Global Forum on Food Security and Nutrition (FSN Forum)

Laurent Levard

GRET
France
  1. Definition and significance of Smallholder agriculture : is the approach in the report adequate ?
  • Utile et pertinente définition  des SHF (small-holder farmers), et notamment le fait qu’il s’agit d’agriculteurs familiaux (avec les différentes implications en termes de non séparation des sphères de la production et de la reproduction sociale de la famille).
  • Sur le rôle de l’intérêt de l’AF (SHF) pour la sécurité alimentaire : l’argumentation se base sur les rendements (yields). Ils sont certes définis (« physical production per unit of land »). Mais il faut aller plus loin pour ne pas créer de confusion : préciser qu’il s’agit de la production i) totale par unité de surface (intégrant a) toutes les productions des cultures associées et b) les productions animales permises par la valorisation d’une partie de la production végétale et des sous-produits et ii) annuelle, c’est-à-dire tenant compte de la succession de différents cycles productifs dans l’année. En effet, la supériorité de l’AF par rapport aux autres types d’agriculture est souvent en partie liée à ces questions, elle ne peut être démontrée en se contentant de comparer deux niveaux de rendements de maïs, part exemple. Attention donc à l’utilisation du concept de « yield gap » p. 59).
  • Sur l’intérêt de l’AF (point 2.2.) il manque une question centrale : la richesse produite par l’AF, mesurée en termes de valeur ajoutée annuelle par unité de surface. L’intensité en travail de l’AF et le recours à des intrants internes à l’exploitation (fourrages, fumiers) se traduit souvent non seulement par de meilleurs rendements à l’hectare (cf ci-dessus), mais aussi (et dans des proportions accrues) par une plus grande VA à l’hectare, en comparaison à d’autres types d’agriculture. Si l’on considère que la terre constitue souvent le facteur limitant (immédiatement ou potentiellement, car non extensible), l’efficience de la production par rapport à ce facteur de production (et donc la VA/ha/année) doit être considérée comme un critère central d’efficience économique (et, indirectement d’impact sur la sécurité alimentaire SA)
  • Il manque également dans cette partie 2. (2.2. bis, mais cela peut aussi être intégré dans le 2.1., car a un impact sur la SA) : le rôle de l’AF en termes de préservation et amélioration de la fertilité du milieu. Il faut mentionner l’intérêt fondamental des SHF à reproduire cette fertilité (à la différence d’autres types d’agriculture qui ne visent que le profit de court-terme) et donc de son impact sur le potentiel productif à venir. La question des impacts écologiques est abordée en 2.4. (« revisiting energy efficiency issue ») mais en abordant qu’un aspect partiel.
  • La question de l’intérêt de l’AF du point de vue de l’emploi (partie 2.2. p. 28) mériterait d’être renforcée, en enlevant le « probably » . Et en soulignant que cet impact sur l’emploi va de paire avec un impact en termes de distribution plus équitable des revenus dans la société (dans une société ou tout le monde travaille, il y a plus de chance d’avoir une plus juste répartition des revenus et d’avoir moins de très pauvres), et donc aussi en termes de SA.
  1. Framework for Smallholder agriculture and related investments : is the tipology useful, adequate and accessible for the problem at hand ?
  • Utile et pertinent de mentionner les grandes catégories d’investissements pour la petite agriculture. Notamment le fait que le travail agricole lui-même, quand il permet d’accroître et d’améliorer les ressources productives (y compris la fertilité de l’écosystème), constitue un investissement (P. 36)
  • Pertinent de souligner le rôle central donné aux investissements par les agriculteurs eux-mêmes
  • A deux reprises (p. 31 et 32), il y a une posture « sur la défensive » sur les engrais chimiques et «conventional intensification» : cela demanderait une démonstration / explication plus en accord avec la tonalité du reste du document.
  • Les investissements dans le savoir-faire devraient être davantage développés. Les concepts de « research and extension » utilisés à plusieurs reprises, devraient être accompagnés de la mention des échanges d’expériences entre agriculteurs. (mentionné également en réponse à la question 4).
  1. Constraints to smallholder investment: are all main constraints presented in the draft? Have important constraints been omitted?
  • Utile et pertinente analyse des trois types de risques
  • Utile et pertinente analyse des freins à l’investissement : faiblesse des ressources productives elle-même ; risques ; environnement économique, social ; environnement institutionnel
  • Utile mention de la volatilité des prix agricoles et du niveau des prix eux-mêmes (mais ce dernier aspect devrait aussi être repris dans le résumé)
  • Dans le résumé, réintégrer la question de la nécessité de prix rémunérateurs (ne pas parler que de volatilité) (bien présent dans le texte lui-même).
  • P. 37., 3.2. paragraphe suivant « the different types of capital/assets », 1ere ligne : « labor force » et non « labor ».
  • P. 38. (partie 3.3. « What type of investment ?”, 3.3.1. “Investment and productivity”) : il manque une véritable analyse de la façon dont les différent types de techniques / d’investissements influent sur la valeur ajoutée annuelle par unité de surface et sur la productivité du travail, en différentiant notamment :
  • i. Les investissements permettant un accroissement de la valeur ajoutée par unité de surface et par cycle de production, (via a) une augmentation des rendements, b) une meilleure valorisation de la production, ou encore c) une diminution de certains coûts)
  • ii. Les investissements permettant de multiplier les cycles de production sur une même surface au cours de l’année,
  • iii. Les investissements permettant de remplacer du travail humain et ainsi a) d’accroître la surface cultivée par actif, b) de mieux réaliser le travail (=> impact de type i)) ou de c) réduire la pénibilité du travail  (de dernier point est mentionné dans le texte, mais pas les autres)

Il s’agit en effet d’investissements de nature bien différente qui répondent à des situations particulières que peuvent mettre en évidence des typologies de producteurs. De plus, les investissements en i. et ii. Peuvent avoir un effet immédiat ou différé (accroissement de la fertilité des sols, amélioration génétique, etc.). Or ce type d’analyse du type d’investissement (at farm level, mais pas seulement, on peut aussi raisonner des investissements publics ou investissements privés en amont et en aval de la production sur cette base) répondant aux différentes réalités est bien souvent absent (ce qui amène à des recommandations techniques non adaptées).

A ce titre, les 2 paragraphes qui se suivent en 5.2.2.1. (de « For smallholder agriculture… » à « … more labor intensive options ») et qui abordent la question de l’agroécologie mériteraient d’être mieux structurés et argumentés (et certaines conclusions discutées) à l’aide de ce type de distinction des différents types d’investissement.

D’une façon général, cette approche pourrait utilement aider à structurer et compléter la partie 5.2.2.1.

  • Il est fait mention des acquisition de terres (p. 43), en les qualifiant d’investissements. Attention, il importe de bien préciser que, au niveau d’un individu, acquérir des terres représente bien un investissement, mais que, du point de vue social (de la société), il n’y a pas « investissement », c’est-à-dire accroissement du capital (qu’il soit économique, « naturel», « social » ou « humain »), mais simple transfert de propriété ou de droit d’usage.
  1. Are the main areas for recommandations and the priority domains for action adequate? Does the draft include sufficient information at the adequate level to support the policy messages?
  • Pertinence des recommandations.
  • Utile mention du rôle donné à l’amélioration des conditions de vie elle-même des familles (et donc rôle des politiques sociales)
  • Utile mention de l’importance de disposer de bonnes typologies de producteurs
  • Utile mention des limites et risques de l’agriculture contractuelle (et non seulement son intérêt)
  • Dans le résumé, réintégrer la nécessité de subventionner les investissements des SHF (via intérêts bonifiés ou autre) (mentionné dans le texte)
  • Financement de l’agriculture (p. 51). Mentionner la nécessité dans de nombreuses situations de subventionner les investissements compte tenu des montants qu’ils impliquent et de leur effet différé. (mais, c’est bien mentionné p. 55)
  • Les financements dans les infrastructures et services permettant de réguler les marchés agricoles (dispositifs de stockage, d’information sur les marchés, etc.) sont à peine effleurés. Ils sont pourtant très importants. La partie 5.2.4. doit donc être renforcée.
  • Les investissements dans le savoir-faire devraient être davantage développés. Les concepts de « research and extension » utilisés à plusieurs reprises, devraient être accompagnés de la mention des échanges d’expériences entre agriculteurs (mentionné également en réponse à la question 2).