>>ENGLISH VERSION BELOW<<
L’avenir de l’agriculture familiale: Assurer des ressources aux femmes et aux jeunes qui travaillent dans l'agriculture
- Quel rôle les écoles et les universités peuvent-elles jouer dans la promotion de filières agricoles destinées aux jeunes ? Si vous connaissez des programmes dans ce domaine, veuillez nous en faire part.
Réponse 1 : Quand on parle d’écoles et d’universités, on parle déjà d’institutions de formation qui au bout du rouleau délivrent des diplômes et ou certificats. Cette compréhension restreinte du concept ne nous permettra pas de cerner la question et de l’analyser dans ses contours. Ainsi, les écoles et les universités sont non seulement les structures de formation conduisant à des diplômes, mais aussi les institutions qui ont une vocation de transmettre aux jeunes et aux femmes, des savoirs faire qui influencent positivement leurs pratiques culturales, améliorent leurs rendements grâce à l’utilisation des moyens à leur portée. Cette clarification faite, il conviendrait de montrer que l’approche filière exige avant tout que les structures de formation fassent les études nécessaires relatives à la chaîne des valeurs par filière. Une fois ce travail fait en amont, les jeunes n’auront plus de difficulté à choisir leur filière agricole de prédilection. Prenons un exemple. Si la filière de production du soja a subi les études dont nous avons parlées, le jeune qui s’y engage, sait que sur la chaîne, les usines pour lui racheter ses produits existent. Les usines sachant que la matière première est assurée peuvent se lancer dans la recherche de marchés avec l’appui des banques. Les banques n’attendent que d’être convaincues par la rentabilité de la filière. Le rôle des structures de formation n’est plus aujourd’hui de donner la connaissance et de livrer les jeunes sur le terrain de l’emploi. Elles doivent les outiller au point où ceux-ci, une fois sortis de l’école doivent avoir un seul souci : se mettre à leur propre compte. Mais l’autre travail des structures de formation, c’est de suivre l’effectivité de l’installation de leurs anciens étudiants en vue de leur apporter de l’accompagnement sur le terrain de la profession. Cela va beaucoup influencer leurs activités et drainer plus de jeunes à embrasser ces filières.
Mais toujours parlant de structures de formation, on parle de jeunes gens et de femmes qui sont lettrés. Un nombre important de jeunes et de femmes (acteurs ruraux et candidats aux activités agropastorales) sont mis en quarantaine du fait de l’analphabétisme. Dieu sait que ceux-ci sont très nombreux au Bénin. Quels rôles les structures de formation peuvent jouer en leur faveur ? Adapter les formations à leurs besoins et transmettre les connaissances en langues du milieu. C’est un gros travail qui demande de sacrifices de la part des maisons de formation. Si l’ambition est de mettre ces analphabètes dans la danse de la production qui nourrit son homme.
- Quelles sont les approches les plus efficaces pour promouvoir l'égalité des agricultrices ?
Réponse 2 : Quand on parle de l’égalité des agricultrices, cela fait croire qu’il y a une inégalité entre elles. Cela est d’autant vrai quand on parle d’agricultrice lettrées et d’agricultrice analphabète, d’agricultrice sans moyens de production et d’agricultrice disposant de moyen de production, d’agricultrice disposant de financement et celle qui n’en dispose pas. Pour assurer l’égalité, il faut offrir les mêmes chances à toutes. Il s’agit donc de préparer un outil d’évaluation des éléments d’inégalité entre elles qu’il faut renseigner. Cela permettra de retrouver les inégalités à combler.
Il faudra que désormais, l’analphabétisme ne soit plus une barrière pour l’accès des agricultrices aux politiques et programmes, les moyens de production et de financement n’empêchent plus les agricultrices de se valoriser, de produire en abondance et en tirer profit.
- Quelles sont les mesures que peuvent adopter les organisations de développement et les gouvernements pour rendre les zones rurales plus intéressantes aux yeux des futurs agriculteurs ?
Réponse 3 : Devenir agriculteur, c’est choisir la profession d’agriculteur, d’éleveur, de pisciculteur ou même de transformateur de produit d’agriculture, de pêche et d’élevage. Jusqu’à présent, les jeunes qui ont fait les écoles et universités spécialisées dans ces domaines sont à la recherche de l’emploi. C’est dire que ceux-ci n’ont pas comme premier reflexe d’aller s’installer. Cela est dû forcément aux programmes de formation. Mais l’environnement agit également sur ces jeunes gens et femmes. En réalité, comment comprendre qu’un autre jeune avec qui vous êtes sorti de l’université et qui a fait une étude en impôt par exemple soit recasé par l’administration publique ou privé et travaille sous climatiseur pendant que vous serez au soleil ?
Pour changer cette façon d’analyser les choses, il valoriser l’activité de production agricole et ses acteurs.
L’Etat en premier va offrir un Kit d’installation et d’accompagnement à tout jeune candidat véritable à la production agricole. Il s’agira de lui donner une formation en entrepreneuriat agricole tournée vers la filière qu’il souhaite embrasser, de lui offrir les premiers intrants, de lui assurer la possibilité de crédit bancaire à travers la mise en place de fonds de garantie (dans lequel les banques doivent être elles-mêmes actionnaires), de lui faciliter l’assurance de sa production, de lui offrir un habitat décent, de l’eau potable, de l’électricité (par panneaux solaires), le téléphone mobile avec une connexion corporate à coût très insignifiant, l’accès à internet, l’accès aux médias (télévision et radio), l’accès à l’école pour leurs enfants (si la zone est très éloigné, un programme d’enseignement par la télévision aux enfants), un moyen de déplacement, de routes pour accéder aux marchés.
Les organisations internationales doivent travailler sur ces programmes et accompagner les Etats à leur mise en œuvre. Mais il va falloir créer des télévisions et radios spécialisées pour diffuser les expériences porteuses des jeunes et des femmes en vue d’offrir des exemples aux nouveaux candidats à ce métier.
- Si vous disposez d'études de cas sur l'autonomisation des femmes et des jeunes dans le secteur agricole pour assurer une meilleure sécurité alimentaire, veuillez nous en faire part.
Réponse 4 : Je vous donne le cas de deux jeunes au Bénin (un homme et une femme). Le jeune homme, Roland, après sa formation agropastorale s’est acheté un ha de terre et s’est installé avec sa famille. Partant d’un champ de maïs, il est à plus de 20 ha de palmeraie, d’un cheptel cunicole et avicole important. Dans sa ferme il dispose d’électricité alimenté par le soleil, d’internet et d’une usine artisanale d’extraction d’huile de palme. Il m’a confié qui n’envie rien chez un fonctionnaire. Roland a créé l’association nationale des jeunes agriculteurs modernes qu’il préside au Bénin.
La dame, Nadine, elle aussi s’est installée à son propre compte et produit les œufs, les poissons avec sa famille. Elle dirige l’Association nationale des jeunes ruraux au Bénin.
Tékpon GBLOTCHAOU
Président de l’Alliance contre la faim et la malnutrition au Bénin
Président de la Plateforme des Alliances contre la faim et la malnutrition de l’Afrique de l’Ouest
- What role can schools and universities play in promoting agricultural careers to youth? Please share any relevant programs you are aware of.
Answer 1: When one speaks of schools and universities, one is already talking about educational institutions which at the end of the day deliver diplomas and certificates. This narrow understanding of the concept does not allow us to grasp the question and to analyze its various aspects. Accordingly, schools and universities are not only training institutions leading to diplomas, but also institutions which have the aim of transmitting to the young and to women that knowledge which will positively influence their cultural behavior and enhance their productivity by using the means at their disposal. Following this clarification, it will be useful to show that the sectorial approach requires above all that training institutions should carry out the necessary studies related to the value chain by sector. Once this preliminary work has been done, young people will no longer have difficulty choosing their preferred agricultural sector. Let us take an example. If the production in the soya sector has undergone the studies mentioned, a young person committing to this sector will know that, in the chain, there are processing plants that will purchase these products. The plants, knowing that the supply of raw material is secure, can, with the support of the banks, start looking for markets. The banks will only wait to be convinced of the profitability of the sector. The role of training institutions today is no longer to impart knowledge and deliver the young to the work place. They should equip them to the point where the young, once out of school should have just one desire: to go into business for themselves. But the other work of training institutions is to monitor the success of the initial entry into business of its former students with the objective of providing support in the professional arena. That will greatly influence their activities and attract more young people to engage in these sectors
Still talking about training institutions, one is talking about the literate young people and women. An important number of young people and women (rural workers and candidates for agro-pastoral activities) are excluded due to their illiteracy. God knows that there are many such in Benin! What role can the training institutions play to help them? Adapt training to their needs and use the local languages to transfer knowledge. It is a great task that demands sacrifices on the part of the training institutions, if it is really the ambition to put these illiterate women in the production line that feeds their men.
- What approaches are most successful in promoting the equality of female farmers?
Answer 2: When one is talking about equality of female farmers, it makes you think that there is inequality among them. That is equally true whether one is talking about literate female farmers or illiterate female farmers, of female farmers without means of production or of female farmers who have means of production, of female farmers that have means of financing or of those that do not. To ensure equality, it is necessary to offer the same posibilities to all. Therefore, it is a question of preparing a method for assessing the components of the inequality which has to be investigatedamong them. This will make it possible to identify the inequalities that need to be ironed out.
Hereafter, illiteracy should not bar female farmers from accessto the policies and programs,the means of production and funding which will no longer prevent female farmers fromimproving their worth, having abundant production and deriving the benefits.
- What measures can development organizations and governments take to make rural areas more appealing for future farmers?
Answer 3: To become a farmer, is to choose the profession of farmer, livestock producer, fish farmer or even a processor of agricultural, fishing or livestock products. Up until now, the young who have studied at specialized schools and universities in these areas are seeking employment. That is to say that their first aim is not to set up as farmers. This is due inevitably to the training programs. But the environment also has an effect on these young people and women. In reality, how to understand that another person who was with you at university and, for example, has studied Tax, is employed by a public or private administration and works in an air-conditioned room while you are working in the sun?
In order to change this way of analyzing things, it is important to properly value agricultural production and its participants.
In the first place, the State will offer a Start-up and Support kit to any authentic young candidate for agricultural production. This will consist of giving the young person training in agricultural entrepreneurship specifically in the sector they desire, to offer the first inputs, and to ensure them the possibility of bank credit by arranging guarantee funds (in which the banks must themselves be stakeholders), to facilitate the insurance of his agricultural production,to offera decent living place, clean drinking water, electricity (through solar panels),a mobile telephone with a very low cost corporate connection, internet access, media access (television and radio), access to a school for their children (if the area is very distant a TV based teaching program), means of transport, roads for access to markets.
The international organizations should work on these programs and support the States in their implementation. But it will be necessary to create specialized television and radio programs to broadcast the relevant experiences of these young people and women with the objective of offering examples to new candidates to this trade.
- Please share any relevant case studies about empowering women and youth in agriculture to achieve better food security.
Answer 4: I can present you with the case of two people in Benin (a man and a woman). After his agro-pastoral training, the young man, Roland, bought a hectare of land and installed himself and his family. Starting with one field of maize, now he has more than 20 hectares of palm groves, and an important chicken and rabbit stock. In his farm he has solar electricity, internet and an artisanal plant to extract palm oil. He told me that he lacks nothing compared with a civil servant. Roland has created the national association for modern young farmers of which he is president in Benin.
The lady, Nadine, also started by herself and produces eggs and fish with her family. She directs the Association National de Jeunes Ruraux [National Association of Rural Young People] in Benin.
Tékpon GBLOTCHAOU
Président de l’Alliance contre la faim et la malnutrition [President of the Alliance against Hunger and Malnutrition] in Benin
Président de la Plateforme des Alliances contre la faim et la malnutrition de l’Afrique de l’Ouest [President of the Platform of Alliances against Hunger and Malnutrition in West Africa].
Tékpon Gblotchaou