Une figure incontournable du secteur ostréicole du sud Sénégal

Dakar, 12 janvier 2023 - Elle passe presque inaperçue parmi les femmes venues chez elle des provinces méridionales de la Casamance et du Sine-Saloum. Cette rencontre a pour objet le le partage d’expériences et de bonnes pratiques en matière de  cueillette et délevage d'huîtres. 

Pourtant, Seynabou Diatta est une des chevilles ouvrières du secteur ostréicole local. Elle travaille dans l’élevage d’huîtres depuis 40 ans et coordonne un groupement d’une soixantaine de femmes éleveuses d’huitres.  

La visite s’est tenue du 12 au 17 décembre 2022 dans son village de Toubacouta. Seynabou Diatta a partagé son expérience des bonnes pratiques organisationnelles et échangé sur les systèmes de gouvernance et de gestion. Quand, elle se lance dans ses plaidoyers, on sent la poigne de la femme d’affaires et de meneuse.  

« Nous nous sommes organisés pour savoir combien nous dépensons et évaluer notre temps de travail. Ce n’est qu’après cela que nous évaluons la valeur de la marchandise avant d’en fixer le prix. En 2022, nous avons réalisé un bénéfice de 2 millions F CFA », s’enorgueillit-elle.   

Avec les douze femmes qui ont participé à la visite, Seynabou a également pu discuter des systèmes de production améliorés, de commercialisation et partagé son expérience en transformation et conditionnement des huîtres fraiches et séchées.  

« Les principales difficultés que nous rencontrons, c’est en mer, » indique-t-elle. « La location des pirogues nous coûte cher. Ensuite, nous subissons beaucoup de pertes à cause de la température de l’eau et le niveau de salinité des zones ». Pour faire face aux défis existants et ceux à venir, explique-t-elle, il faut acquérir plus de compétences.  

Meneuse, épouse et mère 

Outre sa casquette de meneuse, Seynabou Diatta est une épouse et mère.  Même si combiner son rôle de femme d’affaire et ses responsabilités matrimoniales n’est pas toujours facile,  , elle sait s’y faire. « Mon époux accepte tous les sacrifices, parce qu’il sait le bénéfice qu’en tire la famille».  

Son combat quotidien : aider ses trois enfants sourds muets à trouver leurs voies.  « J’ai deux garçons et une fille, qui sont nés sourd-muets. Ils ne vont pas à l’école mais ils m’aident beaucoup dans les travaux. Ils maîtrisent aujourd’hui tout le processus de travail de l’huître », soupire-t-elle. 

Seynabou est une de ces nombreuses femmes des provinces méridionales de la Casamance et du Sine-Saloum qui effectuent la majeure partie du travail dans le secteur ostréicole. Les huîtres sont essentielles à leur subsistance, mais leurs revenus ne suffisent pas toujours à nourrir leurs familles. 

FISH4ACP travaille avec ces femmes afin  de rendre la chaîne de valeur ostréicole sénégalaise plus productive  et de la transformer en un moteur de développement économique et social, basé sur une exploitation durable des huîtres.