FISH4ACP

Valoriser le potentiel
de la pêche et de l'aquaculture
en Afrique, dans le Caraïbes et le Pacifique

L’ingénieur de l’industrie pharmaceutique reconvertie à la pisciculture

La fine fleur de FISH4ACP : Béatrice Manizan Manzan, piscicultrice en Côte d’Ivoire



21 juillet 2023, Ayamé, Côte d’Ivoire - Béatrice Manizan Manzan est une quinquagénaire dont le visage est déjà bien connu dans le milieu de la pisciculture à Ayamé dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Sa spécialité est l’élevage de poissons en cage flottante sur l’un des affluents de la Bia, un fleuve qui prend sa source au Ghana voisin et qui traverse tout le sud-ouest ivoirien pour se jeter dans l’océan atlantique.

Cependant, elle ne s’est lancée dans la pisciculture que très récemment. Jusqu’en 2021, Béatrice a exercé comme cadre supérieur dans l’industrie pharmaceutique à Abidjan, la capitale du pays.

Après une expérience acquise de plus de 20 ans, elle se décide à tenter une nouvelle aventure. « Je voulais désormais vivre mon rêve » explique-t-elle.

Informée par une connaissance, elle participe à une formation sur la pisciculture initiée par la mairie d’Ayamé, sa ville natale.  Elle finit par « tomber amoureuse » de cette activité et découvre l’immense opportunité économique, que représente l’industrie du poisson.

« J’ai appris à connaitre le poisson, à me familiariser avec ses aliments, à calculer le ratio », explique Béatrice. « En un mot, j’ai été piqué par le virus du poisson. »

Avec quelques membres de sa communauté, Béatrice crée une ferme piscicole en cage flottante. L’investissement initial s’élève à environ 900 000 XOF, soit 1 400 euros. Bientôt, l’activité commence à générer des bénéfices, qui sont réinvestis dans l’acquisition d’équipements.

« Nous pensons pouvoir produire au minimum une tonne de tilapia par mois et diversifier notre production en y rajoutant des mâchoirons (poisson chat) et une espèce locale appelée mabè, qui est très appréciée dans la région », fait-elle remarquer.

En avril 2023, la ferme a été sélectionnée par FISH4ACP, une initiative de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), qui encourage la croissance durable du secteur du tilapia en Côte d’Ivoire afin de soutenir l’objectif du pays de satisfaire la demande nationale d’ici 2031.

Mis en œuvre par la FAO et financé par l’Union Européenne (UE) et le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), FISH4ACP travaille avec 10 fermes pilotes en vue de servir de fer de lance à la promotion de l'adoption de techniques d'élevage et de gestion améliorées du tilapia.  

« Je rêve de voir tout le fleuve ici couvert de cages avec des poissons d’ici trois ans, nous permettant de satisfaire la demande de toute la région sud du pays et même au-delà, » dit Béatrice.

Elle voit un futur dans le tilapia aussi pour les jeunes, mais c’est un secteur exigeant: « Le poisson nourrit son homme à condition d’avoir de la patience et du courage ».