Initiative Pêches Côtières

« Nous voulons être visibles, et que notre travail soit reconnu » : l'IPC célèbre la Journée internationale de la femme

Le travail des femmes est essentiel à la prospérité de la pêche côtière, mais leur labeur est souvent invisible

08/03/2022

Mme Mariama Dieng, Dionewar, Senegal, 24 février 2022©FAO/Lala Ndiaye

8 mars, Dakar/Praia/Rome - Mme Mariama Dieng, 40 ans, dirige une unité de transformation de produits halieutiques et forestiers sur l'île de Dionewar, dans le delta du Sine Saloum au Sénégal. Elle a quitté l'école à 20 ans et a commencé à travailler deux ans plus tard.

Mariée à un marin qui s’absente parfois de longues périodes, elle vit avec sa belle-mère et ses cinq enfants. Sa journée commence à l'aube, lorsqu'elle se lève pour préparer le repas familial de midi et effectuer les tâches ménagères avant de partir pour l'unité de transformation.

« Quand on naît et qu'on grandit à Dionewar, on est forcément plongé dans le monde de la transformation des produits de la pêche. Mes grands-mères, ma mère et mes tantes ont toutes exercé ce métier, qui est l'activité principale de presque toutes les femmes ici. Et c'est un travail que j'adore », déclare Mme Dieng. « Tout ce que je suis aujourd'hui et tout ce que j'ai c’est grâce à ce travail. »

Passionnée par son travail qui lui permet de contribuer grandement aux moyens de subsistance de sa famille, Mme Dieng s'inquiète de la raréfaction du poisson et de l'impact potentiel de l’exploitation du pétrolier, qui devrait commencer en 2023.

« La mer est menacée. Nous n'avons plus de poisson. A ce rythme, nous n'aurons plus de travail. L'exploitation du pétrole est annoncée, et nos emplois pourraient en être affectés. Alors, je veux que mes filles prennent leurs études au sérieux » a-t-elle commenté.

« J'espère qu'elles obtiendront une éducation afin qu'elles puissent avoir des emplois dans des bureaux climatisés et conduire des voitures » a-t-elle ajouté.

Dans les 5 à 10 prochaines années, elle aimerait voir l'unité de transformation locale devenir « comme un palais ».

« Et je veux que nous soyons indépendantes. Pouvoir obtenir des financements pour acheter du matériel et tout ce dont nous avons besoin pour notre activité » a ajouté Mme Dieng, bénéficiaire du projet Initiative Pêche Côtière en Afrique de l'Ouest (IPC-AO).

La Journée internationale de la femme «nous l’attendons avec impatience : nous préparons nos produits pour le 8 mars, date à laquelle nous les présenterons au marché. Nous voulons être vues, et que le monde connaisse notre travail. »

« Les femmes ont besoin de compétences en leadership pour pouvoir se valoriser davantage »

La clé de l'autonomisation des femmes comme Mme Dieng est d'acquérir des compétences en gestion des affaires et en leadership, explique Mme Lala Ndiaye, 35 ans, qui a travaillé 12 ans comme journaliste avant de rejoindre la FAO en tant que consultante nationale en communication pour IPC-AO au Sénégal.

Mme Ndiaye a grandi à Dakar et sur l'île de Gorée, dans ce qu'elle décrit comme « une famille calme et aimante de gens très ouverts d'esprit » où l'éducation était une valeur primordiale.

« Aujourd'hui, le défi majeur, à mon avis, est l'accès à l'égalité des chances. Les filles issues de milieux défavorisés sont plus marginalisées. Il y a des barrières économiques, et elles en supportent le poids », a-t-elle déclaré.

En ce qui concerne la pêche côtière à petite échelle, où les femmes travaillent dans des conditions difficiles avec des compétences et des équipements limités, Mme Ndiaye voit un besoin de formation en entrepreneuriat, gouvernance, alphabétisation, comptabilité et gestion de projet.

« Les femmes ont besoin de plus de débouchés pour leurs produits, d'un accès aux marchés urbains et de moyens de transformer leur poisson dans des conditions de travail décentes », a-t-elle commenté.

Dans l'ensemble, « elles doivent renforcer leurs compétences en leadership, afin qu'elles puissent prendre le contrôle de leur vie et se valoriser davantage ».

Elle dit qu'elle espère un avenir avec plus d'égalité, et d'être dans un pays qui place l'éducation au cœur de l'agenda public.

« J'espère également que le projet IPC-AO produira des résultats significatifs et que nos efforts profiteront à ma communauté, mon entreprise, ma famille, mon quartier et mon pays », a ajouté Mme Ndiaye. « Pour moi, la Journée internationale de la femme est une journée symbolique importante. Une occasion de faire le bilan de tous les grands combats pour les droits des femmes, et de relever de nouveaux défis afin de lever les derniers obstacles au développement des femmes », a-t-elle conclu.

Les femmes de la pêche côtière luttent contre « l'invisibilité »

Elle a été reprise par la consultante junior en communication Rodia Vicente, 28 ans, qui a grandi dans ce qu'elle décrit comme une « grande » famille à Praia, au Cabo Verde.

« J'ai eu une enfance très heureuse et je suis très reconnaissante envers mes parents pour la bonne éducation que j'ai reçue », a déclaré Mme Vicente, qui travaille pour IPC-AO Cabo Verde.

Elle dit que dans son pays, les femmes du secteur de la pêche sont confrontées à de nombreux obstacles et contraintes : invisibilité dans les politiques et les statistiques, absence de voix à tous les niveaux de prise de décision, emplois informels et manque de protection sociale, faible accès au crédit et de financement, et de faibles niveaux d'investissements.

« En outre, nous devons encore éliminer la violence basée sur le genre et promouvoir davantage le leadership et la participation des femmes en politique », a-t-elle ajouté.

À l'avenir, Mme Vicente envisage de poursuivre une maîtrise et un doctorat et aspire à devenir une professionnelle hautement respectée dans son domaine.

Pour elle, la Journée internationale de la femme est un moment de réflexion et de célébration.

« C'est une journée pour reconnaître l'importance des contributions de toutes les femmes, afin que les jeunes filles du monde entier puissent avoir des modèles qui les inspirent et qu'elles sachent qu'il y a de l'espoir et une chance de rechercher l'égalité de traitement, de conditions et d'opportunités », a-t-elle déclaré.