Action contre la désertification

Au Soudan, la Grande Muraille Verte offre de nouvelles opportunités aux femmes

De la restauration des terres à la génération de revenus


20/12/2022

A travers le modèle de restauration des terres développé par Action Contre la Désertification (ACD), le projet BRIDGES ("Boosting Restoration, Income, Development, Generating Ecosystem Services") a permis de mettre la restauration des terres à l’échelle dans l’État de Kassala, à l’est du Soudan, une région frontalière avec l’Éthiopie et l’Érythrée affectée par la sécheresse et le changement climatique, et qui ne reçoit que moins de 150 mm de précipitations entre aout et octobre.

Autrefois, le couvert forestier était plus dense et les prairies étaient plus riches à Kassala. Mais la végétation naturelle a été soumise à une pression croissante due à la demande importante en bois énergie et en bois d’œuvre, ce qui a conduit à leur dégradation, à la pauvreté, et parfois à des conflits entre agriculteurs et éleveurs liés à la raréfaction des ressources. La région compte également plusieurs camps de réfugiés qui abritent 108 000 réfugiés d’Érythrée et d’Éthiopie, accentuant davantage la pression sur les ressources naturelles.

C’est dans ce contexte que le projet BRIDGES est devenu opérationnel dans cet État en 2019, et plus précisément auprès des villages périphériques des forêts d’Abudrais et d’Aklayat, avec au cœur de ses activités la lutte contre la dégradation des terres et la restauration des terres dégradées.

Au cours des trois années du projet au Soudan, des travaux de plantation ont été effectués pour la restauration de 3573 hectares de terres. Ceci s’ajoute à des activités pour le développement et le renforcement de filières de produits forestiers non-ligneux, de renforcement des capacités et de sensibilisation à l’environnement et à la gestion durable des terres.

Mme Fawzia Mohammed Elhassan est une des participantes actives et bénéficiaire de BRIDGES à Kassala. Elle vit à Elmaamura, une des communes de Wad Elhelaw, avec son mari, leurs trois enfants et quatre filles. Fawzia a saisi l’opportunité de participer à ce projet. Depuis 2019, elle contribue aux activités de restauration des terres et de développement socio-économique, notamment à travers des formations et activités de renforcement des capacités.

A travers BRIDGES, elle s’est formée à la récolte des gousses de sunut (Acacia nilotica), à la fabrication de foyers améliorés pour la cuisson, à la transformation de produits alimentaires (glace, gateaux), la culture de légumes tels que l’okra (gombo), et la production de dura (sorgho fourrager) qu’elle vend et utilise pour l’alimentation de son propre bétail.

Fawzia confie que ces activités lui ont rapporté plus de 200 000 SDG (environ 347 dollars) cette année, lui permettant d’investir dans différents équipements pour elle et sa famille. Mais elles lui ont surtout permis de diversifier ses sources de revenu, un élément clé de résilience.

“Je suis reconnaissante envers le projet qui m’a permis d’augmenter mes revenus, de produire du gombo pour nourrir ma famille et du sorgho pour mes animaux » dit-elle. « Et j’espère à présent pouvoir aider mon entourage en partageant mes connaissances autour de moi » ajoute-t-elle. L’expérience de Fawzia est partagée par 150 ménages dans 21 villages, dont beaucoup de femmes, ayant bénéficié du projet.

Le projet BRIDGES est un partenariat entre la Türkiye et la FAO pour appuyer la Grande Muraille Verte sous le projet Action Contre la Désertification au Soudan et en Mauritanie, et à travers la coopération Sud-Sud. En décembre 2022, le projet avait mis sous restauration un total de 5744 hectares de terres dégradées dans ces deux pays.