) et biologiques (moisissures, insectes). En appui technique au Ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER) et avec la collaboration de son partenaire de mise en œuvre l’Association pour le développement et la pisciculture dans le Septentrion (ADPS), la FAO a formé des groupes de femmes constituées en groupements d’intérêt commun (GIC) ainsi que des agriculteurs rattachés aux groupes champs écoles paysans déjà mis en place. A ce jour, 101 femmes et hommes parmi les plus vulnérables des départements du Mayo-Tsanaga et du Mayo-Danay ont bénéficié de cette formation.

Sécher et conserver les aliments pour améliorer la sécurité alimentaire

Les avantages du séchage solaire des aliments peuvent être envisagés à deux niveaux. Sur le plan de la sécurité alimentaire, la constitution de réserves en fruits, légumes et en feuilles séchées peut contribuer à équilibrer l’état nutritionnel des ménages, spécialement pendant les périodes de soudure où les carences vitaminiques sont plus élevées. Ainsi, pour faire face aux effets du Covid-19, la transformation et le séchage solaire des fruits et légumes permettra aux bénéficiaires de faire des stocks alimentaires en prévision des temps de pénurie et permettra d’accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle en cette période de pandémie. Un autre effet positif de cette pratique réside dans le fait qu’elle offre aux communautés la possibilité de diversifier leurs sources de revenus, en valorisant les récoltes des produits issus des activités maraichères vulgarisées par la FAO depuis quelques années et pratiquées par les populations locales.

Sur le plan nutritionnel, la crise liée au Covid-19 constitue une opportunité pour mettre en lumière les cultures maraichères à l’Extrême-Nord, à travers la pratique des classes vertes[1] à domicile ou encore des jardins de case. En effet, par la formation locale de vingt-cinq éducateurs et cent cinquante élèves du cycle primaire, la FAO a amorcé la promotion de la culture maraichère auprès des populations de cette région. Ainsi, les classes vertes et jardins de case contribueront à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages, en leur offrant un accès direct à des aliments variés durant les périodes difficiles de Covid-19 et au-delà. La région de l’Extrême-Nord déjà riche en termes de production céréalière requiert un apport plus important en fruits et légumes compte tenu de leur importance dans le renforcement du système immunitaire pour faire face à la pandémie. Ils apporteront à l’organisme les vitamines A et C, ainsi que le carotène et les sels minéraux nécessaires à son bon fonctionnement. Alors, les cultures maraichères telles que tomates, carottes, concombres, laitues, l’oseille, l’amarante, oignons, poireaux, céleris déjà pratiquées dans la communauté sont très bénéfiques pour une variété nutritionnelle qualitative.

Une approche innovante pour faire face au Covid-19

De manière générale le projet « Amélioration de la sécurité alimentaire des populations affectées (déplacés internes hôtes, réfugiés et rapatriés) impactées par la crise au Cameroun dans l'Extrême-Nord et le Sud-Ouest / Nord-Ouest » continue à porter de bons fruits auprès des populations rurales ciblées. Avec l’appui en équipements et de matériels d’hygiène reçu, six groupes de producteurs bénéficiaires sont désormais aptes à conduire dans les conditions appropriées, les activités de séchage des fruits et légumes tout en conservant leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques. A ce sujet, Djibriné Abba, bénéficiaire de Houdangol dans l’arrondissement de Maga témoigne de sa satisfaction : « avec l’aide de la FAO, j’ai cultivé et récolté du gombo que je revends au marché ; cette activité me permet de me faire des bénéfices considérables grâce auxquels j’achète du riz, de la viande et d’autres aliments dont j’ai besoin pour la maison. Maintenant que je sais sécher mes gombos, je crois vraiment que je pourrai relever le revenu familial ». La mise en œuvre du CEP ainsi que le renforcement des capacités en techniques de séchage, transformation et stockage des aliments constituent une approche innovante pour faire face au Covid-19 et pour faire des bénéficiaires, des experts et leaders dans leurs communautés.



[1] La classe verte est une invitation à vivre en harmonie avec la nature, apprendre les différents métiers de l’agriculture moins contraignantes. Elle permet une autonomie, responsabilité en particulier la vie collective et d’entraide entre la famille ou les amis.