FAO au Gabon

Alvina Doris une jeune éleveuse de poulets de chair qui fait parler d’elle au Gabon

 

Améliorer les conditions d'existence des populations locales par le développement de l'élevage

Alvina Doris Ntsame Akono, est une jeune femme âgée de 25 ans vivant au quartier Angone 1 dans la ville d’Oyem (Woleu-Ntem), au Gabon. Après avoir arrêté son cursus scolaire en classe de 4e au Lycée Technique d’Oyem pour des raisons financières, elle va faire la connaissance du métier d’éleveur grâce à un ami qui exerçait déjà l’activité à plein-temps. Quelques mois plus tard en étant proche de ce dernier, elle finit par découvrir en elle une passion pour l’élevage des animaux domestiques. Avec le temps, elle va se voir confier une ferme de 15 porcs, ce qui lui permettra véritablement de faire de sa passion une réalité et plus tard un métier. Elle devient à son tour propriétaire d’une ferme de poulets.

Comme Alvina, les habitants de cette ville sont en majorité des petits exploitants agricoles et éleveurs. Ici, le sol est fertile, la demande en viande de volaille et porcine est sans cesse croissante sur le marché vue l’intérêt des populations de consommer local et frais. Cependant, la plupart des exploitants ont peu accès aux semences, à l’aliment pour bétail. A cela s’ajoute le manque de connaissances et d’outils pour la fabrication d’aliments y compris les bonnes pratiques et gestion d’élevages modernes. L’accès limité à l’aliments pour animaux et le coût élevé de cet intrant représentent un frein majeur au développement de l’élevage, à l’insertion et à la stabilité des petits producteurs dans cette activité. Aussi, le bon fonctionnement d’une coopérative d’élevage, capable de fournir les services nécessaires sur les maillons de la chaîne de production, ne saurait se faire efficacement sans une formation adéquate.

En 2015, Alvina Doris au vu de son dynamisme a été sélectionnée avec plusieurs autres exploitants, membres des coopératives des éleveurs du Woleu-Ntem, de l’Estuaire et de la Ngounié-Nyanga pour participer à la formation sur la formulation d’aliments pour bétail et la gestion de coopérative, dans le cadre du projet TCP/GAB/3504 ‘’appui à la promotion des petits élevages par un meilleur accès à l’aliment pour bétail au Gabon’’. Ce projet sollicité par le Gouvernement du Gabon consisté à valoriser le potentiel de matière première disponible pour la fabrication d’aliment pour les animaux. Ainsi, le projet a créé des conditions techniques, managériales et normatives chez les acteurs du secteur de l’élevage afin de booster l’activité et favoriser la production plus accrue des produits carnés de qualité et à prix compétitifs sur le marché.

Après avoir suivi les formations théoriques et pratiques sur la fabrication d’aliments et le fonctionnement et la gestion d’une coopérative. Une provenderie équipée en matériel adéquat grâce à la FAO a été mise à disposition des coopérateurs. Le regard de Mademoiselle Alvina Doris a changé sur la façon de pratiquer l’élevage, elle décide de lancer son projet d’élevage de 500 poulets de chair en décembre 2018. 

« Avant, je ne pouvais pas me projeter sur des grandes quantités à écouler sur le marché. Aujourd’hui, avec l’effectivité de la fabrication d’aliments pour animaux ce qui a contribué à réduire les coûts de production, je produits en moyen 500 poulets de chair toute les 8 semaines. De plus, je me ravitaille en maïs pour la provenderie chez d’autres éleveurs membres de la coopérative du Woleu-Ntem et en compléments vitaminés chez un fournisseur international, partenaire recommandé par la FAO.  J'ai vendu la totalité de ma première production sur le marché local, car à Oyem le poulet est une viande très prisée lors des cérémonies familiales et au cours des deux mois qui ont suivi, j'ai encore fait de nouvelles productions… C'était incroyable! », raconte Alvina Doris avec enthousiasme.

« Mon élevage, qui, au départ prévoyait une capacité de production de 1000 poulets a été finalement réduit à 500 faute de moyen. Cette production correspond à environ 2 millions de F CFA de chiffre d’affaire », nous a confié la jeune femme d’affaires.

Les membres de la coopérative d’Alvina Doris et les autres membres de la coopérative sont actifs et diversifient leurs activités par la pratique du maraîchage dont la fertilisation des plantes est faite par les engrais organiques issus de l’élevage.

« Petit à petit, mon entreprise prend de l’ampleur et mes produits sont de plus en plus demandés. Mon ambition est d’accroitre ma production à 5000 poulets de chair d’ici 2 ans et d’employer des jeunes gabonais afin d’inonder le marché local voir national avec mes produits! », explique Alvina Doris avec le sourire.

« Les affaires m'ont toujours tenu à cœur, mais je n’avais ni le capital ni les compétences. Et, au-delà de ces problèmes, je manquais de confiance pour me lancer. Pendant la formation, nous avons été poussés à devenir des entrepreneurs », explique Alvina Doris.

Malgré quelques difficultés, telles que l’approvisionnement en matières premières à moindre coût au niveau local, la concurrence déloyale des importations des produits avicoles, la difficulté d’accès au financement, la jeune Alvina Doris vit sa passion et reste optimiste sur le développement et l’évolution de son entreprise. En dehors de sa ferme, elle est monitrice dans une auto-école et initiatrice du tout premier marché de poulets d’Oyem.

L’amélioration des conditions d’existence des populations par le renforcement des capacités est essentielle pour réduire la pauvreté et la faim, en particulier dans les zones rurales. Au Gabon, la FAO est présente dans plusieurs localités, et soutient des programmes agricoles de protection sociale qui permettent aux agriculteurs ruraux vulnérables de renforcer leur capacité à gérer les risques, à mener des activités plus productives et à créer un avenir #FaimZéro.

 

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Les communautés locales améliorent leurs moyens de subsistance et contribuent à la gestion durable des forêts grâce à l’apiculture.

 

L’apiculture est encore méconnue au Gabon: seul le miel sauvage y est récolté localement, au moyen de techniques à l’impact potentiellement négatif sur l’environnement (abattage des arbres, usage de feu). Par ailleurs, les quantités récoltées ne permettent pas de répondre à la demande nationale. Le projet visait à développer les capacités techniques des populations des forêts communautaires en apiculture et à produire des supports de vulgarisation qui seront utilisés pour capitaliser l’expérience acquise dans le cadre du projet.

Au travers de formations collectives, d’un accompagnement technique de proximité, et de la mise à disposition d’outils de vulgarisation, de suivi et d’équipements, le projet a permis d’installer huit sites pilotes de démonstration apicole, soit 107 ruches en exploitation d’une capacité potentielle de production annuelle de deux tonnes de miel et de 100 kg de cire. Un processus de caractérisation, de domestication et de valorisation des souches d’abeilles sauvages gabonaises a été lancé et une plateforme nationale multi-acteurs créée pour faciliter les échanges d’expérience. Six fiches de vulgarisation des techniques apicoles modernes ont été produites et distribuées aux apiculteurs formés.

Les apiculteurs formés ont démontré leurs capacités à prendre des initiatives pour développer des bonnes pratiques en matière d’installation des ruches et de suivi/maintenance des colonies domestiquées. Les effets multiplicateurs étaient déjà observables au niveau d’Ebyenge en fin de projet, quatre villages voisins ayant déjà installé leurs ruchers. Ce bon niveau d’appropriation confirme le potentiel de la filière apicole comme filière à encourager comme alternative durable à l’exploitation des produits forestiers ligneux dans les forêts communautaires.

A Ebyeng Edzuaméniène, site pilote du projet et village située dans la province de l’Ogooué-Ivindo, les populations bénéficiaires de ce projet partagent leurs expériences.

« Je suis natif du village Ebyeng et apiculteur traditionnel. Autrefois, nous produisions du miel sauvage, les techniques utilisées, qui renvoient à la chasse-cueillette avaient un impact négatif sur l’environnement à cause de l’abattage des arbres et de l’usage de feu », raconte Patrick Ibenga, membre de la forêt communautaire Matema Nguemazé. Bénéficiaire du projet, Patrick nourrissait l’ambition de devenir apiculteur moderne afin de pouvoir vivre de son activité. : « Je me suis dit que si un jour j’arrive à pouvoir bénéficier d’une formation technique et avancée sur la production du miel, sur la création et la gestion d’une entreprise apicole, je pourrais améliorer ma production de miel en quantité et en qualité, et je pourrais vendre mes produits jusqu’à la capitale, et aujourd’hui grâce à l’appui de la FAO et du gouvernement se rêve est en train de devenir une réalité», a-t-il affirmé.

Comme Patrick, beaucoup d’autres personnes ayant bénéficié de ce projet ont vu leurs conditions de vie s’améliorées et ont désormais une autre perception de l’abeille. « Apres avoir bénéficié des formations et des moyens techniques dans le cadre de ce projet, nous prévoyons une production d’une capacité d’1 tonne pour un chiffre d’affaire estimé à 5 millions de F CFA, entre temps grâce à l’apiculture nous arrivons déjà à subvenir à nos besoins, nous souhaitons maintenant qu’après le départ de la FAO le gouvernement nous accompagne dans la mise en place des chaînes de valeur pour mieux organiser notre activité », rapporte Hubert Bled Elie Nloh, Président de l’association d’Ebyeng Edzuaméniène.

« Aujourd’hui en tant que femme j’arrive à contribuer aux besoins de ma famille, j’ai compris que l’apiculture n’était pas une activité réservée rien qu’aux hommes, désormais les hommes et les femmes travaillent ensemble et cela nous permet de renforcer notre vivre ensemble et mieux gérer les ressources issues de notre forêt communautaire », a ajouté Lucie Atsapekaka, une femme bénéficiaire du projet.

Aussi, Bonaventure Sala Elie, jeune menuisier, s’est spécialisé dans la fabrication des ruches, « avec l’arrivée du projet apiculture dans le village, j’ai décidé de me lancé dans la fabrication des ruches vu la demande sans cesse croissante, et aujourd’hui mon chiffre d’affaire a été considérablement augmenté ».

Cette expérience, est un constat largement partagé par les hommes et les femmes bénéficiaires du projet dans le village d’Ebyeng.

Ces communautés locales souhaitent donc, au-delà de cette première expérience qui est un succès, être dotés des unités de transformation et avoir accès au marché national pour mieux valoriser les produits dérivés du miel gabonais et écouler leurs productions. Ils ambitionnent à moyen terme, de pouvoir répondre la demande nationale en miel et à long terme exporté leur production au-delà des frontières gabonaises.

Il faut rappeler que le projet dénommé « Appui à l’apiculture dans les forêts communautaires au Gabon » a été mis en œuvre sur une période de deux ans (2015-2017) sur le site pilote d’Ebyeng. Le savoir-faire acquis sur ce site devrait être vulgarisé dans les autres forêts communautaires, notamment celles de Nkang (Woleu-Ntem), de la Boka (Ogooué-Ivindo), d‘Ovan (Ogooué Ivindo) et de Djoutou (Haut Ogooué). Le projet a été exécuté conjointement par la FAO et l’Agence d’Exécution des Activités de la Filière Forêts Bois, institution chargée d’assister les titulaires des Forêts Communautaires dans la mise en œuvre des plans simples de gestion.