Sandra Regina Brazil

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"Aujourd’hui, nous sommes convaincus que les populations de poissons peuvent disparaître, mais seulement si nous ne réagissons pas"

Enfant, lorsque Sandra Regina Gonçalves n’était pas en train d’étudier, elle pêchait. Elle estime que les pêcheurs représentent environ 80 pour cent de la population de sa ville natale, Curuça.

Quand elle a commencé à s’intéresser à la pêche, il s’agissait encore d’une activité dominée par les hommes. Petit à petit, cependant, maris et femmes ont commencé à partager les tâches et les filets dans le secteur de la pêche. «Les hommes et les femmes sont maintenant considérés de manière égale dans le secteur de la pêche artisanale, qui est une activité courante», observe Sandra.

Consciente du rôle essentiel que jouent les mangroves dans la sécurité alimentaire et la sécurité de l’approvisionnement en eau dans la région, Sandra a commencé à parler de conservation avec des membres de l’association locale. «Si nous ne les protégeons pas aujourd’hui, dans 10 ans, nous n’aurons plus de stocks de poissons abondants», signale-t-elle.

À la fin des années 1990, le modèle des aires marines protégées est arrivé sur la côte du Pará avec les réserves d’extraction marines «Resex», qui contribuent à la conservation des lieux de pêche tout en protégeant l’économie, la culture et la sécurité alimentaire dans la région. Sandra a joué un rôle essentiel dans la création des premières aires marines protégées du Pará en 2002. Aujourd’hui, la côte est protégée par 12 projets Resex, qui bénéficient à plus de 36 000 familles*. «Les pêcheurs et les pêcheuses sont les gardiens de cet héritage», explique-t-elle.

Dans le cadre du programme Fish Forever, un réseau de collaboration a été créé en partenariat avec l’ONG Rare pour promouvoir une pêche artisanale durable. «Cette collaboration était très importante. Elle a donné aux pêcheurs locaux la visibilité et la reconnaissance qu’ils n’avaient pas jusque-là et a permis de réduire les pratiques de pêche préjudiciables et de promouvoir les avantages d’une chaîne d’approvisionnement plus équitable», raconte Sandra.

Sandra est également l’une des fondatrices de la Commission nationale de renforcement des réserves d’extraction côtières et marines (CONFREM). Personnalité importante de la communauté des pêcheurs, elle défend la côte de l’Amazonie et sait que la gestion inclusive des pêches compte beaucoup, et que la consommation locale de poisson repose sur l’accès à du poisson frais et de bonne qualité et stimule la croissance économique locale et circulaire. «Le poisson est l’un des aliments les plus sains qui existent. Nous devons en prendre soin et ne pas le surexploiter ni polluer nos mers et nos cours d’eau.»