Action contre la désertification

Une approche de restauration incontournable pour atteindre la neutralité de dégradation des terres

Action contre la désertification vise à restaurer 35 000 hectares de terres d’ici à 2018


03/05/2018

Rome – Action contre la désertification, un important programme de la FAO  financé par l’UE, a jeté les bases de la restauration des terres à grande échelle en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique. Son approche pourrait  être un outil indispensable pour atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres, selon les experts réunis à Rome pour présenter les résultats du programme, qui entre dans sa dernière année de mise en œuvre.

Chaque année, 12 millions d’hectares de terre se dégradent sous l’effet de la sécheresse et de la désertification, selon la CNULCD, l’organe des Nations Unies chargé de la lutte contre la désertification. D’après la CNULCD, cet espace correspond à celui nécessaire à la production de 20 millions de tonnes de céréales.

La pression démographique et les changement climatiques ajoutent davantage de pression aux écosystèmes fragiles des terres arides en Afrique et des îles des Caraïbes et du Pacifique. Ils mènent à la faim et à la pauvreté et sont d’importants facteurs de migration et de conflits.

« Malgré cette sombre perspective, ces problèmes ne sont pas insurmontables », selon Eva Müller, Directrice de la Division des politiques et des Ressources Forestières de la FAO, qui s’est exprimée lors de l’ouverture de la réunion du programme Action contre la désertification. « Des actions et des investissements ambitieux peuvent permettre de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer les moyens d’existence et d’aider les populations à s’adapter aux changements climatiques », a-t-elle ajouté.

« Action Contre la Désertification a démontré que la dégradation des terres n’est pas irréversible », a dit Pietro Nardi de l’Union Européenne, principal bailleur du projet. « Ceci est une bonne nouvelle d’autant plus qu’au niveau international, les efforts de lutte contre la dégradation des terres sont en haut de l’agenda», a-t-il ajouté en référence à la révision des objectifs de développement durable par les Nations Unies en juillet prochain.

Les communautés au cœur de la restauration

Action contre la désertification est un partenaire-clé de l’initiative de la Grande Muraille Verte africaine, lancée en 2014. Jusqu’ici, elle a permis d’atteindre près de 500 000 personnes. D’ici la fin de l’année, 35 000 hectares de terres auront été restaurés par plantation.

Point central de cette réussite, l’approche d’Action contre la désertification met les communautés au centre de la restauration des terres en répondant à leurs besoins et préférences propres en termes d’espèces utiles, afin de renforcer leurs moyens d’existence.

« Nous aidons les communautés à planter les bonnes espèces au bon moment et au bon endroit», selon Moctar Sacande, responsable du projet. Celui-ci a également souligné l’importance de mettre à l’échelle ces activités en réponse à l’immensité du besoin de restauration, tout en insistant sur le fait que la mécanisation de la préparation du sol joue un rôle clé pour y arriver.

En outre, Action contre la désertification consacre beaucoup d’efforts à stimuler le développement économique en aidant les communautés à développer des filières de produits forestiers non-ligneux. Des produits comme la gomme arabique, le miel ou les huiles de certains arbres ont un potentiel commercial important. D’autres, tels que les graminées à croissance rapide, servent comment fourrage, que ce soit pour la consommation propre ou pour la vente.

Des résultats majeurs ont étés obtenus dans le suivi-évaluation, essentiel au suivi du progrès des activités sur le terrain. Un système novateur, basé sur l’outil Collect Earth de la FAO et développé en partenariat avec Google, a permis à Action contre la désertification de mesurer sa contribution à l’atteinte des cibles de neutralité en matière de  dégradation des terres.

Action contre la désertification a joué un rôle central dans la première évaluation mondiale des arbres, forêts et utilisation des terres dans les zones arides. Sur base de l’analyse de 200 placettes d’échantillonnage d’un demi hectare chacune, il a été démontré que les forêts des terres arides sont bien plus importantes que cela n’avait été estimé par le passé. Cette découverte a été publiée dans la revue Science en mai 2017.

Restauration des terres à grande échelle au profit des petits agriculteurs

L’évaluation mondiale des terres arides a permis d’estimer les besoins de restauration dans la Grande Muraille Verte africaine pour la première fois. Sa zone d’emprise couvre 780 millions d’hectares, soit plus de deux fois la surface de l’Inde, et abrite 232 millions de personnes. L’évaluation indique que 166 millions d’hectares de cette zone ont besoin d’être restaurés.

Il est à présent clair que les besoins sont énormes: dans la seule zone de la Grande Muraille Verte, plus de 10 millions d’hectares devraient être restaurés chaque année jusque 2030 pour atteindre l’Objectif de Développement Durable 15 des Nations Unies sur la neutralité de la dégradation des terres.

En même, temps, des efforts sont en cours pour étendre l’initiative de la Grande Muraille Verte à d’autres zones de l’Afrique. Plusieurs pays ont exprimé leur intérêt d’y participer, dont le Ghana, le Cameroun, de même que le Swaziland, la Namibie et le Lesotho dans le cadre des efforts de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (CDAA) pour lutter contre la désertification.