Pas de crise alimentaire, mais la vigilance reste de mise
José Graziano da Silva (à gauche) et Pascal Lamy
©Photo: ©FAO/Giulio Napolitano
13 septembre 2012, Rome - Le Directeur général de la FAO, M. José Graziano da Silva, et son homologue de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Pascal Lamy, ont convenu cette semaine que les cours internationaux actuellement élevés des denrées alimentaires ne signifient pas une crise bien que la vigilance soit de mise face au resserrement du marché.
Lors d'un entretien prolongé au siège de la FAO, à Rome, les deux hommes ont fait observer que le monde est mieux équipé aujourd'hui pour affronter les prix alimentaires élevés que durant la crise de 2007-2008. Une des raisons principales de ce changement est la mise en place, l'an dernier, par le G20 du Système d'information sur les marchés agricoles (plus connu sous son acronyme anglais AMIS), qui renforce la transparence du marché, ainsi que la création du Forum de réaction rapide (RRF - acronyme anglais) destiné à accélérer les réponses des pays en situations de crise.
MM. Graziano da Silva et Lamy ont exhorté les pays à utiliser ces instruments de coordination internationale et à se garder de recourir à des mesures unilatérales telles que les achats dictés par la panique ou les restrictions à l'exportation qui ont souvent pour effet d'aggraver la hausse des prix mondiaux. Ils ont, d'autre part, souligné le rôle du libre-échange pour assurer la sécurité alimentaire, le commerce étant le véhicule qui permet aux approvisionnements alimentaires de satisfaire la demande à travers le monde. Ils ont également insisté sur la nécessité de doter les marchés agricoles de plus de consistance, les prix des produits peu négociés étant parmi les plus volatils.
Mesures non-tarifaires
MM. Graziano da Silva et Lamy ont discuté de l'importance d'harmoniser les mesures non tarifaires appliquées au commerce agricole et alimentaire, en particulier comme un moyen d'améliorer l'accès aux marchés et de renforcer la sécurité alimentaire. Ils sont tombés d'accord sur la nécessité de renforcer les normes mondiales, en particulier le Codex Alimentarius qui fixe les normes internationales de qualité et de salubrité des aliments au profit d'une alimentation sûre et plus nutritive pour les consommateurs du monde entier.
Dans ce domaine, les deux organisations doivent coopérer sur de nombreuses études tout en améliorant l'échange d'informations et de connaissances. Elles doivent également continuer à se concerter sur la capacité des pays en développement à participer efficacement aux travaux des organes de normalisation alimentaire.
Les deux Directeurs généraux ont, par ailleurs, convenu que la mise en œuvre de la Décision de Marrakech est importante pour les pays importateurs nets de produits alimentaires, car elle est un des moyens de faire face aux difficultés rencontrées pour sécuriser les approvisionnements sur le marché mondial à un coût raisonnable.
Indice des prix alimentaires
Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que des craintes d'une crise alimentaire avaient été récemment formulées suite à la hausse de 6 pour cent en juillet dernier de l'indice FAO des prix des produits alimentaires, instrument servant à mesurer les cours mondiaux des aliments de base. L'indice est toutefois resté stable au mois d'août.
Les deux Directeurs généraux ont aussi exprimé leur préoccupation face à l'impact possible des prix élevés sur les pays pauvres et souligné la nécessité de mesures de protection, notamment des filets de sécurité, un soutien à la production agricole locale et un renforcement des marchés régionaux. Dans le même ordre d'idée, ils ont souligné qu'il était important pour la communauté internationale de continuer à soutenir les pays les plus vulnérables, notamment grâce à l'initiative Aid-for-Trade (aide contre commerce) de l'OMC qui, en améliorant les infrastructures agricoles, transforme les opportunités d'accès au marché en de véritables flux commerciaux.
Enfin, les deux hommes ont réaffirmé leur volonté de promouvoir une coopération accrue entre leurs deux organisations.
Christopher Matthews Media Relations (Rome) (+39) 06 570 53762 [email protected]