E-Agriculture

Question 1 - Lundi 9 mai

Bonjour à tous,

une étude menée entre 2003 et 2005 par le réseau Genre et Tic (Regenric) indique qu'en Afrique francophone "seules les populations jeunes et scolarisées en cycle secondaire semblent échapper aux disparités de genre tout en ne préparant aux femmes de demain qu'une place secondaire de consommatrice et de "petites mains". Selon cette même étude les femmes auraient un tiers de chances en moins de bénéficier des avantages de la société africaine de l'information.

Je ne suis pas un spécialiste mais il me semble que la position de la femme est assez bien prise en compte dans les stratégies de développement rural. Cela ne signifie pas pour autant que de vraies approches genres y soient mises en oeuvre.

Pour ce qui concerne les stratégies en matière de technologies de communication, j'ai l'impression qu'on en est un peu au même point. Je me trompe?

Les quelques femmes que j'ai pu rencontré et qui se formaient à l'usage des ordinateurs et de l'internet se destinaient surtout à devenir opératrices de saisie, au mieux secrétaires... Les places n'étant pas nombreuses dans leur localité, il y avait fort à parier que la formation dont elles bénéficiaient étaient de surcroît une sorte de sauf-conduit susceptible de les aider à tenter leur chance en ville.

Est-ce que les contenus sur les nouveaux médias sont adaptés aux besoins et aux attentes spécifiques des femmes? le public rural, comme partout n'est pas uniforme. Si on se réfère  seulement à la toile d'un point de vue global cela a peut-^tre moins d'importance, mais pour des réseaux et des plateformes à dimension plus locale, voire dans des secteurs particuliers du commerce et de l'agriculture, ne serait-ce pas intéressant de se poser la question?

Quand on sait que les radios de proximité sont de plsu en plus souvent appelées à jouer un rôle de médiation entre l'Internet et le monde rural, la question du contenu prend une importance encore plus cruciale, me semble-t-il, dans la mesure où les grilles de programmes orientées vers les femmes sont minoritaires et plutôt consacrées à la maîtresse de maison et à la mère qu'à l'entrepreneuse...

Aucune technologie n'est neutre, c'est vrai aussi du point de vue du genre. La question de l'intégration du genre dans les programmes d'implantation de TIC ne doit pas se cantonner, me semble-t-il, à une question d'accès. n'étant pas versé dans cette thématique et disposant de peu d'expérience en la matière, je ne connais pas de programmes qui intègrent cette question de l'accès le contexte social et les relations de pouvoirs. En un mot,il faut l'accès plus un projet encadrant qui permet de renforcer plus largement le renforcement des capacités d'émancipation des femmes rurales.

Dernier question me venant à l'esprit: celle de la participation au contenu disponible en ligne, à l'opportunité de réagir et de participer à des échanges en ligne par exemple... Avez des exemples à mentionner?

 

Merci de votre patience dans la lecture de ces idées en vrac.

 

 

 

Josue TETANG TCHINDA
Josue TETANG TCHINDACARBAP (Centre Africain de Recherches sur Bananiers et Plantains)Cameroon

<p>D'une fa&ccedil;on globale, le taux d'utilisation des TIC dans l'agriculture reste faible dans la plupart des pays d'Afrique Centrale. La situation est particuli&egrave;rement pr&eacute;occupante dans la mesure o&ugrave; certains gouvernements n'ont pas encore mis sur pied des programmes de promotion des TIC dans les zones rurales. Pour le cas du Cameroun, le t&eacute;l&eacute;phone portable est l'outil le plus utilis&eacute; dans le monde rural. M&ecirc;me les femmes analphab&egrave;tes peuvent l'utiliser. Par rapport au t&eacute;l&eacute;phone, le probl&egrave;me de genre ne se pose plus. Par contre le probl&egrave;me de genre se pose avec les autres outils tels que l'ordinateur et Internet. Il y a quelques ann&eacute;es, le gouvernement camerounais a lanc&eacute; un vaste programme de formation des femmes &agrave; l'utilisation d'Internet. Mais ce programme profite surtout aux associations f&eacute;minines pr&eacute;sentes dans les zones urbaines. En parall&egrave;le, le gouvernement ouvre des t&eacute;l&eacute;centres communautaires dans les zones rurales pour faciliter l'acc&egrave;s &agrave; Internet par les communaut&eacute;s rurales. Mais leur p&eacute;rennisation pose probl&egrave;me et le manque de sensibilisation et de formation limite leur utilisation par les planteurs et plus sp&eacute;cifiquement par les femmes. <br />
<br />
Quelle est l&rsquo;importance des questions de genre dans les projets et programmes pour l&rsquo;utilisation des TIC dans l&rsquo;agriculture et le d&eacute;veloppement rural?</p>

S’agissant des formations sur l'utilisation de l'internet pour les femmes, il est vrai que beaucoup d’initiatives sont menées autant par les Gouvernements et la société civile. Mais comme vous le soulignez les efforts restent concentrés en zone urbaine. Cela va aussi avec l’accès  internet  qui est limité dans les zones rurales. Les télécentres communautaires contribuer à réduire cette fracture numérique.
Cependant, la pérennité des télécentres en zone rurale pose problème dans la plupart des pays de l’Afrique centrale.
Lors de la visite d’études /échanges organisée par le CTA en Inde à laquelle j’avais pris part, nous avions appris sur d’autres modèles de télécentres à l’intérieur de l’Inde. Ces télécentres étaient assez  différents de ceux de nos pays. En effet, les télécentres ne servaient presque pas aux saisies, navigation internet, etc ; mais plutôt à fournir aux populations des services de e-gouvernement, formation à distance, information agricole, entre autres. Cela limitait aussi les déplacements vers les villes.
Donc, il y a besoin de re-penser /adapter les services des télécentres aux préoccupations réelles des populations en zone rurale. Surtout quand il s’agit des questions de genre, la femme et l’homme n’ont pas souvent les mêmes besoins. Elles vont dans les champs et reviennent à des heures où les télécentres sont fermés, etc. donne les moyens de savoir si les TIC améliorent réellement la vie des femmes et les relations entre les sexes et encourage le changement positif aux niveaux individuel, institutionnel, communautaire et social.
Il faudrait aussi s’interroger si les femmes ont une voix dans la gestion du télécentre et la définition de ses services offerts à la communauté. L’Association pour le progrès des communications (APC) a travaillé sur l’adaptation du manuel « Méthodologie d’évaluation du genre » (GEM) (http://www.apcwomen.org/gem/)  pour les télécentres ; et en Afrique une collaboration et des actions étaient engagées au Mali et en Ouganda. Le GEM
 L’une des notions aussi que j’ai appris  en Inde est que c’est la technologie qui doit servir / être utilisée pour répondre aux  besoins des populations. Il ne s’agit pas  d’emmener les populations à utiliser la technologie avec des idées préconçues.  
 
Félix FOZEN
Félix FOZENCameroon

Il a été démontré que beaucoup de projets et Programmes de developpement surtout ici en Afrique n'ont pas connu grand succès à cause de la non prise en compte de la dimension "Genre". La non implication des femmes dans les cercles de reflexion ou de prise de décisions, dans la mise en oeuvre des politiques, dans le partage des revenus, dans l'appropriation des résultats et au niveau de la répartition des tâches revient à remettre en cause une partie fondanmentale de son existance. Notre agriculture est prédominée par les exploitations familiales (agriculture de subsistance) où la femme rurale est au centre. La plupart de revunus qu'elles en tirent est plus orienté vers les questions de survie de la famille. Pour ma part, parler de l'utilisation des TIC dans l'agriculture et le developpement rural dans mon pays reviendrait à placer la charrue avant les boeufs comme on le dit communement. Le monde rural (femme rurale) et son agriculture souffre des problèmes réels et urgents.

Je pense que nous devons débattre plutot de comment l'utilisation de ces TIC pourrai influencer positivement le developpement rural et l'agriculture.

Bien à vous!

Merci pour cette intervention qui soulève des points importants. Au sujet de l’agriculture qui est orientée plus vers la subsistance dans nos pays, c’est une réalité. Il y a depuis quelques années,  des  pas réalisés avec le regroupement en coopératives agricoles afin d’augmenter la production à des buts commerciaux surtout avec l’appui des projets de la FAO, IFAD et d’autres partenaires.
 
Certaines populations avec lesquelles nous travaillons telles que les femmes autochtones n’ont pas accès à la terre ou encore peinent à vendre leurs produits en raison de la discrimination.  Il y aussi les questions d’adaptation aux changements climatiques qui s’ajoutent.
 
Effectivement, les TIC sont une opportunité pour  donner la voix  aux femmes et hommes en zone rurale afin d’informer sur les problèmes vécus, sensibiliser et appeler à l’action d’une part.  Ces problèmes sont souvent faiblement repris dans les média nationaux, et les TIC peuvent  documenter  cela à des fins de plaidoyer.
 
D’autre part, les TIC en particulier la radio, la vidéo, l’internet, et le téléphone mobile peuvent aussi être utilisés pour résoudre certains de ces problèmes vécus dans le monde rural. Par exemple des vidéos peuvent être utilisées pour former les femmes et les hommes sur les techniques agricoles, la lutte contre certaines maladies ou encore sur l’épargne entre autres.
 
colette KABORE
colette KABOREBurkina Faso

Les questions de genre sont importantes dans les projets de développement du monde rural compte tenu de la liaison étroite qui existe entre les activités de développement et celles qui visent la réduction des inégalités genre.

Dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture dans lequel j'évolue depuis plus d'une quinzaine d'années, les rôles sont bien repartis. Les femmes s'occupent généralement de la transformation et la commercialisation des produits halieutiques, le sexage et l'alimentation des poissons.Les hommes s’occupent de la pêche, la préparation des étangs, les mises en charge etc. Les femmes ont généralement un accès très limité aux TIC. Elles se rendent dans les marchés sans informations préalables.cela occasionne souvent la mévente de leurs produits et entraine à la longue l'abandon de l'activité. Ce qui pourrait être évitée Si elles disposaient d'informations préalables sur la demande.Un documentaire sur l'alimentation ou le sexage des poissons interesserrait les femmes. Un dooumentaire sur la technologie des engins de pêche interesserait les pêcheurs encore faut-il que chacun des groupes maitrise l'outil informatique ou ait accès à la télévision.les sujets d'information doivent tenir compte de l'interêt de chaque groupe socio économique ou professionnel

En résumé, les projets qui utilisent les TIC doivent prêter une attention particulière aux aspects liés au genre s’ils veulent opérer un véritable développement dans le monde rural

colette KABORE

Ingénieur halieute
 

Il est pour moi un honneur et un plaisir de contribuer à ce débat.

La question du genre est d'actualité brulante, vu la participation hautement louable de la femme dans tous les aspects du developpement économique bienqu'en grande minorité dans les pays moins avancés. Ces quelques femmes qui ont osé s'affirmé ne finiront de convaincre le monde de leur place et du role qu'elle peuvent jouer.

Cela m'amène au sujet qui s'interoge sur l'importance des questions de genre dans les projets et programmes pour l'utlisation des TIC dans l'agriculture et le développement rural. Je me garderai d'invoquer l'importance des TIC qui nest plus à débattre mais je voudrais toutefois affiner sa portée du moins la valaur que cette utilisation pourrait avoir en milieu rural sachant que les TIC demeurent un mystere en zone rurale.

Quelques interrogations me viennent à l'esprit:

Comment les TIC peuvent elles etre utilisées en milieu rural sachant que ces zones sont dépourvu d'électricité fut elle solaire? Meme à recharger un téléphone portable il faudrait se rendre en ville tous les deux jours. Dans ma localité, c'est la femme qui pendant toute l'année( saison des pluies et saison seche) tient une agriculture sans interruption avec le maraichage qui est bien organisé avec les Groupements de Promotion Féminine. Les hommes ne cultuvant que pendant la saison des pluies pour la plupart. Cette agriculture reste encore vivriere et pour le petit commerce.

Est il possible d'utiliser les TIC sans une éducation scolaire?

Voila autant de questions dont on pourrait tenter de répondre.

Pour revenir au sujet , j'ose croire que la question du genre est fondamentale dans ces programmes puisque une l'economie tient le social en état. Une stabilité sociale est indisppensable pour un développement fort. Les femmes, surtout au Sénégal, portent le flambeau de l'essort économique surtout en ce qui concerne l'agriculture.

Il s'avère opportun de soutenir les organisations de femmes dans l'éducation, la formation et la capacitation aux TIC, les services  mobiles aussi sont plus accesibles et doivent etre favorisés; Pour une agriculture de rupture il est nécessaire d'instaurer une aide numérique surtout avec les GPS.

L'acces des TIC a tous  devrait etre inclus dans les OMD.

jE VOUS REMERCIE DE VOTRE ATTENTION.

Toujours sur ce sujet, il me serait heureux de parler de l'acces des terres auw femmes.

Au Sénégal, dans mon pays, tres peu de femmes disposent de terres cultuvables. Ceci pour des raisons traditionnelles, religieuses voire de genre.

A cet egard, les TIC ont un role prépondérant dans la communication et la sensibilisation.

Merci de pousser la réflexion

 

Yannick De Mol
Yannick De MolFood and Agriculture OrganisationSenegal
Bonjour à toutes et tous,
Je pense que les thèmes identifiés sont effectivement cruciaux. La téléphonie mobile rencontre un succès dont l’ampleur n’avait pas forcément été anticipée, et offre des possibilités qui restent à explorer. Au Niger, depuis 2009, le projet Dimitra de la FAO a soutenu la création de clubs d’écoute communautaires. A l’initiative des clubs eux-mêmes, et de notre ONG partenaire (VIE Kande Ni Bayra), des téléphones portables ont été distribués aux clubs et aux radios. Grâce à un abonnement à prix réduit payé par le projet, cette formule ‘en flotte’ permet d’appeler entre téléphones du réseau sans restriction de temps et sans coût supplémentaire. Cela a notamment permis d’éviter aux acteurs du projet (clubs, radios et autres) de parcourir de longues distances et cela a contribué à créer une forte dynamique de dialogue citoyen entre les populations rurales (principalement des femmes membres des clubs), les radios rurales et les autres acteurs de développement. Remarquons aussi que, rapidement, les clubs se sont organisés pour générer des revenus grâce à la flotte (services de ‘cabine’ pour les appels non liés au projet), ce qui offre des perspectives intéressantes en terme de durabilité de la formule.  
Laurence a raison d’insister sur le fait que le genre est souvent mal compris. Pire : de nombreuses personnes pensent - à tort - maitriser le concept … Il me semble que nous sommes arrivés à une période charnière où le genre comme discipline académique jouit désormais d’une réelle crédibilité, mais où un travail de vulgarisation important doit encore être réalisé. Dans notre dernière publication (Communiquer le genre pour le développement rural http://www.fao.org/dimitra/nouvelles-dimitra/fr/), nous avons essayé de simplifier au maximum les concepts de base. Lors des ateliers de Dimitra, nous mettons tout en oeuvre pour que chaque participant-e acquière une compréhension élémentaire du concept. Et c’est un défi à chaque fois.

(...)

Yannick De Mol
Yannick De MolFood and Agriculture OrganisationSenegal
(...)
Concernant le dernier point, je pense que les outils doivent être adaptés… Il n’est pas forcément opportun de mettre sur pied des cybercafés dans des villages si les niveaux d’éducation et de connaissances en informatique sont faibles, que les coupures de courant sont incessantes et que des mécanismes de maintenance des appareils ne sont pas prévus.
Cela étant, il est clair que favoriser l’accès à l’information des  populations rurales, en particulier des femmes, leur participation (local, national, global) contribue au désenclavement et à l’autonomisation de ces populations, et éventuellement à une amélioration de leurs conditions de vie. La communication est une composante essentielle - mais sous-estimée - de toute action de développement. Les TIC sont des outils à mobiliser pour favoriser cette communication afin de pouvoir prendre en compte la voix des populations rurales (et donc des femmes).  
Enfin, je voudrais également indiquer que les technologies liées à l’oralité sont souvent importantes en milieu rural, pas uniquement le téléphone portable. Les hauts niveaux de pauvreté et d’analphabétisme en sont des raisons mais il ne faut pas omettre des raisons culturelles (en Afrique en tout cas).
J’aimerais insister sur le rôle crucial de la radio communautaire dans son rôle d’interface entre global et local (Stéphane l’évoquait) et d’acteur de développement. La radio reste le média qui touche le plus grand nombre d’individus et constitue souvent la seule source d’informations.
Bien à vous,