Action contre la désertification

Barkissa Fofana est persuadée que la science peut aider à lutter contre la désertification

L'incroyable parcours d'une jeune chercheuse burkinabé


20/02/2019

Djibo, Burkina Faso – La science est un élément fondamental des efforts de l’Action contre la désertification de la FAO afin de rendre les terres dégradées vertes et productives à nouveau. Barkissa Fofana pense que la microbiologie peut aider et mène des recherches pour le prouver. Un voyage inspirant en première ligne de la lutte contre le changement climatique et la désertification.

« Face aux problèmes environnementaux causés par le changement climatique, la désertification et la croissance démographique, il faut agir », explique Barkissa Fofana dans un site dégradé planté d'acacias situé à proximité de la ville de Djibo, dans la région du Sahel, au nord du Burkina Faso.

A 30 ans, Barkissa Fofana est une microbiologiste de l'Institut de l'Environnement et Recherches agricoles (INERA). Discrète, elle s'intéresse particulièrement au rôle des micro-organismes pour résoudre ces problèmes.

Prenons l'exemple de la fixation de l'azote, dit-elle. Il existe des bactéries capables de transformer l'azote de l'air en composés azotés pouvant être utilisés par les plantes comme engrais naturel. Certaines de ces bactéries sont symbiotiques: elles pénètrent dans une plante par ses racines et libèrent l'azote permettant à la plante de grandir.

La parcelle d'acacias est son terrain de jeu. Ici, elle surveille le développement de ces arbres producteurs de gomme. Tous ont été inoculés avec différentes bactéries et champignons naturels et symbiotiques. Elle cherche à savoir si et comment ils peuvent aider les arbres à devenir plus résistants à la sécheresse, à mieux pousser et à produire plus de gomme. 

Plus d'un an après l'expérience, les mesures sont encourageantes. Cependant, Barkissa ne peut encore fournir aucun détail. Elle prépare un article scientifique sur la question, prévu pour la fin de l'année. Ainsi, aucune donnée ne peut être divulguée avant sa parution.

Les recherches menées par Barkissa Fofana sont le fruit du partenariat entre l’INERA et le programme Action contre la désertification dans le cadre de la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte, illustrant la façon dont ce programme œuvre à la transformation des terres dégradées du Sahel en terres vertes et productives.

Cette section fait partie de la zone de la Grande Muraille Verte d’Afrique où les problèmes posés par le changement climatique et la désertification sont particulièrement graves, notamment car les précipitations ne dépassent guère 400 millimètres par an et les terres sont gravement dégradées.

Les résultats de la recherche visent à renforcer les travaux de restauration. Action contre la désertification vise à mettre les micro-organismes utiles à la disposition de la population locale. Des efforts sont déjà en cours pour les former à l'inoculation de leurs semences et de leurs plants.

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Interrogée sur sa motivation, Barkissa Fofana raconte avoir choisi des études en agronomie par passion des plantes. Elle a par ailleurs toujours voulu travailler dans les champs. Ses parents l’ont soutenu depuis le début. Mais parfois, sa famille lui manque. Ils vivent à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, située dans le sud. Son père dirige un atelier de vulcanisation et sa mère vend des condiments devant chez elle.

Enfant, Barkissa aidait sa grand-mère à vendre des légumes sur le marché. Elle aimait bien, dit-elle, parce que ça vous tient occupé. Et vous ne travaillez que jusqu’à midi, ce qui laisse encore assez de temps libre pour jouer.

En 2016, elle a obtenu un Master en biotechnologie, après quoi elle a rejoint l’INERA pour préparer sa thèse de doctorat sur l’utilisation des biofertilisants dans la réhabilitation des sols dans la région du Sahel au Burkina.

Pour le moment, elle doit préparer deux articles scientifiques supplémentaires. L'un sur le rôle des micro-organismes dans l'amélioration de la fertilité des sols. Un autre pour décrire l’identité moléculaire des micro-organismes qui se sont révélés utiles.

Cela nécessitera plus de travail en laboratoire, dit-elle. Elle doit effectuer une analyse de sol pour quantifier l'effet de l'inoculation sur la fertilité du sol. En outre, elle a besoin de plus de temps pour identifier les bactéries utiles.

Elle a obtenu une bourse et se trouve actuellement à Dakar au Sénégal, car les installations y sont meilleures. C’est la première fois qu’elle verra la mer.

Barkissa Fofana espère défendre sa thèse début 2020. Elle est convaincue que les résultats de ses recherches peuvent aider le Sahel à atteindre son objectif. Elle y aura contribué: «J'ai toujours essayé de faire de mon mieux pour m’en sortir.»

Lire aussi une version raccourcie du parcours de Barkissa sur le site web principal de la FAO.