FISH4ACP

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de la pêche et de l'aquaculture
en Afrique, dans le Caraïbes et le Pacifique

Khadim Tine: "L’ostréiculture peut aider à protéger les mangroves."

Ostréiculteur du Sénégal au Forum de la science et de l’innovation de la FAO



20 octobre 2023, Rome - L’ostréiculture peut aider à protéger les mangroves, a déclaré Khadim Tine, lors d’un débat du Forum de la science et de l’innovation de la FAO sur la façon de relever les défis climatiques. Un entretien avec cet ostréiculteur sénégalais qui participe activement aux efforts du programme mondial de développement de la chaîne de valeur du poisson FISH4ACP pour rendre l’huître sénégalaise plus productive et durable.

Quel a été votre message au Forum des Sciences et de l’Innovation?
« La préservation de la mangrove est quelque chose qui me tient à cœur, car je suis originaire d'un village de pêcheurs au Sénégal. Avec le système de captage d’huitres que j'ai mis en place, on contribue à la conservation des mangroves. Quand on parle de la protection de la mangrove, on parle aussi de la préservation de nos zones côtières, la ligne de défense contre l'avancée de la mer. Il s’agit également de biodiversité, car les mangroves sont des zones de reproduction et d’alevinage pour de nombreux poissons. »

Comment est-ce que le système de captage d’huitres aide à préserver les mangroves ?
« Je travaille avec les femmes ostréicultrices. Nous utilisons des coupelles de collecte, qui captent les naissains d’huitres dans les eaux marécageuses où nous travaillons. C’est à partir de cela que nous faisons l’élevage d’huitres. Il faut savoir qu’auparavant, la récolte d’huîtres sauvages entrainait parfois la coupe ou l’endommagement des racines des mangroves sur lesquelles les huitres étaient attachées. Maintenant, ce n'est plus nécessaire. Nous avons donc pu préserver les mangroves et les femmes travaillent avec moi en partenariat gagnant-gagnant. » 

Qu'est-ce qui vous a attiré vers l’ostréiculture ?
« J’ai suivi un parcours assez particulier. Je suis cuisinier de formation. En 2012, j’ai eu l’opportunité de travailler dans un restaurant en France, à La Tremblade dans le bassin de Marennes-Oléron. C’est une des aires de production ostréicoles parmi les plus importantes de l’Europe. C’est là où j'ai vu l'ostréiculture fait de manière moderne. Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas améliorer la situation dans mon pays ? »

« Il existe un énorme marché au Sénégal. La demande est supérieure à l'offre. Si nous développons l'ostréiculture, les femmes en profiteront davantage. Au Sénégal, 95% des personnes impliquées dans la récolte des huîtres sont des femmes. Cela permettra de nourrir de nombreuses familles. »

Comment est-ce que votre ferme ostréicole a évolué ?
« Voilà cinq ans que « La Cabane Penchée » a été lancée. C'est une entreprise familiale. Ma femme s'oc-cupe de la comptabilité et ma sœur s'occupe des ventes. Je suis le premier sénégalais à mettre en place une ferme ostréicole moderne. Mais ce n’a pas été facile. Il a fallu attendre deux ans pour avoir notre première bonne récolte. Cette année nous espérons faire six tonnes.»

Quel est votre engagement dans le projet FISH4ACP, qui vise à rendre la chaîne de valeur ostréicole sénégalaise plus productive et durable ?
« Depuis l’arrivée de FISH4ACP au Sénégal, j’y ai adhéré pour favoriser le développement d’une ostréiculture moderne. Nous avons créé le réseau national des acteurs de l'ostréiculture moderne, que j'ai l'honneur de diriger. Nous allons former beaucoup de jeunes à l’ostréiculture. Je sais qu'ils seront intéressés, parce que c'est un travail productif, qui peut aussi avoir un grand rendement économique. »

Quels sont vos projets futurs ?
« Le projet du futur, c'est vulgariser le secteur des huitres sénégalaises. De faire des captages modernes, d'avoir aussi d'autres zones de production, comme à Saint-Louis au nord, par exemple. En gros, c'est de pouvoir cultiver des huîtres de qualité au Sénégal avec les méthodes les plus modernes et les plus productives. »